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Pour que le Québec vive sainement son identité, il faut lui donner sa pleine indépendance politique. Procéder à l'envers, c'est-à-dire cultiver d'abord une identité nationale-provinciale sans proposer concrètement l'indépendance, c'est inscrire à même cette identité tous les complexes et tout le malaise inhérents à la condition provinciale.
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Un sondage publié lundi matin montre, comme d'autres avant lui, l'indépendantisme en perte de vitesse chez les jeunes Québécois. Quel que soit le niveau de fiabilité de ce sondage, les données qu'il présente n'ont rien d'étonnant, qu'on connaisse le terrain ou qu'on prenne simplement acte de la perte de sens et de la crise de leadership qui affligent le mouvement indépendantiste depuis fort longtemps.

Depuis maintenant une génération, le Parti québécois évacue le discours indépendantiste au profit d'un vague souverainisme de gouvernance provinciale qui sape la pertinence et la cohérence de notre mouvement. Cette absence d'engagement clair s'accompagne, bien évidemment, de l'absence de leaders forts et crédibles, en position de coaliser diverses tendances autour d'un objectif indépendantiste clair.

Si l'arrivée de Québec solidaire a permis l'émergence de leaders de gauche, le discours de ces derniers n'a pas sorti l'indépendantisme de la confusion dans laquelle il baigne, gracieuseté du souverainisme péquiste. QS se dit indépendantiste, mais sa démarche est essentiellement celle d'un parti de gauche. C'est à l'enseigne de son projet social que ce parti mène ses combats, l'indépendance n'y étant qu'un accessoire, un supplément d'âme à une liste d'épicerie politique très précise.

Bref, quand les Québécois pensent au Parti québécois, ils pensent à une façon de gouverner le Québec - qui est loin de faire l'unanimité, il va sans dire. Quand ils pensent à Québec solidaire, ils pensent à une alternative de gauche. À travers tout cela, le souverainisme est bien souvent un artéfact, une abstraction, une marotte d'une autre époque.

La cerise sur ce mauvais sundae, c'est le gâchis de la fameuse stratégie péquiste dite "identitaire", produit malheureux de la rencontre d'une idée noble et d'une erreur grossière. S'il est vrai que la conscience nationale et l'identité sont des éléments essentiels de l'indépendantisme, il est dramatiquement erroné de croire que le repli dans le nationalisme provincial puisse mener à autre chose que davantage de provincialisme. On peut et on doit, certes, parler de nation en parlant d'indépendance; mais on ennuiera copieusement les jeunes, justement, en leur proposant des gadgets identitaires provinciaux pendant qu'eux rêvent d'universel. Ils sont jeunes. Or, c'est en vieillissant qu'on approfondit ses racines, qu'on les découvre, qu'on les apprivoise, qu'on en saisit toute la portée.

Pour que le Québec vive sainement son identité, il faut lui donner sa pleine indépendance politique. Procéder à l'envers, c'est-à-dire cultiver d'abord une identité nationale-provinciale sans proposer concrètement l'indépendance, c'est inscrire à même cette identité tous les complexes et tout le malaise inhérents à la condition provinciale; à l'aulne du nationalisme défensif provincial, bien tristement, tout ce qui appelle à l'identité québécoise devient synonyme de repli.

Ceux qui, comme moi, ont pris part à l'aventure d'Option nationale, savent à quel point les jeunes sont intéressés, et même avides, lorsqu'on leur présente l'indépendance pour ce qu'elle est vraiment: un geste d'épanouissement et de progrès, une porte qui s'ouvre sur le monde et sur l'avenir. En ce sens, ON représente le début, ou le renouveau, de quelque chose d'essentiel. Bien évidemment, le départ de Jean-Martin Aussant aura, au moins provisoirement, altéré les perspectives électorales d'ON. Toutefois, ce que nous avons semé depuis fin 2011, nous devons continuer de le cultiver sans relâche par tous les moyens démocratiques possibles et imaginables.

Imaginons. Agissons.

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