Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

ATTENTION: Facebook veut que vous demandiez vos coups d'un soir en amis

J'ai remarqué que la rubrique « personnes que vous connaissez peut-être » était soudain pleine de mecs avec qui j'étais sortis ou que j'avais dragués ces dix dernières années, et que j'avais aussitôt oubliés.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

J'adore Facebook.

Ma page, mélange de journal intime, de soirée apéro et de grandes réflexions philosophiques, est devenue un lieu où mes amis, mes connaissances et même de parfaits inconnus se réunissent pour déconner, flirter, raconter ce qui leur est arrivé et prendre part à des discussions franches et passionnantes sur des sujets aussi divers que le sexe, l'amour, le genre et l'ethnicité.

Ce que j'aime aussi, c'est que je ne sais jamais qui va y participer. Alors, quand je m'ennuie ou que je n'ai pas envie de me mettre au boulot, je regarde la liste des « personnes que vous connaissez peut-être » au cas où je tomberais sur une vieille connaissance ou quelqu'un que j'aimerais bien connaître. Pour la plupart, il s'agit de mecs que je n'ai jamais rencontrés et qui ressemblent à 1. des mannequins ; 2. des stars du porno ; 3. des drag queens ; ou 4. des mannequins qui tournent des pornos drag.

C'était encore le cas hier soir. Et puis tout a changé, et j'ai remarqué que la rubrique « personnes que vous connaissez peut-être » était soudain pleine de mecs avec qui j'étais sortis ou que j'avais dragués ces dix dernières années, et que j'avais aussitôt oubliés (ou que j'avais soigneusement évités) : le type tellement imbu de sa personne que je n'ai pas donné suite après le deuxième rencart, même s'il avait la plus jolie queue que j'aie jamais branlée ; celui qui ne comprenait aucune de mes blagues et qui vivait dans une garçonnière au sous-sol que Freddy Krueger n'aurait pas reniée ; et celui qui m'a carrément mâché la langue pendant qu'on se roulait des pelles (ce qui était particulièrement désagréable).

Au début, j'ai cru que je participais à mon insu à une séquence caméra cachée à deux balles, ou que mon coloc avait versé du PCP dans mon repas, mais quand j'ai parlé de cette galerie des horreurs à d'autres contacts Facebook, je me suis aperçu que je n'étais pas le seul à qui c'était arrivé, et mon mur s'est rapidement couvert de commentaires du genre : « PUTAIN, C'EST QUOI CE BORDEL ?!? », « J'ai cru que je devenais dingue » et « Ouais, j'avais remarqué. Des types que je connaissais par le boulot côtoient maintenant ceux que j'ai mis dans mon lit. Ah, souvenirs, souvenirs... »

Alors il se passe quoi, et comment on fait pour arrêter ça ? C'est bien connu, Facebook n'aime pas parler de ses algorithmes (et le site n'a pas immédiatement répondu à mes demandes d'explication) mais il semble qu'il se serve des contacts de nos téléphones pour nous (re)mettre en contact avec des gens qu'on avait (sciemment) oubliés.

Quelqu'un a écrit sur mon mur qu'il suffisait d'aller sur cette page pour voir les contacts importés et les supprimer. Il a ajouté : « Même si vous n'avez pas synchronisé vos contacts, il suffit que vous ayez indiqué votre numéro sur votre profil Facebook pour que le site fasse un lien avec des gens qui l'ont enregistré sur leur téléphone. Pour éviter ça, il faut que vous l'enleviez. Sachez aussi que votre agenda continuera à être synchronisé et que tous les numéros que vous y ajouterez pourront se retrouver dans cette rubrique. » (Ca ne suffira peut-être pas, parce que certains de mes contact disent que les gens avec qui ils ont discuté sur Grindr et Tinder sans échanger leurs numéros y figurent eux aussi désormais).

Une fois que j'ai arrêté mon numéro d'hystérique, je me suis dit que ce cauchemar pouvait peut-être servir à quelque chose. On révèle tellement de choses sur nous-mêmes, en toutes circonstances, qu'il est toujours utile de réfléchir à la manière dont ces informations peuvent être utilisées par des sociétés commerciales. Et, de manière plus pragmatique, je m'aperçois qu'il faut que je fasse plus souvent le ménage dans mes contacts (ce qui ne m'était pas arrivé depuis des années).

Au-delà de ça, plus j'y pense, plus je me dis que tous ces visages ne m'évoquent pas forcément de mauvais souvenirs et que je ne sais même plus pourquoi j'ai arrêté d'en voir certains. Je ne dis pas que je vais en recontacter quelques-uns (ni tous, d'ailleurs), ni que je fantasme à l'idée de trouver un mari sur les cendres d'un coup d'un soir oublié, mais j'aime assez l'idée d'assumer ces rencontres (mêmes les plus horribles) parce qu'elles ont contribué à faire de moi celui que je suis aujourd'hui. Dans une société obsédée par les plans culs et les orgasmes express, où on est toujours prêt à s'enfuir quand quelque chose nous fait peur ou nous pousse dans nos retranchements, le fait d'être confrontés à nos échecs peut nous aider à mesurer le chemin parcouru.

Ca ne veut pas dire que j'ai forcément envie de retomber sur la belle queue arrogante, sur Freddy Krueger ou sur le mâcheur de langue. Il y a des rencontres qui font partie de mon passé et qui doivent y rester, et il est important de garder ça en mémoire. Mais je vais profiter du coup de pouce de Facebook pour m'assurer que je n'ai pas été trop sévère avec certains de mes ex, et voir s'ils ne méritent pas une seconde chance ou - au minimum - si je ne vais pas les demander en amis.

MISE A JOUR : Un porte-parole de Facebook indique au Huffington Post que le site « n'utilise pas les données de Grindr ou Tinder pour alimenter la rubrique des 'personnes que vous connaissez peut-être'. »

De son côté, un porte-parole de Grindr nous écrit : « Grindr prend très au sérieux l'anonymat de ses utilisateurs et ne partage pas ses données avec Facebook. Nous offrons cependant à nos utilisateurs la possibilité d'afficher, s'ils le souhaitent, un lien vers leur page Facebook, mais Facebook ne peut pas le voir. »

Ce blog, publié à l'origine sur Le Huffington Post (Etats-Unis), a été traduit de l'anglais par Bamiyan Shiff pour Fast for Word.

Donner ses codes de carte bleue

Les 10 erreurs à ne pas commettre sur les réseaux sociaux

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.