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Les nouveaux professionnels du mensonge

Le résultat de leur œuvre collective fait que la qualité de la vie démocratique est minée par une attaque sans précédent contre la notion même de vérité historique.
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Il est une autre catégorie de professionnels du mensonge à laquelle appartient une infime minorité de négationnistes en tous genres.
Kevin Lamarque / Reuters
Il est une autre catégorie de professionnels du mensonge à laquelle appartient une infime minorité de négationnistes en tous genres.

Dans le blogue précédent, j'ai parlé d'un président américain fabulateur, mais il n'est pas le seul atteint par ce mal. Si pour certains il s'agit d'une forme de pathologie, on retrouve aussi des individus manipulés par des États étrangers, certains sont même les créations virtuelles des services secrets russes ou d'autres pays.

Mais il est une autre catégorie de professionnels du mensonge à laquelle appartient une infime minorité de négationnistes en tous genres. Grâce aux réseaux sociaux, qui leur accordent un pouvoir démesuré pour diffuser leurs élucubrations, leur délire fielleux se répand comme un poison pour la société.

Le résultat de leur œuvre collective fait que la qualité de la vie démocratique est minée par une attaque sans précédent contre la notion même de vérité historique. Ces individus se spécialisent dans les théories du complot. Hier, ils disaient que le 11 septembre était une fabrication, l'Holocauste une machination ou encore que l'homme n'a jamais marché sur la Lune. Vous comprendrez que je ne mette pas d'hyperliens pour ne pas donner davantage d'écho à ces délires.

Les médias sociaux réagissent timidement face à ces dérives, mais il faut applaudir leur décision collective de coupler le sifflet à Alex Jones, qui lui prétend que la tragédie de Sandy Hook n'a jamais eu lieu. Face aux familles éplorées, cette théorie est révoltante et ne peut que meurtrir encore plus les parents de ces enfants tués par un détraqué. Par contre, Twitter, au nom du débat public, refusait de museler Jones, mais lui a finalement donné une tape sur les doigts en suspendant son compte pour une semaine! Des familles le poursuivent maintenant en justice, peut-être cela sera-t-il le meilleur moyen de le faire taire.

Les adversaires de la vérité ne désarment pas, au sens figuré comme au sens propre.

Mais, les adversaires de la vérité ne désarment pas, au sens figuré comme au sens propre. Grâce aux métadonnées et algorithmes de plus en plus sophistiqués, ces experts de la manipulation peuvent arriver à faire croire presque n'importe quoi et il est important que la presse traditionnelle se dresse en rempart contre cette désinformation. Leurs manipulations font apparaître les protagonistes du film «Wag the Dog» (mal traduit par Des hommes d'influence) comme des amateurs.

Les nouveaux professionnels du mensonge pensent, contrairement au vieil adage qui dit que «si l'on peut tromper une partie du monde une partie du temps, on ne peut tromper tout le monde tout le temps», qu'avec les nouveaux outils de communications, «on peut tromper tout le monde tout le temps» (pour ne pas dire «trumper» le monde)!

La responsabilité du président Trump

Ce qui inquiète le plus est le lien que le président fait lui-même entre ses supporteurs et les groupes extrémistes, en criant à la censure. Et la démission forcée, ces derniers jours, de l'un de ses rédacteurs de discours ayant des accointances avec des suprématistes blancs montre bien que ceux-ci se sont insinués dans son entourage.

Le candidat Donald Trump s'était évertué à attaquer les médias professionnels avec ses allégations de «Fake News» (fausses nouvelles). Aujourd'hui, le président Trump et beaucoup de ses supporters attaquent vicieusement les médias traditionnels en cherchant constamment à semer le doute quant à leur crédibilité. C'est pourquoi ils portent une responsabilité dans la crise de confiance qui est en train de miner la société américaine et qui déborde jusque chez nous.

En accréditant de telles théories, le président nuit à sa propre stature politique.

M. Trump et ses partisans enveniment le débat public et sapent les fondements mêmes de l'édifice politique américain en répétant ou en utilisant eux-mêmes les théories du complot. Leur cible est le soi-disant «Deep State», ces forces occultes qui, selon eux, dirigeraient le pays malgré la volonté des citoyens et le livrent à ce qu'ils appellent la gauche libérale et toutes ses permissivités (sociales, sexuelles, drogues, etc.). En accréditant de telles théories, le président nuit à sa propre stature politique. Et la mentalité d'assiégé de la Maison-Blanche amène l'administration à attaquer cet «ennemi de l'intérieur» en diminuant les budgets de l'État réel et des agences censées être les repères du Deep State.

Tel un cercle vicieux, ces attaques, de la part de celui qui devrait être le premier garant de la Constitution et des institutions américaines, dont une presse libre devant cependant rendre des comptes, ne peuvent que provoquer des questionnements, de la part des fonctionnaires visés par ces salves provenant du leader de leur propre camp, sur les limites de la loyauté à démontrer envers ce même leader.

J'en traiterai dans le prochain blogue.

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