À la suite de cette attaque se pose une question de taille : qui assurera la continuité du journal ? Car il faut que le journal continue d'être publié. Je propose qu'une équipe de journalistes volontaires et bénévoles travaillent à la publication du prochain numéro de Charlie, qui sortira la semaine prochaine. Ce sera notre meilleure réponse à ces fous.
Avec cet attentat, je revis l'horreur de 1996. Le quotidien pour lequel je travaillais, le Soir d'Algérie, fut attaqué et détruit, son siège n'était plus et trois journalistes furent tués. Malgré cela, nous décidions de faire paraître le numéro suivant coûte que coûte. El Watan nous avait hébergés, et le numéro paraissait 2 jours après. Nous avions démontré que les terroristes avaient tué des hommes, des journalistes, mais pas leurs idées, encore moins leur journal, ni leurs âmes, ni leurs lecteurs.
Nous devons dire aux terroristes aujourd'hui qu'ils n'ont pas tué cette pensée républicaine à la fois antiraciste et virulente contre les religions. Charlie Hebdo apporte cette nuance: on peut être de gauche, se battre contre le racisme et se moquer de la religion sans crainte.
Nous devons leur dire aussi que les personnes viscéralement attachées à la liberté de la presse le sont dix fois plus que les terroristes n'aiment Allah. Qu'ils comprennent que toutes les menaces, tous les attentats, toutes les violences contre la liberté de la presse sont vaines. Nous continuerons toujours à écrire, à dessiner, et à rire.
Ils ont tué deux de mes plus chers amis. Je ne leur pardonnerai jamais. Mais ils ne tueront jamais leur essence.
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