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Les agriculteurs chinois à l'assaut de la Sibérie orientale

La Chine a loué 150 000 hectares de terres arables, l'équivalent de la superficie de Hong Kong, dans la région de Transbaïkalie. Au grand dam d'une partie de la population locale.
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La Chine a loué 150 000 hectares de terres arables, l'équivalent de la superficie de Hong Kong, dans la région de Transbaïkalie.

Konstantin Ilkovsky, gouverneur de la région russe de Transbaïkalie, a annoncé lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg la signature d'un mémorandum avec l'entreprise chinoise Zoje Ressources Investissements sur un projet agro-industriel conjoint dans le cadre duquel la région louera 150 000 hectares pendant 49 ans à la Chine, qui investira 2 milliards de yuans (400 millions de dollars canadiens) dans le projet. «Nous apportons la terre, ils apportent l'argent», a-t-il expliqué avant de conclure: «ce contrat s'inscrit dans la politique d'autosuffisance alimentaire décidée par le gouvernement et permettra de créer des emplois dans une région particulièrement déshéritée».

Nicolas Pankov, président de la commission de la Douma pour les questions agricoles, se félicite également du contrat: «Aujourd'hui plus de 40% des terres russes sont en friche et le fait qu'un autre état loue un espace aussi grand dans une région où les terres ne sont pas cultivées ne me pose aucun problème», commente le député après avoir cependant souligné que «les agriculteurs chinois ne devaient bénéficier d'aucune exonération d'impôt, présenter un programme susceptible d'attirer les cultivateurs locaux et de créer de l'emploi; enfin ils doivent s'engager à respecter les mêmes règles que les agriculteurs russes afin que l'agriculture russe demeure une agriculture sans OGM».

Après le passage des Chinois: le désert!

Le projet a provoqué une levée de boucliers, y compris parmi les thuriféraires du régime qui ont reproché au gouvernement de «vendre la Russie».

La site web Spoutnik, qui est en quelque sorte «la voix de son maître», rappelle que partout ou sont passés les Chinois, ils ont laissés des terres autrefois fertiles dans un état tellement lamentable que même les mauvaises herbes ne poussent plus: «En Chine, trois millions d'hectares de terres arables sont devenues inaptes à la culture à cause de l'utilisation excessive de pesticides», peut-on lire sur le site.

Le gouverneur de l'enclave du Birobidjan, Alexandre Livental, partage cette opinion: «Les Chinois cultivent exclusivement le soja qu'ils exportent dans leur pays. Or, cette culture, au bout de deux ou trois ans détruit la terre».

Ils veulent vendre notre patrie!

Nicolas Alféiëv, député communiste et vice-président de la commission de la Douma pour la politique agricole et le développement, va encore plus loin. Dans une interview à l'agence de presse de Saint-Pétersbourg, Rosbalt, il explique qu'il y a probablement anguille sous roche et que l'administration de la Transbaïkalie a très certainement reçu une grosse enveloppe pour donner son accord à ce contrat. «Ce projet n'apporte rien de positif à la Russie... Jugez par vous-même: un bail de 49 ans, un coût de la location ridiculement bas, (250 roubles par hectare, ce qui est inférieur au prix de location d'un lopin de terre pour construire une datcha)! Ils se disent patriotes et se préparent à brader leur patrie...»

Igor Lebedev, membre du Parti libéral-démocrate, va encore plus loin. Dans un article publié sur le site Flash Siberia, il écrit qu'un afflux massif de chinois pourrait réveiller des tendances séparatistes pouvant à terme amener l'annexion de toute la Transbaïkalie par Pékin.

Quant aux Bouriates, ethnie majoritaire dans la région, ils organisent des manifestations massives contre le projet de l'administration. Lors d'un entretien avec le journaliste Sergueï Taranenko, qui les a rencontrés sur place, ils ont exprimé leurs inquiétudes: «Les Chinois, c'est le mal absolu, on n'a qu'à voir comme ils ont laissé la terre dans la région de Novossibirsk. Par ailleurs, ils n'observent aucun règlement sanitaire. Enfin, ils font venir leurs concitoyens qui vivent en ghetto et se livrent à tous les trafics», ont-ils déclarés avant de conclure: «c'est la terre de nos ancêtres et nous sommes décidés à la défendre contre les envahisseurs, même si ces derniers ont la bénédiction du Kremlin et de l'administration locale».

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