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La création d'un Bureau de la liberté de la Religion a certainement pour but de satisfaire la base militante évangéliste du Parti Conservateur du Canada. Mais le message lancé par le gouvernement va beaucoup plus loin: désormais, le culte, les croyances, seront mieux protégés au Canada que l'accès aux connaissances scientifiques. Alors que la machine conservatrice s'emploie implacablement à intimider les scientifiques et à couper dans les programmes de recherche, il crée un organisme dont la mission sera de promouvoir le culte...
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CP

Il y a quelques jours, le gouvernement Harper a annoncé la création d'un Bureau de la liberté de la Religion. Le même jour, l'organisme Democracy Watch dénonçait le musellement des scientifiques qui remet en question l'accès du public à l'information et les fondements de notre démocratie. Ces deux événements en apparence non reliés démontrent la dérive dans laquelle le premier ministre a entraîné le Canada, où le dogme a maintenant préséance sur les connaissances, et/ou les libertés individuelles sont désormais soumises au filtrage du parti au pouvoir.

En annonçant la création du Bureau de la liberté de la religion, le premier ministre Harper a affirmé que : « La liberté de culte selon notre conscience est à la source de nos personnalités et donc à la source de toutes nos libertés ». Selon lui, le nouvel organisme « aidera à assurer que la protection de la liberté de religion informe toutes les politiques et les programmes du gouvernement du Canada.»

La création de cet organisme a certainement pour but de satisfaire la base militante évangéliste du Parti conservateur du Canada. Mais le message lancé par le gouvernement va beaucoup plus loin : désormais, le culte, les croyances, seront mieux protégés au Canada que l'accès aux connaissances scientifiques. Alors que la machine conservatrice s'emploie implacablement à museler et à intimider les scientifiques et à couper dans les programmes de recherche, il crée un organisme dont la mission sera de promouvoir le culte dans toutes les politiques gouvernementales.

Les coupures ne se font pas que dans les programmes de recherche gouvernementaux : le gouvernement Harper démantèle aussi les institutions qui ont pour mission de contribuer à l'éducation scientifique de nos enfants. C'est le cas de la Biosphère, sacrifiée au printemps dernier, et bientôt du Centre des Sciences de Montréal, institution phare de l'éducation scientifique visitée par 10 millions de personnes depuis son ouverture. Les remplacera-t-on par un Musée où l'on enseignera aux enfants comment Dieu a créé le monde en sept jours ?

Une fois ces institutions perdues, plusieurs générations d'enfants ne pourront plus être initiées aux connaissances scientifiques. La pensée critique et les connaissances sont les assises mêmes de la libre participation citoyenne à la démocratie. L'accès à l'information et à la science aussi. En contrôlant l'information et les connaissances, le gouvernement Harper s'approprie un pouvoir qu'aucun gouvernement ne devrait avoir.

Mes croyances, et celles de ma famille, ce sont la science et les faits. J'ai foi en la science, en la pensée critique qui nous permet ensemble de progresser comme société. Je ne choisis pas de croire, ou de ne pas croire aux faits en fonction de mes opinions ou de mes intérêts. Les changements climatiques, par exemple. Je sais qu'ils existent parce qu'il s'agit d'un phénomène qui s'observe et qui se mesure avec la méthode scientifique. Les pétrodollars n'achètent pas la réalité.

Surtout, surtout, je n'accepte pas que mon gouvernement s'accorde le droit, que je ne lui ai pas délégué de filtrer les connaissances et de priver mes enfants d'éducation scientifique. Être athée, être un citoyen engagé et fonder ses opinions sur les faits relève aujourd'hui de l'exploit, justement parce que des gens s'emploient chaque jour à nous gaver de propagande et de publicité.

Préserver l'espace intellectuel qui nous permet de comprendre et de relever les défis de notre époque devrait être une priorité. Inculquer à nos enfants la curiosité scientifique, la pensée critique et le dialogue démocratique aussi.

Ce gouvernement fait depuis trop longtemps la preuve qu'il usera de tous les moyens pour imposer sa vision du monde. Je suis exposé chaque jour à des menaces et à des représailles parce que je défends la science du climat, les sciences environnementales et le droit de partager librement les connaissances.

C'est pourquoi j'estime que nous avons besoin d'un bureau de la liberté de la science.

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