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Gros mots féministes ou comment différencier le compliment du sexisme

Il faut apprendre à différencier le compliment gentil et flatteur de la pure obscénité et du mauvais goût et, je le crois, les hommes en sont généralement capables.
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Ce que les féministes revendiquent avant tout, c’est que notre «Non!» soit entendu, et non étouffé dans une foulée de cris protestants que, si on a voulu avoir la libération sexuelle et le droit au plaisir, il est trop tard pour les demies-mesures.
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Ce que les féministes revendiquent avant tout, c’est que notre «Non!» soit entendu, et non étouffé dans une foulée de cris protestants que, si on a voulu avoir la libération sexuelle et le droit au plaisir, il est trop tard pour les demies-mesures.

«Féminazie», femme enragée, chasseuse de tête de tous les hommes de ce monde : dès qu'on se proclame féministe sur quelque plateforme sociale que ce soit, on reçoit aussitôt, de part et d'autre, ce genre d'étiquettes visant à diaboliser ce mouvement prônant, on le rappelle, l'égalité. D'ailleurs, si un sujet se prête à tel discours, certains montent aux barricades et dès lors, c'est la guerre aux caricatures. C'est spécialement le cas, selon mes observations, lorsqu'on aborde la culture du viol. Dans un autre texte publié sur le HuffPost récemment, un blogueur soutenait que désormais, les hommes n'ont plus le droit d'aimer les femmes parce qu'ô ciel, messieurs, un pauvre compliment pourrait être mal interprété dans cette culture cruelle, qui vous met tous dans le même panier. Bien sûr, après tout, quel est ce monde dans lequel on ne peut plus siffler une femme tranquille, en lui demandant d'un mouvement à peine implicite de nous montrer ses seins, sans être accusé de harcèlement sexuel? Mais, merci à vous quand même, client louche qui m'a demandé d'ouvrir le haut de mon costume, un jour d'Halloween où je travaillais dans une épicerie; et merci à vous, jeune homme qui me traite de salope parce que je refuse ses avances.

C'est ça, pour vous, un homme qui ne peut plus montrer son érection, monsieur Blanchet-Gravel?

Il faut apprendre à différencier le compliment gentil et flatteur de la pure obscénité et du mauvais goût et, je le crois, les hommes en sont généralement capables.

Il faut apprendre à différencier le compliment gentil et flatteur de la pure obscénité et du mauvais goût et, je le crois, les hommes en sont généralement capables. Tout texte qui soutiendrait le contraire, affirmant qu'ils sont des créatures bestiales, avides de sexe et dangereuses, contribuerait à creuser le fossé que tout féminisme sensé s'efforcerait de faire disparaître. Cependant, demeure que certains hommes, au même titre que certaines femmes, n'ont pas la bienséance de se questionner sur l'envie de leur partenaire lorsqu'on en vient aux rapports sexuels et sociaux. Pour tous, «Non!» devrait vouloir signifier «Non!», plutôt que de constituer un obstacle à surmonter de gré ou de force ou un appel à la fameuse «friendzone», qui est généralement un argument appelant à la pitié de tous pour blâmer une personne de ne pas avoir envie d'entamer une relation avec une autre personne. Ainsi, si on doit toujours avoir recours aux termes de «culture du viol» et de «notions de consentement sexuel», c'est que certains n'ont pas encore compris qu'il ne s'agit pas de règlements stupides servant à réfréner tout homme voulant avoir des relations sexuelles (pourvu qu'elles soient consentantes!), mais bien de simples bases fondées sur les droits individuels de chacun. Par exemple, une femme a le droit de ne pas vouloir se faire toucher les fesses sous prétexte qu'on voyait une partie de sa cuisse à cause de sa jupe : telle excuse serait de mettre la faute sur la victime, qui n'est pas une aguicheuse simplement parce qu'elle s'habille selon ses propres goûts et parce qu'on voit sa peau, et c'est sur ce genre de commentaires malheureux qu'on base le concept de culture du viol. Vous sentez-vous castrés par cette incapacité à violer tout ce qui bouge, à commenter la poitrine d'une passante parce qu'elle vous plaît et par l'interdiction de justifier ces comportements par le physique de la victime? La plupart des hommes que je connais, intimes ou lointains, répondrait non et, si votre réponse est oui, c'est contre vous que les féministes se battent, pas contre tous ces hommes gentils qui soulignent que cette robe nous va si bien ou qu'on lui plaît (à moins que vous le fassiez en parlant directement dans nos seins).

Ce que les féministes revendiquent avant tout, c'est que notre «Non!» soit entendu, et non étouffé dans une foulée de cris protestants que, si on a voulu avoir la libération sexuelle et le droit au plaisir, il est trop tard pour les demies-mesures. Ce sera le plaisir, tout le temps, qu'on le veuille ou non! On l'a bien cherché, on n'avait qu'à ne pas vouloir jouir sans procréer. Et puis, si on voulait tant avoir droit à l'avortement, ce n'est pas si grave qu'un partenaire retire subitement le condom, après tout, maintenant, on peut décider ou non si on portera l'enfant. Pourquoi on se plaint, on a tout ce qu'on a toujours voulu, la «dickpic» en prime! Ce que l'on veut, c'est l'accès au plaisir dans un cadre sécuritaire et empreint de respect, plutôt que l'utilisation de caricatures ridicules servant à nous discréditer dans notre recherche de l'égalité.

C'est trop de blasphèmes à endurer que de demander de respecter la volonté de quiconque de gérer son corps et ses désirs sans être dégradé?

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