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La loi 101 n'est pas un ersatz pour la souveraineté

Personnellement, je suis très mal-à-l'aise de penser que le Québec va limiter le droit de nos jeunes adultes qui veulent fréquenter le cégep de choisir l'institution qui correspond le mieux à leur choix de vie et à leurs ambitions. Est-il légitime de restreindre l'accès aux cegeps anglophones aux seuls étudiants dont le père ou la mère a reçu son éducation primaire et secondaire en anglais au Canada? Pourquoi permettre à un jeune adulte francophone de fréquenter l'Université McGill, mais pas le Collège Dawson? Quel genre de société voulons-nous construire?
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CP

La loi 101 ne peut pas, à elle seule, faire du Québec un État français. Ce n'est que par la souveraineté du Québec qu'on pourra y arriver, car tant que le Québec restera une province canadienne, il restera forcément une province bilingue dans un pays bilingue. D'ailleurs, les auteurs de la loi 101, le Dr Camille Laurin et René Lévesque, l'avaient bien compris et ils l'ont affirmé à plusieurs reprises. Ils étaient en particulier bien conscients que la loi 101 comporte un élément restrictif limitant la liberté de choix des citoyens et qu'il fallait limiter ses effets contraignants à ce qui était strictement nécessaire. C'est pourquoi la loi 101 ne s'applique pas aux écoles purement privées ni aux cegeps.

Doit-on aller plus loin et étendre la portée de la Charte de la langue française? Possiblement, notamment dans la règlementation de la langue de travail. Encore trop souvent, la langue du patron l'emporte sur celle des employés, surtout dans les plus petites entreprises. Il y a également des progrès à faire dans la langue de l'affichage et du commerce, où les pratiques nord-américaines tendent à s'imposer.

Mais la chose est plus complexe en ce qui concerne la langue d'éducation. D'abord il y a le problème des écoles-passerelles rendues possibles par l'article 23 de la Charte canadienne des droits: le Québec est en droit de faire tout ce qu'il peut pour limiter les dégâts que lui a imposés, en 1982, le rapatriement de la constitution sans son consentement. Malheureusement, la chose ne sera pas facile étant donné qu'on ne peut pas invoquer la clause nonobstant à l'encontre de cet article de la Charte canadienne. En ce qui concerne l'accès aux cegeps anglophones, la question n'est pas de nature juridique mais politique. Et, je dirais, de philosophie politique. Personnellement, je suis très mal-à-l'aise de penser que le Québec va limiter le droit de nos jeunes adultes qui veulent fréquenter le cégep de choisir l'institution qui correspond le mieux à leur choix de vie et à leurs ambitions. Est-il légitime de restreindre l'accès aux cegeps anglophones aux seuls étudiants dont le père ou la mère a reçu son éducation primaire et secondaire en anglais au Canada? Pourquoi permettre à un jeune adulte francophone de fréquenter l'Université McGill, mais pas le Collège Dawson? Quel genre de société voulons-nous construire?

La loi 101 n'est pas un ersatz pour la souveraineté du Québec. Il ne faudrait pas que notre incapacité collective à prendre en main nos destinés nous amène dans des chemins de plus en plus restrictifs à la liberté de choix de nos concitoyens.

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