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S'attaquer au fardeau fiscal et environnemental pour les générations futures

L'État que nos grands-parents et nos parents ont construit sur les bases de leur poids démographique n'est plus soutenable aujourd'hui.
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D'entrée de jeux, je concède volontiers avoir un léger biais sur la question. En effet, la notion d'équité intergénérationnelle a été enchâssée aux valeurs du Parti libéral du Québec à l'instigation des Jeunes libéraux. Il s'agit donc d'une des préoccupations les plus importantes de notre mouvement politique.

De mon point de vue, sur le plan de l'équité intergénérationnelle, le Québec fait face à deux défis d'envergure. D'abord, celui du fardeau fiscal sans cesse croissant des contribuables et ensuite, celui du fardeau environnemental.

En ce qui a trait à la fiscalité, vous me permettrez d'utiliser une image quelque peu grossière pour imager la situation actuelle. En fait, c'est un peu comme si nos parents et grands-parents étaient arrivés au bar vers 19h30 et avaient commencé à boire. Nous les avons rejoints vers 22h30 et une fois venu le temps de payer, ils sont partis, nous laissant une facture dont le solde est trop imposant pour notre carte de crédit.

À n'en point douter, au cours des dernières décennies, les gouvernements successifs ont permis aux Québécois de s'épanouir. Nos programmes sociaux ont beaucoup aidé à notre développement. Seulement voilà, selon la plupart des estimations, il y avait près de huit travailleurs pour un retraité dans les années 1970 alors qu'en 2030, cette proportion passerait à deux travailleurs pour un retraité. L'État que nos grands-parents et nos parents ont construit sur les bases de leur poids démographique n'est plus soutenable aujourd'hui, et comme ces bâtisseurs prendront leur retraite bientôt, nous devrons assumer le poids de cet État et de sa dette.

C'est notamment pour cela que nos dirigeants doivent prioriser l'équité intergénérationnelle lorsque vient le temps de prendre des décisions.

Heureusement, plusieurs acteurs politiques y pensent. Ce fut notamment le cas de Jean Charest et de son gouvernement lorsque ceux-ci ont mis sur pied le Fonds des générations en 2006. Un fonds qui sert exclusivement au remboursement de la dette afin de réduire le fardeau fiscal des Québécois et qui - doit-on le rappeler- est une idée qui émanait directement de la Commission Jeunesse du PLQ. À l'heure actuelle, le gouvernement de M. Couillard semble également tenir compte de l'équité intergénérationnelle dans ses choix politiques. En témoigne sa volonté affirmée de léguer aux générations futures une société financièrement viable dont la liberté de choix ne sera plus écrasée par le poids de sa dette.

Toujours dans l'optique de l'équité intergénérationnelle, le second fardeau d'une importance incontournable m'apparait être celui de l'environnement. Bien entendu, le sujet de l'heure est celui de la décision qu'a prise Transcanada de suspendre ses travaux à Cacouna à la suite de la publication d'un rapport portant sur la situation des bélugas. Il faut cependant être prudent et ne pas s'enfermer dans une logique dichotomique opposant le développement et l'exploitation de nos ressources naturelles au respect de notre environnement. Si nous prenons le temps de bien faire les choses, le développement de ressources naturelles n'est pas incompatible avec le respect et la préservation de l'environnement. Au contraire, il est même possible d'allier le développement et l'exploitation de nos ressources naturelles et la préservation de l'environnement de manière à ce que l'ensemble de la collectivité en tire profit. C'est d'ailleurs pour cela que l'instauration d'une bourse du carbone est d'une importance névralgique. Cet échange de quantités d'émissions de carbone permettrait non seulement d'établir un seuil maximum d'émissions, mais aussi de favoriser le respect dudit seuil et la diminution des émissions par l'entremise d'un incitatif financier pénalisant les pollueurs excessifs. À moins de s'enfermer dans un dogmatisme aveugle, force est d'admettre que l'on peut à la fois préserver l'environnement et faire des profits. Avec des projets d'envergure comme le Plan Nord et la Stratégie maritime, le temps de l'attente est révolu, le Québec doit se doter d'une bourse du carbone efficace.

En rétrospective, la question de l'équité intergénérationnelle en est une qui se doit de transcender les idéologies politiques et les joutes partisanes. Le fardeau fiscal et l'environnement sont au nombre des défis que devra relever le Québec dès aujourd'hui, afin de mieux préparer demain. Pour cela, il faut cesser de s'enfermer dans une logique gauche-droite qui nous condamne à l'hémiplégie. Que l'on soit de gauche, de droite, du centre, d'en bas ou d'en haut, l'inversement de la pyramide sociale que provoquera incessamment la démographie québécoise est un fait avéré.

Au lieu de polariser l'opinion publique en opposant les mieux nantis aux moins nantis, il faut réaffirmer que la véritable égalité des chances ne doit pas s'opérer par le retrait des avantages des plus fortunés, mais par la diminution optimale des désavantages des plus infortunés. Cela passe évidemment par la construction d'un État qui a les moyens de sa solidarité. Il est donc temps que le Québec se lève et affirme haut et fort que son avenir passe par le redressement de ses finances publiques et la relance de son économie, le tout dans une perspective d'accroissement de l'équité intergénérationnelle.

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Avril 2018

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