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L'assurance médicaments en sens inverse

Tout programme national d'assurance médicaments devrait permettre d'accroître le nombre de personnes assurées tout en permettant une réduction du coût des médicaments, à la fois pour le gouvernement et pour les Canadiens. Or, ce n'est pas la voie choisie par les conservateurs à Ottawa.
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Cet article sera, je l'espère, le premier d'une série dont les sujets pourront varier de l'assurance médicaments, et d'autres questions liées aux soins de santé, à la politique économique et des affaires, à l'environnement, et à tout ce qui peut être pertinent. Pour commencer, je souhaite d'abord partager, avec vous, dans les premiers articles, les défis et les opportunités qui existent pour celles et ceux d'entre nous qui travaillent dans l'objectif de mettre en place un programme national d'assurance médicaments pour tous les Canadien(ne)s.

Comme avec n'importe quel sujet ciblé sur un domaine spécifique, il y a un vocabulaire particulier pour les professions concernées ou pour les sujets en cours de discussion. Je vais tenter de démystifier les mots utilisés au mieux de ma capacité. Dans le cas où vous auriez des questions, ou pour tout besoin de clarté, ainsi que si vous voulez partager des rectifications éventuelles au sujet de ce que j'ai écrit, n'hésitez pas à partager vos idées avec moi.

Les objectifs de tout programme national d'assurance médicaments devraient permettre d'accroître le nombre de personnes assurées jusqu'à ce que chaque Canadien(ne) ait une assurance médicaments minimum. Il devrait également permettre une réduction du coût des médicaments à la fois pour le gouvernement et les Canadiens. Afin d'atteindre ces objectifs, il va sans dire qu'il est nécessaire de réduire les coûts des médicaments de manière significative.

Quand je dis qu'au Canada, nous mettons effectivement en œuvre l'assurance médicaments en sens inverse, cela veut dire que l'action envisagée actuellement par le gouvernement conservateur à Ottawa permettra de réduire le nombre de personnes ayant recours aux traitements médicaux. Et pour les Canadiens qui continuent à bénéficier de la couverture, les coûts complémentaires seront plus élevés à la fois pour les individus mais aussi pour le gouvernement.

L'action qui est actuellement examinée par le gouvernement conservateur consiste à étendre la protection par brevet sur les médicaments de marque. L'impulsion de cette augmentation de la protection par brevet sur les médicaments de marque vient des négociations du gouvernement conservateur avec l'Union européenne pour former un accord de libre-échange. Une partie de l'argument utilisé par les sociétés pharmaceutiques pour essayer de convaincre le gouvernement de la nécessité d'une protection accrue des brevets pharmaceutiques - avec donc des coûts considérablement augmentés, - c'est qu'elles pourraient alors investir davantage dans la recherche et le développement au Canada.

Malheureusement, les statistiques montrent que très peu de recherches et de développements pharmaceutiques - ou d'ailleurs tout autre avantage - sont accordés aux Canadiens et Canadiennes pour le coût disproportionnellement élevé que nous payons pour des médicaments de marque. Le fait que nous, en tant que pays, envisagerions toute action qui augmenterait, arbitrairement et considérablement, les coûts des médicaments de marque sans toutefois n'offrir aucun avantage direct pour les soins de santé ou les portefeuilles des Canadiens, serait assez cruel et dévastateur en lui-même. Le fait que nous acceptons effectivement de nous laisser imposer cette ruse pour la deuxième fois est tragique.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce système, cette augmentation de la longévité des brevets pour les médicaments de marque, avec la promesse d'accroître la richesse en dollars pour la recherche et le développement pour le Canada, était exactement le même raisonnement utilisé, avec succès, par les sociétés pharmaceutiques qui ont fait du lobbying durant les années du gouvernement Mulroney pour augmenter la longévité des brevets ainsi que les bénéfices accrus. La triste vérité est que, excepté pour les quelques années après que les brevets aient été accordés, les investissements en recherche et développement des entreprises pharmaceutiques de marque ont décliné, année après année, et ce depuis plus de vingt ans.

Le fait que le gouvernement conservateur imposerait des coûts plus élevés aux Canadiens, en particulier pour quelque chose d'aussi essentiel que les médicaments, serait absurde, même si le coût des médicaments était abordable. Envisager une augmentation des coûts est réellement cruel et insensible, alors que nous avons déjà 3,4 millions de Canadiens qui n'ont aucune couverture pour les médicaments et quand beaucoup d'autres qui eux possèdent une couverture mais doivent faire un choix entre payer pour des prescriptions coûteuses et payer pour la nourriture ou le loyer.

Compte tenu de ce que nous avons vu de la part de ce gouvernement conservateur, il semblerait que si cruelle et insensible soit leur méthode normale de fonctionnement, on puisse au moins se demander dans quel placard les interlocuteurs du premier ministre ont enfermé les conservateurs fiscaux.

Au cours des dernières années, les Canadiens ont vu leurs gouvernements provinciaux respectifs prendre des mesures dans leurs efforts visant à contenir la hausse du coût des médicaments d'ordonnance. Autant les gouvernements ont eu du mal à payer pour l'augmentation du coût des médicaments d'ordonnance, autant beaucoup de Canadiens ont connu bien des difficultés pour pouvoir payer pour les médicaments dont ils avaient besoin pour leur santé. Les gouvernements doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour réduire le coût des médicaments au lieu de placer un fardeau supplémentaire sur les épaules des Canadiens.

Si vous avez n'importe quelle question à poser, n'hésiter pas à me contacter.

Santé,

Martin

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