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La culture syndicale prédomine sur les intérêts du Québec

La paralysie du système d'éducation à laquelle nous assistons actuellement n'est que possible grâce au manque de courage politique du gouvernement.
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Les associations étudiantes ne sont pas des syndicats à proprement dit. Un syndicat est une organisation se voulant défenderesse des intérêts des salariés qu'il représente. Or, les étudiants ne sont pas des salariés, ils sont des clients bénéficiant d'un service public ou des prestataires dans certains cas puisque plusieurs bénéficient également du service des prêts et bourses en plus du système d'éducation déjà largement financé avec nos taxes et impôts. D'où la raison pour laquelle les étudiants n'ont aucun droit de grève légalement reconnu. Une entité syndicale se devrait de faire des revendications à l'endroit du patronat dans le but d'améliorer les conditions de travail de ses membres.

C'est là où la culture syndicale du Québec se compose dans toute sa particularité. Ils ne s'en tiennent plus à faire des revendications syndicales au nom de leurs membres, ils utilisent plutôt les cotisations de leurs membres afin de faire des revendications politiques. Les positions politiques sont quelque chose de très arbitraire en fonction de tous et chacun et il serait naïf de croire que parce qu'un syndicat prend une position politique celle-ci représente nécessairement l'intérêt de ses membres. Évidemment, ceux-ci se prétendront représentatifs de leurs membres puisque leurs orientations se votent dans des assemblées qu'ils organisent eux-mêmes, alors que tout le monde sait que le droit d'association est obligatoire, contrairement à une vraie assemblée politique où les gens ont le choix d'avoir ou non une carte de membre. Ce n'est donc probablement pas par hasard que les suffrages électoraux ne reflètent que très rarement une volonté politique assimilable à celle de tels groupes de pression organisés.

Autrement dit, les syndicats sont devenus des partis politiques déguisés. Partis politiques déguisés parce qu'ils posent les mêmes actions politiques que des vrais partis politiques, à l'exception que leurs moyens financiers sont irrévocables en vertu de la fameuse Formule Rand, tandis qu'un vrai parti politique doit se soumettre à la démocratie afin de pouvoir poursuivre ses activités.

La culture militante de gauche véhiculée par les mouvements syndicaux est donc à la base de l'émulation qui dirige les actions, maintenant d'ordre politique, des associations étudiantes. Tous les bons vieux préjugés de la gauche marxiste y sont : c'est la bataille des prolétaires contre les élites, ce sont les banques qui s'enrichissent sur le dos des pauvres, ce sont les mesures féministes non-mixtes au nom de l'égalité, c'est l'ordre policier contre la révolte de la classe populaire, l'économie du savoir, etc. Plusieurs ne reconnaissent même pas la légitimité de notre gouvernement démocratiquement élu puisque selon la plupart d'entre eux celui-ci est de toute façon corrompu par les intérêts corporatistes et financiers. Lorsque l'ensemble des personnes composant un groupe ne reconnaît pas la légitimité électorale, je n'ai aucun problème à affirmer que ce groupe cultive des valeurs antidémocratiques. À l'inverse, la « démocratie étudiante » n'est que valide grâce à la législation justement adoptée par un gouvernement démocratiquement élu.

À l'instar des syndicats qui bénéficient d'un clivage politique démesuré grâce à l'obsolète Formule Rand, le mouvement étudiant québécois bénéficie d'une loi unique garantissant sa pérennité, soit la loi sur l'accréditation et le financement des associations étudiantes adoptée en 1983 par le premier gouvernement péquiste de l'histoire du Québec sous son second mandat. Il est utile de rappeler que dans le contexte de l'adoption de cette loi, la culture syndicale installait déjà un climat social teinté par des grèves illégales paralysant l'ensemble du secteur public, impasse résolue grâce à l'adoption d'une loi spéciale que les partisans syndicaux appelèrent historiquement « la loi matraque ». Terme réutilisé en 2012 par les communications officielles des associations étudiantes afin de décrire la loi spéciale adoptée par le gouvernement Charest en vue de garantir l'enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire.

Nous pouvons donc être en désaccord avec les idéaux politiques que les représentants étudiants colportent, nous n'avons toutefois pas le choix de nous y associer d'office et d'y contribuer financièrement en vertu de la législation que nous subissons à cause du Parti québécois qui n'avait historiquement pas le courage de combattre les actions illégales dont le système public était victime. Ils ont ainsi choisi d'acheter la paix sociale et de concéder certaines libertés individuelles que nous avions afin de nous faire de nouveaux alliés politiques et ce même si l'article 2 de la Charte des droits et libertés garantie la liberté d'association en tant que liberté fondamentale.

Grâce à cette loi, les associations étudiantes bénéficient du droit de percevoir directement à la source des cotisations auprès de tous les étudiants. Ayant évidemment des bénéfices légaux, cette loi reconnaît également la légitimité d'un système dit démocratique où les dirigeants eux-mêmes en choisissent les paramètres à leur avantage. Ils ont également le privilège d'afficher, aux frais de l'établissement qui se doit de leur octroyer ce privilège, leur propagande militante dans les locaux et sur les babillards officiels. Toujours dicté par la loi, l'octroi d'un local par l'établissement d'enseignement permet donc aux associations étudiantes d'économiser leurs cotisations afin d'embaucher, à titre d'exemple, des employés permanents qui occuperont lesdits locaux.

La paralysie du système d'éducation à laquelle nous assistons actuellement n'est que possible grâce au manque de courage politique du gouvernement. Pourtant, il est faux de croire qu'une abrogation, voire l'abolition de cette législation favorable à la partie syndicale rajouterait de l'huile sur le feu. Nous vivons dans un État de droit démocratique, conséquemment ceux qui ne seraient pas d'accord avec de telles mesures n'auraient qu'à voter pour un autre gouvernement la prochaine fois. Et si à tout hasard certains partisans de la « démocratie étudiante » devaient choisir de se tourner vers l'extrémisme et verser davantage dans l'illégalité comme dernier recours afin de conserver les acquis syndicaux... Qu'on les accuse et qu'on les enferme, le cas échéant. C'est comme ça que devrait fonctionner une démocratie. Lorsqu'on viole la loi, on doit en subir les conséquences légales et lorsqu'on a de grandes revendications et que l'on se pense meilleur que le gouvernement afin de résoudre tous les conflits sociaux, il y a un moyen que nous nous sommes donné pour pouvoir pallier à ça. Il s'agit de se présenter aux élections.

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