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L'État islamique: où, quand et comment?

L'EI est bien accueilli par la plupart des rebelles syriens qui voient en sa présence l'opportunité d'avoir accès à une excellente formation militaire et de meilleurs équipements.
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L'État islamique d'Irak fait la une de nos journaux. Il sème la curiosité des populations, particulièrement celle des sociétés occidentales. Mais l'État islamique, qu'est-ce que c'est ? Quand est né le mouvement ? Comment le groupe a-t-il pris une telle ampleur ? Qui le dirige? De quoi vit-il ? Quels sont ses objectifs ? Voici quelques réponses à ces interrogations.

Chronologie et origines de la fondation de l'État islamique d'Irak

Tout d'abord, le précurseur de l'État islamique d'Irak est un djihadiste jordanien du nom d'Abu Mu'sab az-Zarqawi. En 1999, il fonde son premier camp d'entrainement en Afghanistan qui est alors indépendant de l'association Al-Qaïda, organisation avec laquelle il ne partage pas les mêmes aspirations. L'offensive américaine d'octobre 2001 le pousse à se réfugier au Kurdistan irakien où il rallie ses hommes au groupement sunnite proche d'Al-Qaïda : Al-Islam. Au cours de l'invasion américaine de 2003, le mouvement prend progressivement de l'importance et se proclame officiellement en tant que branche irakienne d'Al-Qaeda. En janvier 2006, le groupe de Zarqawi intègre le conseil consultatif des moudjahidines d'Irak(1). L'Irakien Abou Bakr Al-Baghdadi en prend le commandement (aujourd'hui leader de l'État islamique, l'Irakien Abou Bakr al-Baghdadi est originaire de l'est de l'Irak et est docteur en sciences islamiques de l'Université islamique de Bagdad(2). La coalition s'élargit avec l'ajout d'une trentaine de tribus irakiennes plutôt mécontentes de leur perte de pouvoir due à l'oppression des nouveaux dirigeants chiites et des forces américaines (3). S'en suit le ralliement de nouvelles factions djihadistes à travers tout le pays. En octobre 2006, le conseil consultatif des moudjahidines d'Irak prend officiellement le nom d'État islamique. À l'époque, le but de l'organisation est «d'irakiser» le djihad contre l'occupation américaine et d'effectuer des attentats contre les quartiers chiites de Bagdad. Face à ces initiatives, le mouvement de la «sahwa» combat l'État islamique. Celui-ci est composé essentiellement d'anciens insurgés sunnites ayant participé à la création du nouveau gouvernement chiite de Nouri Al-Maliki, suite à la chute du régime Hussein. L'organisation se voit dissoute face au refus du gouvernement d'intégrer les membres du mouvement au sein des forces nationales de sécurité. Les militants de la « sahwa » sont évincés du gouvernement de Bagdad et décident de combattre aux côtés de l'État islamique.

Vers 2011, l'EI envoie une partie de ses troupes soutenir les rebelles syriens. Cette alliance forme alors le front de rébellions Jahbat al-Nusra (4). À première vue, l'EI est bien accueilli par la plupart des rebelles syriens qui voient en sa présence l'opportunité d'avoir accès à une excellente formation militaire et de meilleurs équipements. Cependant, les atrocités que les membres de l'EI commettent fréquemment (enlèvements, exécutions de civils, etc..) poussent les rebelles syriens à se détacher de cette organisation et progressivement à s'autogérer (5). En définitive, la majorité d'entre eux retournent les armes contre l'EI pour lui livrer une guerre farouche. En avril 2013, al-Baghdadi supprime les deux appellations : État islamique d'Irak et Jahbat al-Nusra pour former l'État islamique en Irak et au Levant. Abu Muhammad al-Julani, chef du front Jahbat al-Nusra, désapprouve la fusion des deux groupes. C'est alors la scission des membres en deux groupes distincts. Ceux qui veulent joindre l'EI et ceux qui veulent rester sous le commandement d'al-Julani (6).

Quels sont les objectifs de l'État islamique d'Irak ?

Le premier objectif est de reprendre possession de l'Irak et de rétablir la place de la population sunnite occupée injustement par la population chiite selon l'EI. On vise la chute du régime al-Maliki et un profond rééquilibrage des forces en faveur de la population sunnite.

Le deuxième objectif est la mise en œuvre d'un califat regroupant le cumul des territoires irakiens, syriens, jordaniens, etc. et d'autres territoires de l'Asie et du sud de l'Europe. On aspire, rien de moins, qu'à recréer l'empire ancestral, aux limites géographiques du dernier califat. L'apport religieux de cette conquête pourrait s'accompagner de la prise de contrôle de la Mecque et de Médine et du statut prestigieux de gardiens des lieux saints.

Le troisième objectif est d'instaurer sur les territoires de l'EI un véritable État islamique totalement gouverné par la charia. C'est le projet de constitution d'un nouvel État dirigé par la communauté sunnite dans lequel les chiites n'auront pas d'autre place que de subir un dur châtiment (7).

Comment l'EI se finance-t-il ?

L'EI dispose d'un revenu annuel recueilli sous la forme d'impôts. Cette source de revenus provient des zones irakiennes soumises à son autorité. L'association est aussi soutenue financièrement par quelques riches populations tribales (8). En troisième lieu, le pillage des territoires conquis, l'argent des rançons versées pour libérer les otages et le financement assuré par des particuliers du Golfe (notamment au Koweït) l'ont considérablement enrichi. Finalement, le groupe recourt aussi à l'exploitation de puits de pétrole qui sert à faire de la contrebande passant par la frontière turque (9).

Quelle est la stratégie de communication de l'EI ?

La propagande de l'EI s'effectue principalement par l'entremise des réseaux sociaux, particulièrement YouTube et Twitter. On diffuse sur ces sites des images et des vidéos très violentes, parfois retouchées, qui sont destinées à frapper les esprits et les consciences, dans l'objectif de recruter de nouveaux partisans ou tout simplement pour semer l'inquiétude et la peur. On y observe des scènes de décapitation, de lapidation ou encore de torture. Prenons l'exemple de la vidéo de l'exécution du journaliste américain James Foley par un militant de l'État islamique (10). L'EI, via internet, publie aussi son propre magazine : «Dabiq». Le numéro le plus récent est intitulé «les croisades ratées». Effectivement, il lance directement l'appel à la revanche des croisés (11). Constat : la diffusion de la propagande permet à l'EI de répandre une image très spécifique d'elle-même, de ses objectifs et de ses avancées (12).

Camilla Thiffault

Étudiante, Collège Jean-de-Brébeuf

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