Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Perspectives de la campagne présidentielle aux États-Unis

« Ben Laden est mort, General Motors est en vie ». Voilà le slogan de campagne proposé par le vice-président Joe Biden lors de la récente Convention du Parti démocrate. Quel que soit l'impact de cette formule, il est clair que la grande manifestation partisane a donné un léger avantage aux Démocrates en dépit de l'état lamentable de l'économie. Jamais, dans l'histoire récente, un président américain n'a été réélu alors que le taux de chômage dépassait 7,2%. Barack Obama fera-t-il mentir cette règle impitoyable avec un taux qui dépasse 8%?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
FILE - In 2012 file photos President Barack Obama, left, Talks to reporters in Washington on June 8 and former Massachusetts Gov. Mitt Romney speaks during a campaign stop in Cincinnati, Ohio, on June 14. When it comes to the economy, half of Americans in a new poll say it won't matter much whether Barack Obama or Mitt Romney wins the presidential election. (AP Photo/Scott Applewhite, left, and Evan Vucci, file)
AP
FILE - In 2012 file photos President Barack Obama, left, Talks to reporters in Washington on June 8 and former Massachusetts Gov. Mitt Romney speaks during a campaign stop in Cincinnati, Ohio, on June 14. When it comes to the economy, half of Americans in a new poll say it won't matter much whether Barack Obama or Mitt Romney wins the presidential election. (AP Photo/Scott Applewhite, left, and Evan Vucci, file)

« Ben Laden est mort, General Motors est en vie ». Voilà le slogan de campagne proposé par le vice-président Joe Biden lors de la récente Convention du Parti démocrate. Quel que soit l'impact de cette formule, il est clair que la grande manifestation partisane a donné un léger avantage aux Démocrates en dépit de l'état lamentable de l'économie. Jamais, dans l'histoire récente, un président américain n'a été réélu alors que le taux de chômage dépassait 7,2%. Barack Obama fera-t-il mentir cette règle impitoyable avec un taux qui dépasse 8%?

Les avantages d'Obama

Pour le moment, Obama est en avance dans les États clés sur lesquels se concentre la campagne. En raison du système d'élection par un collège électoral où, dans la plupart des États, les membres de ce collège votent tous de la même façon selon le vote populaire, plusieurs États sont déjà acquis à l'un ou l'autre des candidats. La campagne est pratiquement terminée dans des États comme la Californie, New York, Illinois et autres (gains assurés pour Obama), Texas, Arizona et autres (gains assurés pour Romney). Reste une dizaine d'États qui pourraient pencher d'un côté ou de l'autre. C'est là que se jouera la campagne d'ici le 6 novembre.

L'avance du président est attribuable à plusieurs facteurs. D'abord sa personnalité. Même si Obama est souvent jugé hautain et froid, il attire tout de même la sympathie, bien davantage que son adversaire Mitt Romney qui n'arrive pas à passer la rampe. De plus, les politiques sociales du président lui attirent une nette préséance chez les femmes. Il jouit aussi d'une forte popularité chez les Latinos (personnes issues de l'immigration d'Amérique latine).Ses prises de position en matière d'immigration lui valent la faveur de cette population en forte croissance. Le programme du Parti républicain qui ferme la porte à la régularisation des immigrants illégaux est plutôt mal reçu par les Américains issus de l'immigration. Enfin, le vote des Afro-Américains est toujours assuré pour le premier président noir de l'histoire des États-Unis.

Les trois débats qui auront lieu au cours du mois d'octobre pourraient être déterminants quant à l'issue de la campagne. Les deux candidats s'y préparent déjà et les arguments ne manquent pas de part et d'autre pour déstabiliser l'adversaire. Le moindre écart dans la prestation de chacun pourrait être fatal. Or, il semble bien qu'Obama soit en meilleure posture dans ce domaine. Il est certainement meilleur orateur queMitt Romney toujours enclin aux gaffes. Il sait habituellement faire preuve d'une contenance remarquable. Il pourrait bien dominer les débats.

