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Barack Obama à son meilleur

Devant les travailleurs de l'automobile réunis en congrès à Washington, le 27 février dernier, Obama prononce un discours singulièrement inspiré qui rappelle les beaux moments de la campagne de 2008. Il peut se targuer d'être parvenu à sauver l'industrie automobile avec une audacieuse intervention pour venir en aide à General Motors qui a repris aujourd'hui son premier rang mondial.
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Ils sont plusieurs aux États-Unis et ailleurs pour déplorer que Barack Obama ait trahi les espérances qu'il avait suscitées en 2008 et 2009. L'audace de l'espoir semble s'être émoussée sur le seuil de la Maison Blanche. Obama s'engageait à changer le cours des choses à Washington, mais rien n'a changé. La même petite politique semble bien suivre son cours. La prison de Guantanamo est toujours là avec ses prisonniers qui n'ont pas droit à la justice comme s'ils étaient des sous-humains. Les Américains sont toujours déçus de l'orientation de leur pays. Le taux de chômage est encore trop élevé. Même si le Parti républicain s'enfonce dans la décrépitude et le ridicule, son aspirant présidentiel le plus vraisemblable, Mitt Romney, toujours soumis aux contestations, menace encore de déloger Barack Obama.

Obama a fait ce qu'il a pu

Et pourtant! Plusieurs des promesses de 2008 ont été réalisées. Un audacieux plan de relance a été mis en marche, des programmes de travaux d'infrastructures ont été mis sur pied, la loi Dodd-Frank a imposé de lourdes règlementations aux milieux financiers, un régime d'assurance-maladie, si imparfait soit-il, a été adopté. Il est bien vrai que le président a dû renoncer à ses ambitions en matière d'environnement et d'immigration. Il a peut-être baissé les bras trop tôt. Il s'est peut-être obstiné trop longtemps à chercher des compromis avec ses adversaires républicains et les conservateurs de son propre parti au Congrès. Il ne prévoyait pas sans doute à quel point la hargne de ses ennemis allait produire ses effets dès les premiers mois de sa présidence. Les premiers rassemblements du Tea Party datent du printemps 2009. Alors même que plusieurs démocrates du Congrès hésitaient à appuyer leur président, les républicains ont eu tôt fait de se rallier à une exceptionnelle discipline partisane pour contrer à peu près tout ce que proposait la Maison Blanche. Il n'en fallait pas plus pour qu'Obama apparaisse comme un président faible, impuissant, paralysé.

Malgré tout, Obama n'a pas flanché. Et voici que, depuis quelque temps, le vent tourne en sa faveur. Il remporte des victoires au Congrès en forçant les républicains à appuyer le maintien de baisses d'impôts sur les salaires de la classe moyenne. Il apparaît maintenant comme le champion des travailleurs et de la classe moyenne face aux républicains qui se couvrent de ridicule en persistant dans leur refus de taxer les riches d'une manière équitable.

Un discours inspiré

Devant les travailleurs de l'automobile réunis en congrès à Washington, le 27 février dernier, il prononce un discours singulièrement inspiré qui rappelle les beaux moments de la campagne de 2008. Il peut se targuer d'être parvenu à sauver l'industrie automobile avec une audacieuse intervention pour venir en aide à General Motors qui a repris aujourd'hui son premier rang mondial. Il peut ridiculiser, sans le nommer, un Mitt Romney qui continue de critiquer ce plan de sauvetage. Pour contrer les républicains qui n'ont de cesse de se présenter comme les gardiens des valeurs et de la morale, il fait montre de ses propres valeurs sociales:

Vous voulez parler de valeurs? Le dur travail, voilà une valeur.

Nous préoccuper les uns des autres, voilà une valeur. Le principe selon

lequel nous sommes tous dans le même bain, que je suis le gardien de

mon frère, le gardien de ma sœur, voilà une valeur. Mais on parle toujours

de vous [les travailleurs syndiqués] comme si vous ne représentiez

que des intérêts spéciaux qui doivent être battus en brèche. Depuis

quand les les hommes et les femmes qui travaillent fort sont-ils des

intérêts spéciaux? Depuis quand l'idée de l'entraide mutuelle est-elle

une mauvaise chose?

Voici donc l'Obama des beaux jours, celui qui s'inspirait de son modèle, Martin Luther King, pour éveiller les foules à une meilleure conscience sociale, voire à une juste interprétation de l'évangile chrétien. Le mot religion n'est pas apparu dans le discours du président, mais ses paroles ne traduisent-elles pas ce qu'il y a de meilleur dans le sentiment religieux? De quoi faire paraître les Rick Santorum de ce monde comme des Pharisiens!

De quoi surtout rappeler aux Américains et au reste du monde que le rêve américain ne tourne pas à l'individualisme égoïste et à la croissance des inégalités.

Durant la campagne de 2008, Obama avait été malmené pour avoir osé parler de la nécessité de redistribuer les richesses. Il persiste et signe en 2012 et pourrait bien prévaloir en dépit de ceux qui lui reprochent d'alimenter la lutte des classes. Il faudrait seulement que l'économie continue sa lente remontée, que le chômage baisse encore de quelques points et que rien d'autre ne vienne perturber l'horizon. Mais il faut encore beaucoup d'audace pour espérer!

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