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Les chemins qui marchent mènent-ils quelque part?

J'avais beaucoup aimé le premier volet de la trilogie, écrite par Alexis Martin et mise en scène par Daniel Brière. Alors que la première pièce s'attardait sur notre jardin de givre linguistique, la deuxième,, s'intéresse à notre rapport avec l'eau, nos rivières, nos lacs, notre fleuve en passant par les usines d'épuration et les barrages de la Baie James. L'héritage amérindien et innu, qui occupe bien peu de place dans notre mémoire collective, est une nouvelle fois très présent. Hélas, c'est moins réussi cette fois-ci.
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CP

J'avais beaucoup aimé L'invention du chauffage central en Nouvelle-France, le premier volet de cette trilogie sur L'histoire révélée du Canada français écrite par Alexis Martin et mise en scène par Daniel Brière. Alors que la première pièce s'attardait sur notre jardin de givre linguistique, Les chemins qui marchent s'intéresse à notre rapport avec l'eau, nos rivières, nos lacs, notre fleuve en passant par les usines d'épuration et les barrages de la Baie James, et en laissant, encore une fois, une grande place à l'héritage amérindien et innu qui occupe bien peu de place dans notre mémoire collective.

Hélas, c'est moins réussi cette fois-ci. À deux heures trente, la pièce a des longueurs et on pousse la chansonnette un peu trop, au point où on se demande si on ne s'est pas égaré dans une comédie musicale, alors que je crois que ce n'était pas là le but premier. Il y a toujours un va-et-vient entre le monde contemporain et le passé et les comédiens endossent encore cette fois-ci une cinquantaine de personnages. Le décor utilise encore les ingénieuses trappes sur la scène qui dissimulent les accessoires et les costumes et on met toujours l'accent sur cet héritage autochtone auquel nous accordons si peu d'importance.

Peut-être est-ce dû au soir de première, mais ce que j'ai vu, malgré toute la richesse des thèmes à exploiter, manquait singulièrement de rythme. La fin surtout, qui mélange dans un bizarre salmigondis la dépossession des terres amérindiennes par les Anglais et les Français au gré des guerres et des traités à l'émergence de la Chine, représentée comme une puissance auréolée de mystère et d'une vague menace, m'a laissé sur ma faim. En fait ça ne m'a pas satisfaite du tout. Vraiment, je me suis demandée sur quel chemin on voulait que je marche.

Photo: Gilbert Duclos

Je crois que le problème réside dans la trop grande abondance de thèmes qui sont abordés à l'intérieur de ce texte. Cher Alexis Martin, qui trop embrasse mal étreint. On perd de vue le propos sans être jamais sûr d'ailleurs de l'avoir vraiment cerné. Et certaines scènes me sont apparues inutiles, dont celles où la jeune et jolie fille de riches bourgeois anglais tombe amoureuse du fils de draveur (Titanic revisité?). On pouvait parler de la drave et des conditions misérables dans lesquelles travaillaient les jobbeurs sans sombrer dans un mielleux romantisme d'ailleurs historiquement invraisemblable.

Bon, tout de même, Alexis Martin remet son habit de ski-doo (précédemment porté avec beaucoup de panache dans L'invention du chauffage central ) et François Papineau incarne un Champlain et surtout un Frontenac (qui est un haut et puissant seigneur, comme chacun sait) absolument délirant qui mériterait une pièce de théâtre pour lui tout seul. Les autres comédiens sont bons, ce n'est pas là le problème, et la sympathique et très douée chienne de l'an dernier est toujours là. Je suis sûre qu'elle a un fan-club et une page Facebook, fort mérités d'ailleurs.

La trilogie se terminera l'an prochain, moment auquel les trois volets seront présentés. Souhaitons que d'ici-là on épure et on compresse afin de ne garder que la richesse et l'intérêt intrinsèques qui se trouvent à l'intérieur de tout cela, mais qui ne ressortent malheureusement pas comme il se devrait.

Les chemins qui marchent sont présentés à l'Espace libre jusqu'au 28 mars 2013.

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