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Campagne électorale: encore, encore et encore

La campagne électorale est peut-être ennuyante et répétitive, mais elle est aussi le «moins mauvais moyen» pour offrir à la population un gouvernement représentatif.
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Lorsque comme nous, on a plusieurs décennies d'observation de la politique derrière la cravate, un certain sentiment de résignation nous envahit.
The Canadian Press
Lorsque comme nous, on a plusieurs décennies d'observation de la politique derrière la cravate, un certain sentiment de résignation nous envahit.

Depuis plusieurs jours, la campagne électorale bat son plein au Québec. La surenchère des promesses et des engagements est bien amorcée. Les candidatures dites vedettes ont presque toutes été annoncées, non sans quelques difficultés ici et là. Les chefs se promènent en autobus nolisé et patrouillent le Québec, surtout là où ils escomptent faire des percées. Bref, le rituel habituel est en marche.

Lorsque comme nous, on a plusieurs décennies d'observation de la politique derrière la cravate, un certain sentiment de résignation nous envahit. «Pas encore cela», nous disons-nous, «c'est toujours la même chose»... Bien sûr, les bouilles des chefs et des candidats changent. Des vieux s'en vont. Des jeunes arrivent. Chose heureuse, les femmes sont maintenant plus nombreuses à entrer dans la joute politique. Mais finalement, c'est toujours la même chose.

Comment se fait-il que cette campagne de 2018 ne soit pas si différente, disons, de la dernière campagne de Maurice Duplessis en 1956? Mis à part les technologies de l'information et les inutiles nouvelles en continu, on dirait que rien n'a changé. On accroche des pancartes aux poteaux électriques ou aux lampadaires, on fait du pointage pour savoir si vous penchez un peu par-ci ou un peu par-là, on nous lance des sondages dans les médias et les sondages, le ridicule ne tuant plus personne, deviennent de la nouvelle. Les candidats font du porte-à-porte, toujours escortés par un assistant. Les débats des chefs se préparent, tout comme ceux des candidats dans certains comtés.

Si vous percevez un peu de nouveauté dans la présente campagne, nous vous saurons gré de nous en informer.

En somme, on refait l'exercice d'élire des députés et de choisir un gouvernement toujours de la même façon, campagne après campagne. Si vous percevez un peu de nouveauté dans la présente campagne, nous vous saurons gré de nous en informer. En effet, campagne après campagne, c'est comme si on avait remisé l'imagination au vestiaire.

Faire autrement?

Serait-il possible de désigner nos députés autrement? Est-il même pensable de vouloir réformer les scrutins? C'est probablement impossible sans remettre en cause notre système et nos modes démocratiques. Déjà, et depuis un bon moment, des partis politiques réclament le scrutin proportionnel pour que notre parlement reflète mieux la composition diverse de la population. Mais ceux ou celles qui réclament ce type de scrutin ne répondent jamais à la question de la stabilité et de l'efficacité d'un parlement et d'un gouvernement durant un mandat.

Le fait, pour chaque citoyen et citoyenne, de voter pour envoyer un député nous représenter au parlement est la base même de la démocratie.

On a vu, lorsque le Parti québécois a fait entrer sept députés à l'Assemblée nationale en avril 1970, à quel point une petite poignée de députés peut paralyser le processus législatif. On a revu ce phénomène plus récemment avec Mario Dumont et un peu plus tard, avec l'arrivée de Québec solidaire. Cela dit, la représentativité en politique est un exercice délicat et périlleux. Le fait, pour chaque citoyen et citoyenne, de voter pour envoyer un député nous représenter au parlement est la base même de la démocratie; altérer la portée de ce geste aurait de sérieuses conséquences, pas toutes positives. Envoyer au Parlement des députés qui n'ont pas été directement élus constituerait un geste nocif, au plan démocratique.

Par ailleurs, d'autres ont avancé l'idée d'inclure des corps intermédiaires au sein de nos représentants élus. Ces corps intermédiaires seraient les syndicats réunis en centrales, les chambres de commerce, les mouvements sociaux, etc. Ceux qui proposent cette idée se sont appuyés sur le fait que dans la majorité des mouvements et des organisations, les dirigeants sont élus. Ceci justifierait qu'on reconnaisse le caractère «démocratique» de leur présence parmi les députés qui n'ont, selon ces proposeurs, qu'une représentation «géographique» de la population.

Cette idée est, au mieux, farfelue. Ne serait-ce pas là permettre à des lobbys de faire leurs représentations directement sur le parquet de l'Assemblée nationale ou de la Chambre des communes? Déjà on déplore la multiplication invraisemblable des lobbyistes autour des gouvernements et des députés. Nos deux niveaux de gouvernements ont même créé le poste de Commissaire au lobbyisme pour tenter de réguler cette activité intense de représentation d'intérêts particuliers. Les loups sont déjà à la porte de la bergerie. Inutile de leur ouvrir toute grande cette poste.

Puis, parmi d'autres voies de changement, certains proposent que les députés soient élus à la majorité absolue, même si cela pourrait entrainer un deuxième tour avec les coûts conséquents, la légitimité du député ainsi élu serait renforcée et incontestable.

Peut-être serait-il possible de faire nos élections autrement, en introduisant avec prudence les technologies de l'information, mais l'enjeu est trop important pour qu'on «s'amuse» avec cela.

En définitive, peut-être serait-il possible de faire nos élections autrement, notamment en introduisant avec prudence les technologies de l'information, mais l'enjeu est trop important pour qu'on «s'amuse» avec cela. La représentativité en politique est un exercice délicat et périlleux. Le fait, pour chaque citoyen et chaque citoyenne, de voter pour envoyer un député nous représenter au parlement est la base même de la démocratie; altérer la portée de ce geste est affaire sérieuse.

Dans chaque vote exprimé, il y a l'intérêt supérieur de la collectivité, le bien commun de toute la population.

Dans chaque vote exprimé, même si l'électeur n'y pense pas, il y a l'intérêt supérieur de la collectivité, le bien commun de toute la population. De plus, et on a tendance à l'oublier, aucun député élu n'a de patron, si ce n'est la population de son comté. Son mandat, il le tient de ses électeurs et aucune autorité ne peut le démettre.

La campagne électorale actuelle est peut-être ennuyante et répétitive, mais pour paraphraser Winston Churchill, elle est aussi le moins mauvais moyen pour offrir à la population un gouvernement représentatif.

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