Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Quand l'ONU mise sur la paix en Syrie

La résolution prévoit notamment un gouvernement de transition dans les six mois, ainsi que des élections dans les 18 mois, sous le contrôle de l'ONU et conformément à la nouvelle Constitution syrienne.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Contre toute attente, le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies a adopté le 18 décembre 2015 à l'unanimité une résolution sur le cessez-le-feu et le processus de transition politique en Syrie.

Cette résolution s'inscrit assurément dans la lignée du processus de Vienne. Elle a été impulsée et validée par 17 délégations à savoir: Les États-Unis, la Russie, la France, le Royaume-Uni, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, Oman, le Liban, la Jordanie, la Chine, l'Égypte, l'Allemagne, l'Iran, l'Irak et l'Italie, ainsi que les Nations Unies, l'Union européenne, l'OCI et la Ligue arabe.

C'est ainsi que la résolution prévoit notamment un gouvernement de transition dans les six mois, ainsi que des élections dans les 18 mois, sous le contrôle de l'ONU et conformément à la nouvelle Constitution syrienne.

La résolution milite aussi pour que des discussions débutent dès le mois de janvier 2016 et coïncident avec un cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire syrien, que l'ONU devra aider à mettre en place et à contrôler.

Dans ce contexte, le ministre russe des Affaires Étrangères Sergueï Lavrov, indique que «les terroristes» ne peuvent pas participer aux négociations sur le sort de la Syrie. L'adoption de la résolution ouvre la possibilité de créer un front antiterroriste uni en Syrie, s'est d'ailleurs félicité Sergueï Lavrov.

Les groupes tels que le Front Al-Nosra n'ont pas leur place à la table des négociations.

De fait, Sergueï Lavrov tient à préciser que le processus de négociations ne doit impliquer que l'opposition patriotique qui n'est pas liée au courant extrémiste et à Daech. Des groupes tels que le Front Al-Nosra n'ont donc pas leur place à la table des négociations.

Pour autant la liste des groupes «terroristes» à exclure du processus de paix, ne semble pas aller de soi à l'aune des différentes listes de «terroristes» déposées par les 17 délégations.

Pour mémoire, on relèvera volontiers la position de l'Iran qui qualifie de «terroristes» tous les groupes armés opposés au régime syrien et estime qu'ils ne peuvent prendre part à un dialogue politique. «Nous soutenons un dialogue intersyrien et, dans ce dialogue national, les groupes terroristes n'ont aucune place», s'empresse d'ajouter Hossein Amir Abdollahian, le ministre des Affaires étrangères de l'Iran.

Le départ de Bachar el-Assad fait débat

On s'y attendait, mais les divergences concernant le départ du président syrien Bachar el-Assad persistent au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies

De fait, les Occidentaux souhaitent son départ, sans dire à quel moment, contrairement à la Russie et l'Iran. Pour le secrétaire d'État américain John Kerry, Bachar el-Assad a toutefois «perdu la capacité et la crédibilité nécessaires pour unir et diriger son pays».

La laïcité, c'est assurément l'identité de la Syrie. Elle est essentielle pour le Proche-Orient

Quant à Laurent Fabius, il estime que le départ du président syrien constitue un préalable avant toute négociation politique sur l'avenir de la Syrie.

Mais sur le terrain cette posture ne tient pas. De fait, les minorités religieuses menacées par l'Islamisme voient dans le régime et son clan alaouite soit des protecteurs soit un pis-aller face à la menace du djihadisme.

Et c'est ainsi qu'on pourrait objecter que ces minorités ne représentent que 30% à peine par rapport à la majorité sunnite, mais c'est oublier que les minorités pèsent bien plus que leur poids démographique, car elles forment une bonne partie des élites politiques, intellectuelles et militaires du pays. Par ailleurs, la laïcité, c'est assurément l'identité de la Syrie. Elle est du reste essentielle pour le Proche-Orient.

«Qu'on le veuille ou non, Assad est une force existante sur le terrain. Il fait partie du problème, mais aussi, bien évidemment, de la solution», confie volontiers Randa Kassis, l'une des figures de l'opposition syrienne.

On le sait, l'Iran continuera à soutenir la Syrie, a affirmé le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian.

«Il appartient aux Syriens de décider»

«Nous soutenons un dialogue intersyrien et, dans ce dialogue national, les groupes terroristes n'ont aucune place», a ajouté Hossein Amir Abdollahian. Chemin faisant il a martelé la position de Téhéran sur le sort du président Assad:

«La candidature de Bachar Assad pour la présidence à la fin de ce processus politique dépend de lui-même et, en fin de compte, il appartient aux Syriens de décider», a déclaré Hossein Amir Abdollahian.

La Russie est la plus avancée dans le dialogue avec l'opposition syrienne

La diplomatie russe a en effet initié à Moscou, en janvier 2015, un dialogue intersyrien entre le régime de Bachar-el-Assad et des opposants non islamistes. L'idée est de substituer à la guerre une solution politique négociée. Ce dialogue s'est d'ailleurs poursuivi avec assiduité à Astana au Kazakhstan sous l'égide du président Nazarbayev.

Dans le même temps, chacun sait que Bachar el-Assad a accepté le principe des élections anticipées législatives et présidentielle, et qu'il n'est plus opposé à un gouvernement de transition, composé de représentants du régime mais aussi de représentants de l'opposition selon un partage confessionnel et communautaire.

Pour l'heure, c'est le choix des représentants de l'opposition qui pose problème. De fait, il y a quatre listes en concurrence celle de Moscou ou d'Astana, celle des États-Unis, celle de l'Égypte et celle de l'Arabie Saoudite en attendant peut-être celle du Qatar...

Le chef de la diplomatie russe a plaidé avec fermeté pour la fermeture de la frontière entre la Syrie et la Turquie.

Enfin, en marge de ces discussions, on soulignera que Sergueï Lavrov a plaidé pour que la frontière entre la Syrie et la Turquie soit fermée immédiatement afin de limiter les soutiens extérieurs avec les différents groupes de djihadistes qui combattent en Syrie.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Scènes de vie en Syrie

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.