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Quelques fausses croyances sur l'autisme (1/2)

Au fil des années, plusieurs observations ont été faites sur l'autisme et plusieurs conclusions en ont été tirées. Trop hâtives, certaines ont mené à des croyances bien tenaces dans la population. En voici quelques-unes.
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L'autisme n'est pas homogène. L'autisme a plusieurs visages. L'autisme a plusieurs personnalités. L'autisme a différents esprits.

L'autisme d'une personne est unique à l'image de celle-ci.

La neurologie des personnes autistes présente des racines communes. Un point de départ commun dans les branchements neurologiques, dans les connexions cérébrales. Des racines qui distinguent les autistes de la masse, parfois beaucoup, parfois très peu.

Des racines communes dans les aspects des aires de la communication et des interactions sociales ainsi que dans les centres d'intérêts, les activités et les comportements.

Mais, comme tous les humains, les autistes possèdent un bagage génétique, environnemental, social, culturel qui fait en sorte que leur esprit leur confère une personnalité unique.

Lorsqu'on parle d'autisme, il est impossible de parler pour tous.

Au fil des années, plusieurs observations ont été faites et plusieurs conclusions en ont été tirées. Cependant, les conclusions trop hâtives ont mené à plusieurs fortes croyances bien tenaces dans la population. En voici quelques-unes.

1.L'autisme est une maladie

Non, l'autisme n'est pas une maladie. Les autistes sont en parfaite santé physique et mentale. L'autisme ne se guérit pas et ne s'attrape pas. Officiellement, l'autisme est classé parmi les troubles neurodéveloppementaux. Cependant, le courant actuel amène à considérer l'autisme comme une condition, une manière d'être, une neurologie différentes. Ainsi, les autistes ne sont ni atteints ni porteurs d'autisme.

2.Les autistes sont dans leur monde, repliés sur eux-mêmes dans leur bulle imaginaire.

Les autistes ne sont pas dans leur monde, ils sont dans LE monde. Étant donné leurs facultés communicatives et sociales différentes de la moyenne, des autistes ont du mal à entrer en relation avec les autres. Certains sont non verbaux ce qui rend leur communication encore plus complexe. Certains ont plus de difficultés que d'autres à se faire des amis et plusieurs, au contraire, sont très à l'aise socialement. Le mutisme sélectif peut également être présent chez les autistes, ce qui complique souvent les échanges sociaux pour la personne autiste qui se retrouve observatrice de la conversation. Quelques-uns sont plus à l'aise en solitaire et vivent très bien ainsi. Pour prendre du recul, les autistes peuvent avoir besoin de se retirer ou de se couper des stimuli extérieurs qui les envahissent. Ils entrent dans une bulle protectrice et régénératrice temporairement. Mais quoi qu'il en soit, les autistes sont tout à fait conscients du monde qui les entoure.

3.Les autistes n'ont pas d'empathie

Basés sur de simples observations comportementales, des spécialistes avaient lancé cette conclusion qui s'avère bien évidemment non fondée. L'empathie et l'expression des émotions se manifestent et varient différemment chez tous les humains et les autistes n'en font pas exception. L'empathie autistique peut parfois se manifester par des gestes ou paroles rationnelles plutôt que réconfortantes et affectueuses. Cette empathie n'est pas moindre, elle est simplement différente de ce à quoi on peut s'attendre. La personne autiste peut également ressentir les émotions des autres, parfois très fortement, ce qui l'oblige à prendre du recul, voire à sembler distante.

4.Les autistes n'ont pas d'émotions

Dans la même optique que l'empathie, les émotions s'expriment et se ressentent distinctement de la moyenne de la population générale. Certains autistes sont très affectueux et démonstratifs. D'autres, au contraire, détestent les marques d'affection traditionnelles pour plusieurs raisons, la principale étant l'hypersensibilité tactile : les câlins et le toucher peuvent être douloureux. Pour bien des autistes, les émotions sont difficiles à décoder intérieurement et leur expression peut être difficile. C'est le chaos émotionnel. D'autres autistes sont très hypersensibles ainsi, toutes les émotions sont vécues très intensément et ils ont parfois le besoin de se faire une protection pour ne pas se laisser envahir.

5.Les autistes sont des surdoués

Certains oui, d'autres non. Comme pour tous les humains. Les autistes surdoués peuvent également avoir besoin de soutien, parfois très important. L'intelligence n'a rien à voir avec les difficultés reliées à l'autisme.

6.Les autistes sont tous déficients intellectuels

Certaines oui, d'autres non. Comme pour tous les humains. Contrairement à la croyance populaire, il n'y a pas plus de déficience intellectuelle chez les autistes que dans la population générale.

Entre la déficience intellectuelle et la douance, nous trouvons des autistes d'intelligence moyenne, comme chez tous les humains.

7.Les autistes ne regardent pas dans les yeux

Une croyance qui perdure encore. Ne pas avoir de contacts visuels n'est pas une caractéristique pour être autiste. Certains autistes ont un contact visuel très franc sans difficulté, d'autres y parviennent à force de pratiquer. Pour d'autres autistes, le contact visuel sera très difficile, voire absent. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce comportement. Certains éprouvent de la douleur à regarder l'autre dans les yeux, certains n'en voient tout simplement pas l'utilité, d'autres se concentrent sur la bouche, d'autres évitent le contact visuel, car il contient trop de codes sociaux à déchiffrer, etc.

Dans tous les cas, jamais on ne doit forcer un autiste à avoir un contact visuel.

8.Les enfants autistes ont seulement besoin d'une bonne discipline stricte

Les enfants, TOUS les enfants, ont besoin avant tout d'empathie, de bienveillance, de respect, de considération et d'amour pour s'épanouir pleinement.

Mélanie Ouimet est la fondatrice du mouvement deLa Neurodiversité - L'autisme et les autres formes d'intelligence autistes qui milite en faveur de la reconnaissance positive de l'autisme.

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