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Le gouvernement québécois devrait libéraliser la vente de cannabis

Le gouvernement croit-il réellement être en mesure de contrer le marché noir avec 20 succursales?
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Le gouvernement de la CAQ a promis aux Québécois de se concentrer sur la santé et l'économie. S'il désire maintenant passer des promesses aux actions, qu'il libéralise la vente du cannabis.
Ryan Remiorz/The Canadian Press via AP
Le gouvernement de la CAQ a promis aux Québécois de se concentrer sur la santé et l'économie. S'il désire maintenant passer des promesses aux actions, qu'il libéralise la vente du cannabis.

Entre files d'attente interminables et ruptures de stock, la légalisation du cannabis récréatif le 17 octobre dernier a marqué l'histoire. Nous sommes ainsi devenus le premier pays du G20 à le légaliser. Des dizaines, voire des centaines de médias internationaux ont couvert ce moment haut en couleur. Pour les consommateurs québécois, c'est une tout autre histoire.

Tandis que plusieurs autres provinces comme l'Alberta, la Colombie-Britannique et la Saskatchewan permettent aux entreprises privées d'opérer légalement et de vendre elles-mêmes leurs produits, le gouvernement précédent du Québec a décidé d'octroyer à la Société québécoise du cannabis (SQDC) un monopole d'État. Après tout, pourquoi se fier à la théorie économique quand on peut faire différent au Québec!

Quand monopole d'État rime avec inefficacité et pénurie

Il existe pourtant un principe simple en économie. Lorsque l'offre d'un produit ne comble pas la demande, on dit qu'il y a pénurie. Dans un marché libre aux prises avec cette situation de rareté, les prix s'ajustent à la hausse, ce qui réduit la quantité demandée du produit. Ainsi, l'équilibre entre les quantités offertes et demandées est rétabli. Toutefois, au Québec, la situation est différente.

Puisque nous ne jouissons pas d'un marché libre et que la SQDC détient le monopole de la vente, la pénurie actuelle vise uniquement le cannabis légal. La SQDC sait très bien qu'elle ne peut augmenter ses prix. Autrement, le marché noir accaparerait l'ensemble de la demande, une autre preuve que la concurrence est bénéfique pour les consommateurs, en exerçant une pression à la baisse sur les prix.

Ainsi, les individus voulant s'approvisionner en cannabis se retrouvent devant une situation délicate. Leur seul moyen de consommer le produit est de l'acheter sur le marché noir, étant donné l'incapacité du monopole à leur fournir le produit.

Le marché noir est extrêmement flexible et sait s'adapter très rapidement, ce qui n'est pas le cas pour un monopole d'État comme la SQDC.

Il suffit d'aller consulter le nombre de produits en rupture de stock sur le site web de la SQDC ou de passer en succursale pour voir à quel point une telle structure aussi centralisée ne saura concurrencer le marché noir. Déjà, quelques jours avant la légalisation, des journalistes mentionnaient que les prix sur le marché noir avaient drastiquement chuté. Le marché noir est extrêmement flexible et sait s'adapter très rapidement, ce qui n'est pas le cas pour un monopole d'État comme la SQDC.

Avec la CSN qui tente de syndiquer la totalité du réseau de succursales, tout porte à croire que cette société d'État aura encore plus de misère à s'adapter aux prix du marché.

Le gouvernement croit-il réellement être en mesure de contrer le marché noir avec 20 succursales?

Alors que l'Alberta compte deux fois moins d'habitants que le Québec, c'est plus de 250 magasins privés qui seront ouverts cette année. Au Québec, la SQDC en ouvrira moins de 20. Le gouvernement croit-il réellement être en mesure de contrer le marché noir avec 20 succursales?

L'État québécois: le seul «pusher» au monde qui perdra possiblement de l'argent

Avec des coûts énormes anticipés d'opérations de la SQDC, de la prévention, des comités consultatifs et de la bureaucratie, je ne serais pas surpris de voir l'État perdre de l'argent avec ce projet.

Si le gouvernement avait réellement voulu être cohérent économiquement tout en protégeant la santé des consommateurs québécois, il aurait permis aux entreprises privées de vendre les produits elles-mêmes.

Si le gouvernement avait réellement voulu être cohérent économiquement tout en protégeant la santé des consommateurs québécois, il aurait permis aux entreprises privées de vendre les produits elles-mêmes. Pour l'instant, les Québécois continueront à s'approvisionner dans un marché noir où la qualité est peu contrôlée et où aucune taxe n'est perçue.

Québec aurait bien pu forcer les entreprises à respecter certaines normes de qualité et de production, comme c'est le cas pour beaucoup de produits sur nos tablettes. Pourquoi les restaurants, magasins de vêtements, pharmacies et bars sont-ils en mesure de nous offrir des produits de qualité, mais que les entreprises privées du secteur du cannabis ne le seraient pas?

Pensez à l'Alberta. Plus de 250 succursales privées cette année verseront des taxes au gouvernement. Ici, ce sera un monopole qui ne sera pas en mesure de combler la demande et qui sera plausiblement déficitaire dû, entre autres, aux prix plafonds imposés indirectement par la concurrence du marché noir.

Le gouvernement de la CAQ a promis aux Québécois de se concentrer sur la santé et l'économie. S'il désire maintenant passer des promesses aux actions, qu'il libéralise la vente du cannabis.

Les produits seront de meilleure qualité et le marché noir tombera. Pour le moment, c'est David contre Goliath. L'État québécois se fera écraser par le marché noir, aux frais de tous les contribuables.

Le cannabis devient légal, en images:

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