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Point d'éducation dans mon école !

Selon moi, réduire le rôle d'un enseignant à celui d'un pourvoyeur d'informations dans une discipline donnée, c'est nier l'unicité humaine.
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La fermeture des établissements scolaires pourrait bien être la plus grande avancée de l'histoire de l'enseignement ! Entité virtuelle, l'école deviendra ce qu'elle aurait toujours dû être : une détaillante de connaissances. La collectivité se dégagera enfin du fardeau que lui imposent les irresponsables aux compétences parentales pauvres. Des gains énergétiques substantiels permettront aux intervenants concernés de se concentrer à aider ceux qui veulent vraiment réussir. Oubliez les pertes de temps occasionnées par ces quelques enfants qui n'ont pas appris à se taire au timbre de la cloche. Ayant désormais la possibilité de prendre place dans cette classe nouveau genre, le parent fautif devra gérer les frasques comportementales de sa progéniture.

Inclusion, intégration ou milieu spécialisé ? Cessez de vous questionner ! Les élèves avec des difficultés d'apprentissage modérées auront accès à la reprise vidéo ou à des espaces de clavardage. Ceux pour qui la situation est moins réjouissante pourront compter sur des sites spécialisés sans craindre d'évoluer dans un environnement inadapté à leurs besoins. L'expertise des géants du web sera mise à profit pour créer des algorithmes qui accélèreront le dépistage des problématiques adaptatives, et ce, dans le but d'obtenir des services d'intervention précoce.

Vraiment ?

Monsieur Einstein me répondrait que «l'école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialistes.» Dans les faits, je gonfle les rangs de ses partisans ! Selon moi, réduire le rôle d'un enseignant à celui d'un pourvoyeur d'informations dans une discipline donnée, c'est nier l'unicité humaine. Je ne révolutionnerai pas la science en affirmant que nous sommes des êtres complexes. Alors, jusqu'à l'invention d'une nanotechnologie biologique de type «plug and play» pour le cerveau, un établissement scolaire ne pourra pas être un simple lieu d'instruction.

Cessons de galvauder le terme « éducation » dans notre système scolaire et prenons position. Dans les faits, s'il est réellement question de l'éducation d'êtres humains et que notre intention de base vise le développement global de l'enfant, il faut accepter les rôles et responsabilités inhérents à ces concepts. Selon cette vision, chaque acteur du réseau est aussi un éducateur au sens propre du terme, en plus d'accomplir les tâches qui lui sont confiées en fonction de la formation qu'il a reçue.

À mon avis, l'éducation est en tous points incompatible avec une organisation du travail où les ouvriers interviennent en vase clos, répétant une série de phrases, dans le but d'obtenir un produit commercialisable. Toutefois, si tel est notre dessein, cessons de regrouper les élèves sous un même toit, arrêtons de faire croire à l'égalité des chances, condamnons ces « mauvais » parents et tournons-nous vers un système bien moins complexe qui ressemblera sans doute à celui décrit en introduction.

Prendre la place du parent ?

Est-ce un altruisme révolu qui porte certains à croire que l'école devrait servir de béquille au parent qui ne montre pas les bonnes manières à son enfant ?

Est-ce un altruisme révolu qui porte certains à croire que l'école devrait servir de béquille au parent qui ne montre pas les bonnes manières à son enfant ? En attendons-nous trop d'intervenants scolaires épuisés ? Et s'il s'agissait d'une utilisation de mots forts pour obtenir la faveur du public ? Pourrions-nous voir les choses autrement ? Est-il possible de penser qu'un établissement scolaire ait une mission d'éducation ; un devoir qui n'est pas compatible avec le désengagement ?

Les parents sont les premiers responsables de l'éducation de leur enfant et ils devraient contribuer comme tels au développement harmonieux de ces derniers. Néanmoins, les inégalités sociales existent. Tous n'ont pas accès - dans la loterie de la vie - à des figures parentales aimantes, sécurisantes, cohérentes... L'école entretient cette situation en se dégageant de certaines responsabilités d'éducation au nom de l'instruction, alors qu'elle devrait agir à la base du problème.

Pourquoi cibler l'école ? Parce que je ne connais aucun autre milieu de vie, destiné à la jeunesse, accessible et présent sur l'ensemble de notre territoire, dans lequel nous devons obligatoirement passer autant de temps et qui se donne une mission de socialisation.

Plus directement, le programme de formation de l'école québécoise « établit les bases d'un contrat moral » avec la société ; celui de collaborer à l'apprentissage du vivre-ensemble, à l'émergence d'un sentiment d'appartenance à la collectivité et à la prévention de l'exclusion. Un accord qui indique que l'école doit se préoccuper du développement socioaffectif des élèves et qu'elle doit veiller à ce que ceux-ci soient des citoyens responsables.

Ceci étant dit, je serais bien mal à l'aise de quitter les rangs d'Albert, pour ajouter la force de ma voix à celles des gens qui pestent contre les parents qui ne « font pas leur job à la maison ! »

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