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François

Mesdames, Geneviève célèbre un triste anniversaire. Il y a un an jour pour jour, elle a décidé de donner une leçon à François en le quittant. C'est un soir au retour du travail que François a trouvé la note sur une table : «Je suis chez une amie. Prends tes affaires et vas-t'en. J'en ai assez de toi. Tu es comme tous les hommes, au fond.»
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courtoisie

Voici le 4e épisode du feuilleton Geneviève.

Cliquez pour lire Geneviève le 3e épisode, La soeur d'Éric le 2e épisode et Monsieur Bérubé le 1er épisode.

Mesdames, Geneviève célèbre un triste anniversaire. Il y a un an jour pour jour, elle a décidé de donner une leçon à François en le quittant. C'est un soir au retour du travail que François a trouvé la note sur une table : «Je suis chez une amie. Prends tes affaires et vas-t'en. J'en ai assez de toi. Tu es comme tous les hommes, au fond.»

François n'a pas beaucoup de défauts mais il a celui d'être orgueilleux. Alors, même s'il aimait Geneviève, il a pris ses vêtements, ses livres et son ordinateur et est parti sans se retourner. Deux heures ont été nécessaires pour vider les lieux. Deux heures où il a soigneusement évité de regarder les photos de vacances éparpillées sur les murs de l'appartement. Cent vingt minutes à s'empêcher de penser à leurs invitations de mariage. François savait qu'elles étaient sur le gros buffet dans l'entrée. Et que Geneviève devait les poster le lendemain.

François ne possédait pas grand chose. Lorsqu'ils avaient emménagé ensemble, Geneviève l'avait convaincu de se débarrasser de la plupart de ses meubles. «Les miens sont plus beaux» qu'elle avait dit. Mais François le trouvait beau lui son gros sofa en velours cordé. En tout cas bien moins laid que le monstre en cuir qui occupait le salon. Mais il avait laissé gagner Geneviève sur ce coup-là. Il est comme ça François. Il choisit ses batailles.

Des deux, c'est Geneviève qui a eu le plus de difficulté à encaisser le choc de la rupture. La présence de François lui manquait terriblement. Et elle se demandait si elle n'avait pas un peu dépassé les bornes en le mettant à la porte. François, lui, réalisait qu'il était bien tout seul. Parce que Geneviève, en sa qualité de Germaine, l'empêchait de faire pas mal de choses. Des choses aussi simples que de travailler ou de lire un livre. Tout le temps, Geneviève voulait que l'attention de François se tourne vers elle. Comme s'il pouvait à lui seul remplir le vide qu'elle avait dans le corps.

Geneviève s'est vite ressaisie. François allait réaliser ce qu'il venait de perdre et revenir en promettant de se plier à ses exigences. Elle en était convaincue. Pour mener sa bataille à terme, Geneviève a décidé d'imposer le silence radio comme seul moyen de communication. Comme ça, François saurait qui des deux tenait le gros bout du bâton. Geneviève savait que lorsque les appels et les courriels de François se feraient de plus en plus rares, ce serait le bon moment. Le moment pour déployer la phase finale de son stratagème, celui où elle appellerait François pour lui dire qu'il pouvait revenir à une condition: celle de devenir un autre homme. L'homme selon Geneviève.

Mais les choses ne se sont pas passées comme Geneviève l'avait prévu. Lorsqu'elle a appelé François, il n'a pas répondu. Et il n'a pas décroché le jour d'après. Ni les suivants. «Il doit être en voyage. Les gens font ça après une séparation. Ils partent en voyage pour se ressourcer» qu'elle me disait. Moi, je ne lui ai pas dit que je l'avais croisé deux fois cette semaine-là et qu'il n'était pas bronzé. François avait choisi son combat.

Aujourd'hui, Geneviève est venue me dire qu'elle était prête à rencontrer un autre homme, même si elle sait qu'elle ne trouvera jamais un gars comme François. Parce que François n'était pas comme les autres, au fond. Elle le sait maintenant.

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