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Un projet de loi humainement inacceptable

Le projet de loi 70, dans sa forme actuelle, fait fi des droits internationalement reconnus qui interdisent la discrimination et affirment l'égalité de tous les citoyens.
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Comme nouveau ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, nous vous interpellons. Nous sommes un groupe qui réfléchit depuis trois ans sur les préjugés envers les personnes en situation de pauvreté au Québec.

Les préjugés contre ces personnes, particulièrement contre les prestataires d'aide sociale, foisonnent dans notre société. Ils influencent même les décisions des gouvernements, comme c'est le cas actuellement avec le projet de loi 70.

Mais qu'est-ce qu'un préjugé? Quels sont ses effets sur les personnes ciblées?

Un préjugé est une attitude négative ou défavorable envers certains individus, membres d'un groupe donné, basé sur des généralisations abusives. Il renforce l'estime de soi de celui qui l'émet et le fait se sentir supérieur aux personnes visées. Une personne ciblée par un préjugé en souffre: elle vit un sentiment d'injustice, se sent rejetée et honteuse de sa condition sociale. Elle perd l'estime d'elle-même et finit par s'auto-exclure d'une société qui se prive alors de la richesse qu'elle aurait pu apporter comme citoyenne à part entière.

Les préjugés s'attaquent ainsi aux droits fondamentaux des personnes visées, tel le droit à un niveau de vie suffisant, à des mesures d'assistance financière, ou à des conditions de travail justes et raisonnables. Ces droits sont formulés, notamment, dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme; le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels; et la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Ces documents interdisent la discrimination et affirment l'égalité de tous les citoyens.

Le projet de loi 70, dans sa forme actuelle, fait fi de ces droits internationalement reconnus. S'il est adopté, il obligerait les nouvelles personnes à l'aide sociale, dites aptes à l'emploi, peu importe leur âge, à accepter tout emploi qui leur est offert.

Par cette obligation, le gouvernement sous-entend que ces personnes sont paresseuses, dépendantes, profiteuses du système, et qu'elles ne veulent pas s'en sortir.

C'est sur la base de ces préjugés que, sous la menace de couper une partie importante de leur prestation, elles devront accepter cet emploi, même si les conditions de salaire ou de travail sont inadéquates.

Il est pourtant clairement écrit dans le préambule de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, adoptée en 2002, que «les personnes en situation de pauvreté sont les premières à agir pour transformer leur situation [...]». La répression résultant du projet de loi 70 causerait à celles-ci un énorme stress, entraînerait de sérieux dégâts sur leur santé mentale et physique, et les enfermerait dans un silence humiliant et culpabilisant.

À nos yeux, il va de soi que les mesures coercitives associées à ce projet de loi sont inacceptables. Celui-ci est discriminatoire, entretient des préjugés déjà profondément ancrés dans la population, et s'avère destructeur de vies humaines.

Micheline Bélisle, Johanne Gagnon, Patrick Tremblay, Catherine Bach, Maryline Côté, Mélanie Labrie, Marie-Lyne Bouchard, et Gilles Tremblay, membres du Carrefour des savoirs sur la lutte aux préjugés, Collectif pour un Québec sans pauvreté.

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