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Quel rôle pour Montréal sur la scène internationale?

Les villes sont l'engin économique du 21ème siècle et une échelle de gouvernement potentiellement plus humaine et démocratique.
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Bien que Montréal se soit récemment engagée dans la voie de la diplomatie internationale et qu'elle se prépare à recevoir le statut de métropole cet automne, la ville gagnerait à intensifier ses efforts sur ce plan en attirant encore plus d'organisations internationales, en publicisant et élargissant ses initiatives et en tissant des liens plus étroits avec les villes américaines et latino-américaines.

Depuis environ 20 ans, de plus en plus d'États, d'organisations internationales et d'organisations de la société civile reconnaissent l'importance des villes en matière d'activité économique, de lutte aux changements climatiques, d'intégration et d'expression des forces sociales et politiques. Pourtant, les administrations nationales et régionales tardent à leur octroyer la même reconnaissance. Dans ce contexte, les villes ont initié leur propre effort diplomatique sur la scène internationale.

Plusieurs villes, dont Montréal, se sont récemment dotées de bureaux ou d'agences qui se dédient exclusivement aux relations internationales. Ces unités s'occupent généralement d'assurer le rayonnement à l'étranger, d'organiser des rencontres internationales, d'accueillir les délégations étrangères et de tisser des liens avec différents acteurs sociaux, économiques et politiques d'ici et d'ailleurs. Elles sont souvent confrontées à des limites de taille, de juridiction et de financement. Malgré ces limites, ces départements peuvent devenir des plateformes importantes pour identifier et partager les meilleures pratiques, façonner et promouvoir la «marque» de la ville, et créer des partenariats fructueux avec d'autres villes et des organisations internationales.

Montréal est déjà membre de plusieurs regroupements internationaux dont Cités et gouvernements locaux unis, et l'Association internationale des maires francophones. Denis Coderre assure présentement la présidence de Métropolis, un forum de première importance pour les grandes villes qui permet d'échanger sur la gouvernance, l'innovation et l'assistance technique. L'engagement du maire tombe à point nommé dans un contexte où les grandes villes sont en voie de constituer un pôle de gouvernance distinct qui viendra s'ajouter aux juridictions régionales, nationales et internationales.

Selon le philosophe Benjamin Barber, auteur d'un ouvrage intitulé Et si les maires gouvernaient le monde?, ce développement est à la fois prévisible et souhaitable. Prévisible dans la mesure où les États n'ont pas été en mesure d'endiguer des menaces comme le terrorisme, les changements climatiques et la pauvreté, et souhaitable parce que les maires sont mieux placés que les chefs d'États pour offrir une gouvernance efficace, pragmatique et non-partisane.

Les États-Unis et surtout l'Amérique latine constituent des partenaires qui recèlent plus de potentiel.

Montréal gagnerait donc à intensifier ses efforts en matière de diplomatie internationale en rejoignant un plus grand nombre de regroupements, y compris C40, un conglomérat de 83 «villes-monde» qui vise à lutter contre le réchauffement climatique et profite du soutien financier de plusieurs fonds importants comme la Fondation Clinton.

Montréal International, une organisation qui vise essentiellement à attirer l'investissement direct étranger à Montréal et qui est principalement constituée de représentants des milieux économiques et financiers, se concentre sur des secteurs d'activité précis comme l'aéronautique, la haute technologie et l'industrie pharmaceutique. Bien que l'organisation s'engage déjà à attirer et retenir des organisations internationales, le bureau des relations internationales de Montréal, créé en 2014, pourrait quant à lui miser sur les forces de la ville en matière d'économie sociale et solidaire et solliciter encore davantage les organisations internationales et ONG à vocation sociale, culturelle, environnementale et politique. Une plus grande implantation de ce type d'organisations contribuerait à attirer et retenir les meilleurs talents des universités montréalaises et de l'étranger. Selon une étude menée par Montréal International, 51% des étudiants étrangers invoquent le manque de perspectives d'emploi comme raison principale de leur départ.

Deuxièmement, le bureau des relations internationales devrait promouvoir ses initiatives et fournir des informations sur les organisations installées à Montréal sur la page web de la ville, à l'image de plusieurs autres métropoles comme Barcelone et Berlin. Une plus grande transparence autour des activités du bureau pourrait aboutir à une consultation plus large des citoyens et de la société civile sur les enjeux globaux à résonnance locale.

Troisièmement, Montréal a jusqu'ici privilégié les liens et surtout les jumelages avec des villes européennes et asiatiques comme Milan, Paris, Shanghai et tout récemment Dublin. Par contre, les États-Unis et surtout l'Amérique latine constituent des partenaires qui recèlent plus de potentiel à moyen et à long terme.

D'un côté, les États-Unis demeurent notre principal partenaire économique, et certaines villes américaines comme Boston et San Francisco présentent des affinités intéressantes avec Montréal, en plus d'avoir une configuration urbaine plus semblable à la nôtre que les villes européennes.

De l'autre, malgré les défis en matière de sécurité et de gouvernance, la plupart des experts s'accordent pour dire que l'Amérique latine présente un fort potentiel de croissance dans les années à venir. Encore une fois, l'essentiel de cette croissance se concentrera dans les grandes villes. À ce titre, Montréal aurait tout intérêt à tisser des liens formels et informels avec des villes comme Monterrey, Medellin, Mexico, Bogota, pour n'en nommer que quelques unes.

Les villes sont en voie de devenir un pôle de gouvernance crédible, légitime et important. Elles peuvent contourner les lourdeurs bureaucratiques des administrations nationales et s'engager à trouver des solutions de manière plus directe et pragmatique. Les villes sont aussi l'engin économique du 21ème siècle, un laboratoire pour la rencontre et l'harmonisation des cultures, la première ligne pour la lutte aux changements climatiques et une échelle de gouvernement potentiellement plus humaine et démocratique. Les autres paliers de gouvernement gagneraient donc à octroyer plus d'autonomie aux métropoles et à faire de Montréal une ville encore plus connectée, cosmopolite et «internationale».

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