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Loi 101 au cégep: chapeau au PQ!

Bravo au Parti Québécois qui, après près de dix ans d'inertie du Parti libéral, ose enfin se tenir debout pour réaffirmer le caractère français du Québec en renforçant substantiellement la loi 101. On peut être d'accord ou pas avec certaines politiques ou stratégies du PQ, mais en ce qui concerne le renforcement de notre Charte de la langue française, j'y adhère à 100%. Reste à voir si le parti aura la force de ses convictions pour agir s'il est élu le 4 septembre.
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Bravo au Parti Québécois qui, après près de dix ans d'inertie du Parti libéral, ose enfin se tenir debout pour réaffirmer le caractère français du Québec en renforçant substantiellement la loi 101. On peut être d'accord ou pas avec certaines politiques ou stratégies du PQ, mais en ce qui concerne le renforcement de notre Charte de la langue française, j'y adhère à 100%. Reste à voir si le parti aura la force de ses convictions pour agir s'il est élu le 4 septembre.

Quoi qu'il en soit, dans un monde où certains réduisent l'existence humaine à des colonnes de chiffres, à des intérêts purement économiques et matériels et dans lequel la langue n'est perçue que comme un simple outil de communication pour ‹‹faire des affaires››, il est bon de voir que la culture québécoise occupe toujours une place importante pour certains de nos politiciens.

Car, en effet, n'en déplaise aux partisans d'une seule langue uniformisante ou à ceux qui pensent qu'une langue est un simple outil de communication parmi d'autres, une langue est un vecteur de culture, elle est une manière particulière de comprendre, d'appréhender et de définir le monde que nous habitons. En ce sens, notre langue française aux accents québécois constitue le vecteur de notre culture particulière et une richesse de l'humanité. Il est donc bien de vouloir la préserver.

Même si la loi 101 n'est pas une panacée, qu'elle n'est qu'un outil parmi d'autres et que chaque individu a aussi sa part de responsabilité quant à l'affirmation et le rayonnement de notre langue collective, il ne faut jamais négliger la nécessité d'une loi linguistique forte et bien appliquée dans une société francophone et minoritaire comme la nôtre, qui reçoit plusieurs milliers de nouveaux arrivants par année. Sans la loi 101, ceux-ci seront toujours davantage tentés de se joindre à la minorité anglophone du Québec, qui fait cependant partie de l'énorme majorité continentale de langue anglaise. Ainsi, sans une loi qui oblige les nouveaux arrivants à se joindre à la population francophone, la loi du nombre jouera progressivement contre le français.

Parmi les diverses mesures récentes annoncées par le PQ pour renforcer le français au Québec, celle portant sur l'extension de la loi 101 au cégep est celle qui a le plus retenu l'attention médiatique. C'est aussi une des plus importantes.

La nécessité d'étendre la loi 101 au collégial

Lorsque la loi 101 a été adoptée par le gouvernement de René Lévesque en 1977, une faible proportion des Québécois poursuivait son cursus au collégial et à l'université. C'est pourquoi le docteur Camille Laurin et le Parti Québécois n'ont pas cru nécessaire d'étendre la loi 101 jusqu'au collégial et se sont contentés du primaire et du secondaire. Cependant, les choses ont changé. Comme le rapporte le mathématicien et spécialiste de la question linguistique Charles Castonguay dans son petit ouvrage Le français dégringole, ‹‹Emploi Québec estime que 70% des emplois qui seront créés d'ici 2016 exigeront au minimum une formation collégiale››. Ainsi, de plus en plus d'étudiants poursuivent et poursuivront leurs études au-delà du secondaire en fréquentant minimalement le cégep.

Le libre-choix de la langue d'enseignement au cégep laissé aux nouveaux arrivants actuellement fait en sorte que près de la moitié des allophones poursuivent leurs études collégiales en anglais. En ce qui a trait aux francophones, ils sont environ 3-4% à poursuivre leurs études dans un cégep anglais. C'est probablement ce qui explique que le cégep le plus populeux du Québec soit le Dawson's college avec environ 10 000 étudiants. Or, des études récentes (notamment celle menée par Pierre Curzi en 2010, Le grand Montréal s'anglicise) démontrent le pourcentage élevé d'élèves allophones et francophones qui poursuivent leur vie (université, travail, vie familiale, réseaux d'amis, culture, etc.) en anglais après avoir fréquenté un cégep anglophone. Autrement dit, pour reprendre la formule de Curzi appuyée par de nombreuses données, ‹‹le cégep anglais anglicise›› ceux qui le fréquentent.

En ce sens, si nous avons à cœur de continuer de former une collectivité nationale de langue et de culture françaises au Québec, peut-on se permettre de laisser le libre-choix des études collégiales aux nouveaux arrivants sachant que plusieurs d'entre eux délaissent la langue française et la culture québécoise pour vivre en anglais? Dans une petite société comme la nôtre, baignée dans la mer anglo-saxonne nord-américaine et soumise à l'impérialisme de la culture de masse anglo-américaine qui tend à prendre toujours plus de place au gré de la concentration des télécommunications et des entreprises culturelles, cette anglicisation de nombre de nos concitoyens n'est pas un luxe que nous avons le loisir de nous payer.

Argumentation trompeuse et non-fondée

Un argument souvent utilisé par ceux qui ne veulent pas que la loi 101 soit étendue au cégep anglais est que ça brimera les droits individuels d'adolescents ou d'adultes qui veulent y parfaire leur anglais. Tout d'abord, autant pour les enfants, adolescents ou adultes - à l'exception des membres de la minorité historique anglophone - l'État québécois de langue française n'a pas à financer une éducation dans une autre langue que dans la langue officielle et commune. Ensuite, précisons que le cégep est un lieu pour apprendre un métier ou poursuivre sa formation générale avant d'aller à l'université, non un lieu d'immersion pour apprendre une langue seconde. Suivant cette logique, le cégep devrait-il se mettre à dispenser un enseignement dans toutes les langues afin de répondre aux droits individuels de chacun qui veut se mettre à apprendre le mandarin, l'anglais, le finnois, etc.? Souvent, sous prétexte de droits individuels, on s'aperçoit que sont dissimulés les caprices d'individus égoïstes et gâtés.

Puis, on se rend compte que cette histoire du libre-choix au cégep provient d'une mésentente profonde quant au pourquoi de la présence d'institutions scolaires anglophones au Québec. Certaines gens croient que s'il y a des institutions d'enseignement anglophone au Québec, c'est parce qu'il devrait y avoir le libre-choix pour tous. Ils oublient que la seule raison pour laquelle il y a toujours un réseau scolaire public anglophone au Québec, c'est parce que contrairement aux autres provinces canadiennes-anglaises qui ont restreint et parfois interdit l'enseignement en français de leurs minorités francophones pendant des décennies, le gouvernement québécois de René Lévesque s'est engagé à conserver les institutions de la minorité anglophone québécoise pour que ses membres puissent continuer de les fréquenter et y étudier dans leur langue. Ce n'était pas pour créer un deuxième réseau scolaire anglophone en concurrence avec le réseau francophone. Ainsi, ce qui semble être une interdiction de fréquenter le cégep anglophone pour les allophones et les francophones n'est en réalité que de rétablir ce qui, dans un État souverain et normal, serait la norme, soit de dispenser un enseignement public dans la seule langue nationale.

Donc, à l'exception de la minorité historique anglophone du Québec, le cégep québécois, comme au primaire, au secondaire et comme dans tous les États normaux de la planète, doit dispenser un enseignement dans la seule et unique langue officielle et commune du Québec : soit dans la langue française.

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