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Les partis politiques ont-ils encore leur place?

Ah, que j'aurais aimé avoir vingt ans dans les années 70. L'époque était aux projets, à l'espoir. Tout était possible. Aujourd'hui, on voit s'écrouler ce qui a été construit.
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Un parti, c'est un « blindage », une armure où il n'y a plus de débats», pouvait-on lire dans un article publié dans le Nouvel Observateur et intitulé Stéphane Hessel : son dernier débat avec Daniel Cohn-Bendit.

Aussi, «un parti, c'est un système refermé sur lui-même, hermétique à ce qui se passe dans la société».

Je suis totalement d'accord avec ces énoncés.

«La politique, ça ne m'intéresse pas», «j'y comprends rien», «tous des corrompus» sont là des affirmations que l'on entend (trop) souvent. Comme une sorte de capitulation devant un système qui semble inébranlable tel un vieil arbre. Une analogie que j'oserais faire pour décrire nos vieux partis que sont le Parti québécois et le Parti libéral du Québec qui s'échangent le pouvoir au rythme des élections depuis (trop) longtemps. Essoufflés et dépassés par l'évolution de la société québécoise, ils se contentent de vagues de popularité et s'empêtrent dans leurs propres contradictions ou répétitions.

Alors, on continue de patauger dans un marasme ambiant. Plutôt que l'actualité ou la culture, le divertissement est devenu l'opium du bon peuple. Ce bon peuple qui a de plus en plus la vie dure dans sa course folle à gagner son pain quotidien... Alors, il faut bien le divertir. Lui donner du rêve. Le cerveau au ramolli, on se laisse ainsi gaver d'images. On devient incapables de discerner le vrai du faux, l'essentiel de l'inutile. On carbure à l'information spectacle qui nous donne l'impression d'être suffisamment au courant ou à jour. Surtout ne pas (r)éveiller notre pensée ou notre sens critique. Et le pire dans tout ça, c'est que l'on guide nos enfants vers cette même tendance à la paresse intellectuelle. Avec de tels modèles, nul doute qu'ils carbureront eux aussi à la passivité et adopteront sans se poser de questions ce statut de spectateurs dociles plutôt que d'acteurs engagés.

Alors, je vous propose ceci : si on se retrouvait autour d'un bon repas avec une bonne bouteille de vin et on refaisait le monde. Ça vous tenterait ? Bien entendu, il va être un peu difficile de réconcilier les perdants et les gagnants de la dernière élection. Mais, vous serez d'accord avec moi, il est temps de passer à autre chose, non ? Il est temps de cesser de démoniser les autres, les traîtres, ceux qui ne sont pas dans notre camp. Car il n'y a pas de bons et de mauvais voteurs. Pour ma part, je ne pense pas que les Québécois ont voté pour le Parti libéral. C'est une insulte à l'intelligence de nos concitoyens que de penser qu'ils sont tous idiots à ce point pour réélire un parti qui avait laissé un goût si amer. Les Québécois ont surtout voté contre l'autre grand parti en lice dont les deux chevaux de bataille (charte et référendum) ne s'inscrivaient pas comme des projets de société inspirants. Ou pour toute autre option sans trop de conviction. Quelque soit le camp dans lequel on est, vainqueur ou battu, c'est une claque pour la démocratie.

Et puis, on l'a assez répété, le résultat est la conséquence d'une campagne immonde et bâclée. Depuis au moins cinq ans, le Québec est en dépression nerveuse et se cherche une identité ou tout au moins une place. Je crois sincèrement que le PQ est le seul responsable de sa propre chute tant à cause du choix des hurluberlus qui entouraient Madame Marois (Lisée, PKP et surtout Drainville qui s'est couvert de ridicule lors du « discours du trône ») que par sa campagne de peur (du Canada, des étrangers, de la langue anglaise). Même si je ne suis absolument pas nationaliste, je pense qu'un pays se crée avant tout sur des fondements de fierté, d'accomplissement et de vision d'un avenir collectif plutôt que sur des regrets, des ressentiments et du repli sur soi.

Prenons par exemple la pérennité de la langue française. Elle n'est nullement une question d'allégeance politique comme semblent le prétendre le PQ. Qu'importe le gouvernement au pouvoir, elle est en déclin et en perdition depuis de très nombreuses années. À Montréal, le bilinguisme est requis pour presque tous les postes quand ce n'est pas la maîtrise des deux langues tant à l'oral qu'à l'écrit. S'inquiéter maintenant est déjà trop tard. C'est dès le primaire que le niveau adéquat de maîtrise du français doit être atteint par une rehausse des exigences et un retour à la création littéraire (lecture et écriture). Car des lacunes dès cet âge seront irréversibles jusqu'à l'arrivée à l'université ou sur le marché de l'emploi.

Bref, je suis de plus en plus convaincue que les partis politiques tels qu'on les connaît avec leur chef(f)e et leurs lignes de parti sont obsolètes et déconnectés de la réalité. La place n'est plus aux luttes de pouvoir entre des chefs, aux squelettes sortis du placard, aux jacasseries en tous genres. Ça tourne au ridicule et ça enlève les lettres de noblesse à l'art politique, le vrai. Je prône une politique plus locale avec un renforcement de l'autonomie des villes. Ce sont elles qui offrent une proximité avec les citoyens et qui permettent une mobilisation et une participation collective. Dans notre contexte actuel, les paliers décisionnels entre les systèmes provincial et municipal sont trop nombreux, trop compliqués, trop onéreux. « Less is more » comme dirait l'autre.

Ah, que j'aurais aimé avoir vingt ans dans les années 70. L'époque était aux projets, à l'espoir. Tout était possible. Aujourd'hui, on voit s'écrouler ce qui a été construit. Aux plus jeunes générations, on ne parle pas de construction mais de reconstruction. On ne fait pas miroiter des projets mais plutôt des problèmes de société ou des peurs du lendemain. Enfin, si l'on en croit les propos de désillusionnés ou de fous de pouvoir... (vous voyez de qui je parle).

Pour ma part, je ne les écoute plus. Je préfère me tourner vers ceux et celles qui rêvent et qui créent sur le terrain. C'est là que l'on bâtit vraiment.

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