Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Indépendance: le scénario d'ententes électorales n'est pas mort

«Ce projet va-t-il faire avancer l'indépendance et le mouvement indépendantiste, oui ou non?»
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
franckreporter via Getty Images

Alors que s'annoncent de déchirants débats à Option nationale (ON) concernant une possible absorption par Québec solidaire (QS), il serait temps de s'interroger sur l'essence même de ce qui doit guider un tel projet. Ce projet va-t-il faire avancer l'indépendance et le mouvement indépendantiste, oui ou non? Voilà, s'il ne doit en rester qu'une, la seule question à se poser.

Un projet qui divise

Si on devait juger cette entente sur le consensus qu'elle génère, elle ne passerait pas le test. En effet, ce projet, à Option nationale par exemple, divise profondément instances, officiers et militants du parti.

Les tenants du « oui » à l'entente pensent qu'il s'agit de la meilleure entente possible, qu'ils auront les coudées franches au sein de QS et pourront influencer considérablement les destinées de ce parti voire le phagocyter. Et certains partent du principe que le Parti québécois va s'effondrer en 2018, et, dans leur monde idéal, que QS va le remplacer.

Également, certains ne croient plus dans la possibilité d'avancer avec ON, pour de multiples raisons qui tiennent souvent du découragement ou de problèmes de gestion interne. Je ne m'étendrai pas sur le sujet mais sachez qu'un texte excellent et complet sur le sujet mérite d'être lu, ici.

Les tenants du « non », dont je suis, pensent que QS n'a pas fait ses preuves, sur divers dossiers et avant tout sur l'indépendance. Sur l'immigration et l'identité par exemple, notre comité immigration s'est exprimé dans un texte en deux parties pour dénoncer deux visions incompatibles.

Sur l'indépendance, jusqu'à maintenant, nous constatons qu'il s'est agi surtout d'un vernis cosmétique et que de belles paroles ont été dites mais que personne, comme l'aurait dit Sol Zanetti à une autre époque, n'a encore « mis sa tête sur le billot » sur un projet indépendantiste clair et la gouvernance d'un Québec pays. Et nous ne parlons même pas des événements du printemps passé, notamment le retrait déloyal de QS de l'entente faite aux OUI-Québec. Finalement, nous trouvons que l'entente de fusion en donne très peu à ON, surtout peu de garanties; notamment des garanties dans le temps. Et nous ne voyons pas en quoi cette entente fera avancer l'indépendance. Au contraire, nous pensons qu'elle va diviser durablement.

Choisir QS... ou le vide?

Lors de la récente conférence nationale, réunissant des officiers d'ON, plusieurs indécis ont demandé aux tenants du non quelle était leur alternative entre « choisir l'entente ou le vide ».

Il faut dire ici que les tenants du non n'ont pas eu l'opportunité ni le temps de s'organiser en un groupe d'opposition ordonné, surtout que les instances d'Option nationale n'ont pas favorisé l'organisation correcte de 2 options, pour et contre. Ils ont donc eu moins de temps, moins de ressources et peu de visibilité comparativement à l'entente et ses partisans, qui eux ont bénéficié de tout cela.

Les gens rejetant la fusion ont jusqu'à date fait de leur mieux, comme ils ont pu. Cela étant, plusieurs positions ont été prises par certains partisans du « non » et des propositions ont été formulées dans un document. Ce plan prévoit de relancer durablement le parti et le placer au mieux pour les élections de 2018.

Face à l'urgence, une proposition

J'aimerais toutefois m'arrêter sur une proposition parallèle mais tout à fait compatible avec cette relance, qui est dans l'air depuis longtemps; cela, même si de nombreux collègues la jugent irréaliste, et je ne m'en formalise pas.

Comme s'en vont les choses, voilà ce qui arrivera en 2018: ni le PQ, ni QS, ni bien sûr ON, ne sera au gouvernement.

Comme s'en vont les choses, voilà ce qui arrivera en 2018: ni le PQ, ni QS, ni bien sûr ON, ne sera au gouvernement. Nous aurons un parti fédéraliste au pouvoir, CAQ ou PLQ; voilà la réalité. Le PQ semble s'en aller vers un résultat aussi apocalyptique que celui de 2007 et n'a décidément tiré aucune leçon de ses échecs répétitifs, ce qui est totalement déconcertant. Au mieux pourra-t-il espérer constituer l'opposition officielle mais même là, nous semblons loin de la coupe aux lèvres. QS espère créer une éclatante surprise mais si on redescend sur terre, on sait que le parti de gauche devrait réussir à augmenter ses appuis, probablement aller chercher un ou 2 comtés de plus à Montréal, 3 avec d'excellents résultats.

