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La pire raison d'avoir des ministres forts

L'éditorialiste deFrançois Cardinal, a déploré que le départ de Stéphane Dion constitue une énorme perte pour le Québec. Non pas parce que Dion était un ministre des Affaires étrangères exceptionnellement compétent. Plutôt parce qu'il était l'un des rares ministres importants à pouvoir frapper à la porte du premier ministre pour le presser de prendre une décision favorable au Québec.
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Après le remaniement ministériel de la semaine dernière à Ottawa, l'éditorialiste en chef de La Presse, François Cardinal, a déploré que le départ de Stéphane Dion constitue une énorme perte pour le Québec. Non pas parce que Dion était un ministre des Affaires étrangères exceptionnellement compétent, dont la renommée faisait honneur au Québec. Plutôt parce que, selon lui, Dion était l'un des rares ministres importants à pouvoir frapper à la porte du premier ministre pour le presser de prendre une décision favorable au Québec sur divers dossiers.

Des subventions à Bombardier aux transferts en santé accrus en passant par la contribution d'Ottawa aux infrastructures de transport de Montréal, on compte plusieurs dossiers où des fonds fédéraux plus importants seraient les bienvenus dans la province. Et comme l'éditorialiste l'a noté, citant des exemples historiques de gouvernements précédents, la présence de ministres forts se traduit souvent par une « pluie de dollars » pour une province ou une ville.

Pour moi, ceci n'est pas une bonne raison d'avoir des ministres forts - c'est plutôt la pire !

Elle se fonde sur l'opinion que le gouvernement fédéral est essentiellement un gros paquet d'argent et que chaque région et groupe d'intérêt devrait essayer de s'en approprier autant que possible pour son propre bénéfice.

L'un des arguments de ceux qui défendent ce point de vue ou qui disent qu'il est inévitable, c'est que nous avons besoin de notre part du butin parce que d'autres ont obtenu le leur et que l'argent sera dépensé de toute façon. « Le Manitoba a obtenu un tel investissement », « Toronto a bénéficié de tel programme » ou « la Nouvelle-Écosse a obtenu tel montant d'argent ». Si nous ne faisons pas de lobbying assez fort, l'argent ira encore une fois à eux plutôt qu'à nous.

Puisqu'Ottawa jette de l'argent dans toutes les directions depuis des décennies, il est très difficile de réfuter de tels arguments. Chaque région peut pointer vers de nombreux exemples pour nourrir ses frustrations et affirmer que la façon dont le butin est distribué est inéquitable.

Aussi, pour calmer les frustrations et acheter le soutien des populations régionales qui sont essentielles à leur fortune électorale, les gouvernements doublent la mise sur le plan des dépenses. Chaque décennie qui passe, le gouvernement fédéral dépense de plus en plus sur la péréquation, sur les transferts de santé, sur les grands projets régionaux tels que les infrastructures et sur d'autres programmes. Et ils envoient des hordes de ministres et de députés pour couper des rubans et s'assurer que les populations locales sont conscientes de leur « générosité ».

C'est cette dynamique qui nous a amenés à la situation intolérable d'aujourd'hui, alors que nous avons un gouvernement obèse qui dépense de l'argent qu'il n'a pas sur tout ce qui bouge. Et le gouvernement Trudeau va empirer les choses encore plus.

Il faut y mettre fin. On ne peut pas continuer de refiler à nos enfants la facture de projets qu'on ne peut pas se payer. On ne peut pas continuer d'acheter la paix en distribuant des montants toujours plus gros pour plaire à chacun, en se fermant les yeux sur les conséquences. On ne peut pas demander à nos gouvernements de gérer les finances de manière responsable, tout en exigeant constamment plus d'argent pour soi-même.

Pour sortir de cette impasse, en tant que conservateurs, nous devrions défendre le principe de subsidiarité, qui est inhérent à notre Constitution. Ça signifie que toute question devrait être traitée par l'autorité compétente la plus petite ou la plus basse dans la hiérarchie, celle qui est la plus proche des citoyens. De cette façon, chaque province, chaque région, chaque communauté, se développe selon les préférences et les priorités de ses citoyens et est forcée d'agir de façon responsable parce que c'est elle paie pour ce qu'elle veut.

Le gouvernement fédéral a d'importantes fonctions nationales à remplir. Il serait mieux en mesure de les remplir s'il cessait d'essayer de résoudre tous les problèmes du pays, notamment en violant notre Constitution et en s'immisçant dans les domaines de compétence provinciale.

C'est pourquoi j'ai proposé de mettre fin au financement par Ottawa des soins de santé au moyen de paiements de transfert. Libérées des conditions fédérales et dans l'impossibilité de jeter le blâme sur un autre gouvernement, les provinces seraient aussi plus enclines à tester de nouvelles solutions pour trouver de meilleurs moyens de fournir des services de santé.

Pour la même raison, Ottawa devrait cesser de financer les infrastructures locales et laisser aux villes et aux provinces la responsabilité de répondre à leurs propres besoins. Outre les infrastructures d'importance nationale, il n'y a aucune raison pour que le gouvernement fédéral s'implique.

Comme l'écrivait en 1848 le grand économiste français Frédéric Bastiat : « L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». Un gros gouvernement interventionniste est source d'iniquité et d'irresponsabilité. Il est temps de renverser cette tendance.

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