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Dire «merci» plutôt que «désolée» a changé ma vie

Je ne m'excuse plus pour ça, car j'ai choisi de ne plus m'excuser d'exister.
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guvendemir via Getty Images

C'est une habitude que j'ai prise il y a quelques mois, et qui change tout à ma vie.

J'avais lu ce conseil dans une bande dessinée de Yao Xio. Et depuis, je tâche de l'appliquer régulièrement: je ne m'excuse plus, à la place, j'ai de la gratitude.

Plutôt que de dire: «désolée de mon retard», je dis «merci d'avoir patienté».

Plutôt que de dire: «désolée de te déranger», je dis «merci de ton temps et de ton aide».

Plutôt que de dire: «désolée de me comporter ainsi», je dis «merci de m'accepter comme je suis».

Pourquoi?

Parce que le réflexe, la chose «polie», est de s'excuser. S'excuser d'être soi. S'excuser d'avoir fait une bêtise, de s'être trompée. Et parfois, s'excuser est LA chose à faire. Quand on a profondément, royalement merdé, alors «pardonne-moi» est exactement ce qu'il faut dire....

Mais j'observe qu'on s'excuse tout le temps, et pour tout.

Je suis quelqu'un de constamment en retard. Au début, je m'excusais tout le temps. Mais ça devenait fatiguant, et franchement hypocrite de ma part: je n'allais pas être à l'heure la prochaine fois.

En exprimant cette gratitude, je la ressens à l'intérieur de moi. La personne en face peut faire preuve d'indulgence, et cela crée une dynamique plus légère.

Je m'excusais donc pour un trait de caractère bien ancré – et lié à ma tendance à être très optimiste sur le passage du temps, probablement! Plutôt que de faire semblant qu'un jour je serai à l'heure, je préviens dès que je sais que je le serai, et je remercie la personne d'avoir attendu. Résultat: en exprimant cette gratitude, je la ressens à l'intérieur de moi. La personne en face a la possibilité de faire preuve d'indulgence, et cela crée une dynamique plus légère.

L'autre raison pour laquelle je m'excuse peu, c'est que m'excuser entretient mon sentiment de culpabilité. Je me sens coupable. Résultat, j'attends de l'autre qu'il me pardonne, et donc me valide dans le fait que je sois un bon être humain. En même temps, cela met l'autre dans la position de me montrer qu'il n'est pas un tyran en me pardonnant avec un «non, non, mais ne t'inquiète pas».

En disant «désolée», je suis un peu sur le fil du rasoir à me demander: qu'est-ce que cette personne va penser de moi? Est-ce qu'elle croit que je lui manque de respect, que je suis une mauvaise personne, qu'elle ne compte pas pour moi? (car ce n'est pas le cas) Je me fais du mal à moi même alors que quatre fois sur cinq, ce ne sera pas très grave. Alors j'arrive, confuse, pas très détendue, stressée pour mon retard (ou autre) et plutôt que de créer un environnement positif pour la rencontre je commence directement par: je suis coupable, s'il te plait, pardonne-moi, aime-moi. Et nous voilà dans une relation d'attachement, sans même s'en rendre compte.

Je ne m'excuse plus pour ça, car j'ai choisi de ne plus m'excuser d'exister.

Je ne m'excuse plus pour des choses qui sont typiques de moi, et qui finalement sont des traits de caractère: le fait d'être en retard, d'oublier des choses, d'être distraite, d'être un peu trop franche – je ne m'excuse plus pour ça, car j'ai choisi de ne plus m'excuser d'exister.

Ce que je fais à la place, c'est que j'éduque les gens sur comment je suis.

– On a rendez-vous. Au moment de le prendre, je te dirai: OK pour l'heure, mais je serai probablement en retard.

– Tu me demandes d'accomplir une tâche avant une certaine date. Je te réponds: OK, pas de souci, mais si tu n'as pas de nouvelles de moi, s'il te plait, relance-moi.

– Nous avons une conversation et je «sens» que je vais dire quelque chose d'un peu franc, alors je demande: j'entends quelque chose pour toi, c'est OK pour moi de le dire?

– À mes clients: je vous enverrai x choses, mais ça peut prendre une semaine, ou deux ou trois en fonction de comment je le sens.

On passe notre temps à dire: je suis désolée, pardon, excuse-moi, pour des choses qui, finalement, ne vont probablement jamais changer pour nous. Dans plusieurs relations – amoureuses notamment – je passais mon temps à faire ça. Résultat: je me sentais faible, pas du tout dans mon pouvoir, à plutôt qu'exister, essayer de me RATTRAPER de tout ce que j'ai pu faire ou dire qui n'était pas dans les attentes.

Aujourd'hui, Mary J Blidge tourne en boucle dans ma tête: just take me, as I am, or don't take me at all. (Juste prends-moi, comme je suis, ou ne me prends pas du tout)

Oui, c'est un peu effronté de s'attendre à ce que le monde entier accepte nos défauts et soit indulgent avec nous. Mais vous savez quoi? Cela nous rend indulgents aussi.

En étant indulgents avec nous-mêmes, on apprend à être indulgents avec les autres.

En permettant aux autres d'être indulgents avec nous, on leur donne l'opportunité d'être indulgents avec les autres.

La première étape pour arrêter de s'excuser à tout va est de commencer par s'accepter soi-même, telle que l'on est. Et à créer autour de cela un environnement qui nous encourage à exister en étant soi.

Être toi suffit, encore et encore.

Ce billet est également publié dans son intégralité sur le blog Lyvia Cairo.

Ce texte a d'abord été publié sur le HuffPost France.

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