Les avantages de Romney

Par contre, le candidat républicain représente toujours un espoir de changement. Il domine nettement auprès des hommes blancs de la classe moyenne chez qui l'argument individualiste traditionnel pèse toujours très lourd. « Ce sont des individus qui ont fait la grandeur de l'Amérique », proclamait Ronald Reagan. Cette affirmation touche encore profondément la fierté du mâle américain prompt à recourir à ses propres moyens et à dénoncer les entraves dans l'atteinte de ses objectifs.

Le candidat républicain est aussi favorisé par les lois électorales. Selon une tradition anachronique, chacun des États de l'Union est responsable du processus de l'élection du président. Une majorité d'entre eux est contrôlée par des Républicains qui s'évertuent souvent à imposer des règles strictes et parfois tatillonnes comme l'obligation de détenir une carte d'identité, la limitation du vote par anticipation ou d'autres mesures discriminatoires. L'effet de ces règles est de limiter le vote de certaines catégories de citoyens susceptibles de voter démocrate. On se souvient de la situation rocambolesque de la Floride à l'élection de 2000.

Enfin, des événements inattendus peuvent toujours affecter considérablement la candidature fragile du président sortant. Par exemple, une grave intensification de la débâcle économique ou une crise internationale. On sait notamment que le premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahou, fera tout ce qu'il peut pour faire battre Obama qu'il accuse sans cesse de faiblesse à l'endroit de l'Iran et de son programme nucléaire. S'il fallait qu'Israël exécute sa menace de bombarder les installations nucléaires iraniennes, Obama se trouverait en fort mauvaise posture. S'il volait au secours de son allié, il précipiterait une crise grave au Moyen-Orient : un cauchemar pour les États-Unis. S'il s'abstenait d'intervenir, il serait aussitôt accusé par son adversaire d'abandonner un allié fidèle et de manquer de leadership. Dans les deux cas, l'effet immédiat pourrait favoriser le candidat républicain.

Des lendemains difficiles

Si Obama parvient à se faire réélire, cela pourra fort bien se traduire par une victoire à la Pyrrhus. En effet, non seulement les problèmes demeurent-ils toujours énormes pour un président américain dans le contexte mondial actuel, mais il semble bien qu'un Obama se trouverait à nouveau à faire face à une Chambre des Représentants dominée par les Républicains. Il se peut aussi que les Démocrates perdent le contrôle du Sénat qui joue un rôle primordial quant à la nomination des juges, celle des diplomates et la ratification des traités. Même si la majorité des sièges de la Chambre haute appartenait toujours au parti du président, il apparaît à peu près impossible que cette majorité atteigne le 60% qui la mettrait à l'abri des tracasseries de la minorité, comme la menace du flibustier. Les Démocrates sont encouragés par la perspective d'un leadership républicain qui ne pourrait plus poursuivre l'objectif de faire battre le président à la prochaine élection puisque ce serait un dernier mandat pour Obama. On espère donc que les compromis seraient désormais possibles. Des espoirs bien fragiles!

D'autre part, si Mitt Romney devenait président, tout ce qu'on pourrait espérer, c'est qu'il en vienne à modifier son programme de sorte à sauvegarder l'essentiel de la sécurité sociale et aussi certains éléments de l'Obamacare, le programme d'assurance-maladie qui devrait entrer en vigueur en 2014. Pour le moment, à regarder l'ensemble du programme républicain, on voit mal en quoi il se distingue de celui des années 2000 qui ont précipité le désastre économique actuel. On a beau ignorer l'héritage de George W. Bush, son ombre plane toujours une future présidence Romney, avec en moins le conservatisme de compassion qu'affectionnait l'élu (?) de 2000.

Chose certaine, le président des États-Unis de 2013, quel qu'il soit, est appelé à une tâche herculéenne. Face à une population mécontente, il devra gérer d'une manière ou de l'autre un déclin relatif de la puissance américaine.

C'est à suivre avec un immense intérêt, surtout pour nous qui sommes condamnés à vivre dans l'orbite américaine.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.