Pourtant, si nous nous disons tous indépendantistes et que l'indépendance oscille bon an, mal an autour de 40% et transcende donc la partisanerie, c'est donc que cet enjeu en est un central et même au-dessus des autres et que nous devrions y travailler ensemble. Et également pour réformer le mode de scrutin, ce que les fédéralistes ne feront jamais.

Nous devons, avant tout, avoir à cœur les intérêts du Québec et des québécois. Si nous voulons éjecter les libéraux du pouvoir et mettre en marche la machine indépendantiste, nous n'avons aucun autre choix que de travailler ensemble et ce dès 2018. Bien sûr, je ne parle pas de fusionner ni de forcer la main aux autres partis sur tous les enjeux. Mais la seule solution envisageable pour parer à 4 années de plus de gouvernement néfaste, c'est de trouver un terrain d'entente. Il y a deux volets incontournables pour qu'une telle collaboration aboutisse : conclure des ententes électorales ciblées et envisager la possibilité d'un gouvernement de coalition.

La possibilité d'ententes n'est pas morte

Pour ce qui est des élections, un pacte de non-agression localisé est de mise. Les trois partis souverainistes doivent absolument s'entendre pour ne pas se concurrencer dans un certain nombre de circonscriptions, qui sont généralement estimées à trente ou plus. Je pense ici à des comtés comme Charlevoix, Dubuc, Jonquière, Montmorency, Jean-Lesage, Nicolet-Bécancour, Verchères, Rosemont, Hochelaga-Maisonneuve, etc. Plusieurs sondages ont prouvé par le passé que ce scénario serait totalement gagnant pour tout le monde. Il s'agirait, comme cela a déjà été proposé et exposé plusieurs fois, que deux partis se retirent au profit du troisième dans ces comtés et uniquement ceux-là, soit ceux ou la concurrence entre souverainistes fait gagner des fédéralistes. Ainsi, non seulement QS pourrait se voir renforcée la possibilité de gains en se voyant octroyer la candidature dans 5 à 7 circonscriptions, ON verrait se rapprocher une possible entrée au parlement avec une ou deux circonscriptions « réservées », le PQ aurait la chance de s'assurer d'une base solide dans 25 à 30 comtés. Et cela n'empêcherait pas les partis de présenter des candidats dans les autres circonscriptions.

Nous savons que si nous voulons un jour faire l'indépendance, nous n'aurons d'autre choix que de tous travailler ensemble.

Ensuite, les partis devraient s'entendre pour que l'indépendance soit portée comme enjeu électoral et envisager la possibilité d'un gouvernement de coalition (ou un pacte sur certains enjeux, a minima). Séparément, aucun des trois partis ne peut sérieusement envisager un gouvernement. Mais cette possibilité existerait avec une coalition. Il s'agirait de s'entendre sur un socle d'enjeux communs et de garantir que le mode de scrutin serait un scrutin mixte compensatoire aux élections générales suivantes.

Nous savons que si nous voulons un jour faire l'indépendance, nous n'aurons d'autre choix que de tous travailler ensemble, peu importe sous quelle forme. Alors pourquoi ne pas commencer maintenant? Nous sommes de nombreux souverainistes à être fatigués des querelles partisanes et à vouloir que tous mettent de la bonne volonté pour que de vrais changements arrivent. Imaginez l'enthousiasme que pourrait générer une collaboration de tous! Ça commence comme ça.

Nous sommes plusieurs à nous opposer à une fusion d'ON avec QS car nous pensons qu'elle fera reculer le mouvement indépendantiste. Cela ne signifie pas pour autant que nous rejetons la collaboration, au contraire, nous la croyons urgente. Et si demain les membres d'ON refusent de fusionner mais leur tendent la main, les solidaires voudront-ils être de cette collaboration? Le feront-ils si cela implique également de travailler avec le Parti québécois?

Nous l'avons toujours dit à ON, la patrie avant le parti. Québec solidaire et le Parti québécois sauront-ils en faire une valeur et prendre le risque avec nous?

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.