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Qui sont les futures femmes scientifiques nobélisables?

Ces cinq femmes sont animées par une passion et désireuses de la communiquer à de jeunes étudiantes, pour les inciter à embrasser elles aussi le formidable univers des sciences, où le questionnement, la curiosité et la quête de réponses sont le sel de nos existences.
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L'an dernier, à la première séance d'un cours de génétique donné à des étudiants en médecine, avant même que j'aie ouvert la bouche, une belle jeune fille de 18 ans assise aux premiers rangs a levé la main et pris la parole: "est-il vrai que vous avez remporté le prix L'Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science?". "Oui", ai-je répondu en souriant. "Moi aussi, je veux remporter ce prix", a-t-elle dit ensuite. Sa réponse m'a rendue heureuse. C'était le signe que le prix accomplit peu à peu sa raison d'être: susciter des vocations scientifiques chez les jeunes femmes.

La double hélice écrite par James Watson en 1968 a récemment été traduite en portugais (j'ai été invitée à m'exprimer à sa sortie dans les colonnes d'un grand journal brésilien, Folha de S.Paulo). À la fin de l'ouvrage, Watson reconnaît la contribution fondamentale de Rosalind Franklin à la découverte de la structure de l'ADN. Il y raconte que leur groupe (les chercheurs hommes qui ont remporté le Prix Nobel à la suite de cette découverte) n'a réalisé que des années plus tard la bataille que cette femme intelligente avait dû mener pour se faire accepter du milieu scientifique, qui considère volontiers les femmes comme de simples dérivatifs à une réflexion sérieuse.

Par chance, les choses changent. J'ai eu souvent l'occasion de dire que je ne m'étais, en tant que femme, jamais sentie freinée dans la carrière scientifique que j'avais suivie au Brésil. Mais, malheureusement, ce n'est pas la règle. Environ 45 ans plus tard, les femmes de science font encore l'objet de discriminations dans la plupart des pays. C'est la raison pour laquelle les prix L'Oréal-Unesco, aujourd'hui dans leur 16e année, revêtent une telle importance. Renforcer le rôle des femmes dans la science et montrer au grand public les progrès accomplis par la connaissance scientifique grâce à leurs travaux, permettra assurément de susciter parmi les jeunes femmes des vocations scientifiques plus nombreuses.

Je suis convaincue que cette formidable initiative porte peu à peu ses fruits. En tant qu'ancienne lauréate (pour l'Amérique latine en 2001) et désormais membre du jury, je peux témoigner que le nombre de candidates talentueuses rend le travail de sélection chaque fois un peu plus difficile. Remarquons aussi que, cette année, les candidates étaient vraiment jeunes (d'une quarantaine d'années voire un peu moins). Mais qui sont ces femmes d'exception qui ont remporté le prix de cette 16e édition du prix L'Oréal-Unesco Pour les Femmes et la Science?

Segenet Kelemu, pour l'Afrique et les États arabes

Elle a découvert des champignons et bactéries qui vivent dans des plantes fourragères tropicales essentielles à la population et a contribué à mettre en lumière le rôle de ces microorganismes dans la croissance des végétaux et leur adaptation à l'environnement. Ses travaux ont contribué à améliorer le rendement de l'herbe, permettant aux fermiers de choisir les espèces fourragères offrant la meilleure productivité et la meilleure résistance aux agents pathogènes, un enjeu absolument primordial dans les pays tropicaux et subtropicaux.

Laurie Glimcher, aux États-Unis

Elle a découvert des facteurs clés qui contrôlent la réponse immune dans les maladies allergiques et auto-immunes, ouvrant la voie à de nouveaux traitements. Le diabète de l'enfant, la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques sont des exemples de pathologies dans lesquelles notre système immunitaire s'en prend à nos propres tissus, comme s'il s'agissait de corps "ennemis" étrangers. Inutile de dire l'importance de traiter ces maladies bien connues de nous tous.

Cecilia Bouzat, en Argentine

Elle est la plus jeune lauréate du palmarès 2014. Elle avait reçu une bourse L'Oréal en 2007 et en récolte aujourd'hui les fruits. Ses travaux tentent de faire la lumière sur les modes de communication entre cellules du cerveau et entre celles-ci et les muscles. Ces recherches vont contribuer à faire progresser notre connaissance des mécanismes à l'origine de troubles neuromusculaires et neurologiques, comme la maladie d'Alzheimer et la dépression.

Kayo Inaba, au Japon

Elle a également pris le système immunitaire pour objet d'étude. Mais à la différence de Laurie Glimcher, son objectif était de comprendre puis de stimuler la réponse immunitaire contre des cellules anormales telles que les cellules cancéreuses. Ses travaux ont abouti à la découverte d'un nouveau traitement anti-cancer. Kayo Inaba a confié avoir éprouvé de grandes difficultés, comme femme de science, à évoluer dans un univers essentiellement masculin, et avoir dû redoubler d'efforts pour être reconnue.

En France, Brigitte Kieffer

Elle a été récompensée pour les progrès accomplis dans la connaissance des mécanismes du cerveau intervenant dans le contrôle de la douleur. Elle a découvert la protéine réceptrice qui, dans le cerveau, permet à des drogues comme la morphine, l'héroïne et d'autres composés, d'exercer un effet antalgique, mais aussi de créer une addiction. Ses travaux ont fait émerger de nouveaux champs d'investigation, pour la mise au point de médicaments analgésiques et de traitement de divers troubles émotionnels.

Qu'est-ce que ces femmes admirables ont en commun?

Elles sont animées par une passion et désireuses de la communiquer à de jeunes étudiantes, pour les inciter à embrasser elles aussi le formidable univers des sciences, où le questionnement, la curiosité et la quête de réponses sont le sel de nos existences. En faisant connaître ces femmes éprises de science, L'Oréal-Unesco ouvre de nouvelles voies de communication, qui inciteront un nombre accru de jeunes femmes à s'engager dans le prodigieux univers de la science. Les germes semés en seize années ont commencé à porter leurs fruits. Je crois fermement qu'au fil des ans, ce prix aura des effets de plus en plus tangibles, en particulier dans les pays en développement ou dans les pays à culture masculine, où les femmes de science continuent de faire l'objet de discriminations.

Ce billet est également publié sur DiscovHER, le media online de la Fondation L'Oréal, dédié aux femmes qui font avancer la science.

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