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Le rapport du GIEC confirme une certitude sans précédent

Le 5e rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) vient d'être publié. Il confirme avec un degré de certitude sans précédent ce que nous savions déjà: le réchauffement climatique est réel, il est causé par l'homme, et le temps commence à manquer pour éviter un dérèglement dangereux et irréversible du climat mondial.
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Le 5e rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a été publié le 27 septembre. Ce rapport nous confirme avec un degré de certitude sans précédent ce que nous savions déjà : le réchauffement climatique est réel, il est causé par l'homme, et que le temps commence à manquer pour éviter un dérèglement dangereux et irréversible du climat mondial.

La preuve statistique du réchauffement climatique est passée de 50% en 1995, à 66% en 2001, 90% en 2007, et maintenant à 95%. C'est un degré de certitude similaire à celui que nous avons à l'effet que le tabagisme peut provoquer certains cancers. Un degré de certitude suffisant pour avoir déclenché des mesures exceptionnelles et ambitieuses de lutte au tabagisme dans les pays occidentaux depuis une génération.

Bien sur, certains continuent de prétendre que l'on peut fumer sans être malade. On a tous entendu l'histoire d'un grand-père qui a vécu centenaire tout en fumant un paquet de cigarettes par jour. Mais ce sont des cas d'exception qui n'ont aucune valeur statistique en regard des millions de décès provoqués par la cigarette.

Sur la question du climat, certains prétendent aujourd'hui que le réchauffement s'est arrêté en se basant sur l'année 1998, année anormalement chaude. Ils confondent encore l'anecdote et la preuve statistique. La vérité est que la décennie 2000-2010 a été la plus chaude jamais mesurée. La seconde était la décennie 1990-2000. Le réchauffement est réel, mais il n'est pas linéaire. Ainsi il est toujours possible qu'une année donnée soit plus chaude ou plus froide que la précédente.

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Le rapport du GIEC nous apprend aussi qu'une intensification du cycle hydrologique est observable, de même qu'une intensification des événements météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur ou les inondations. Ces données sont corroborées par les chiffres des compagnies d'assurance et de réassurance qui ont depuis longtemps sonné l'alarme. Le GIEC révise aussi à la hausse ses prévisions d'élévation du niveau de la mer.

Le GIEC nous dit également que la fenêtre qui nous permettrait d'éviter un dérèglement grave et irréversible du climat est sur le point de se refermer. Alors que les concentrations de gaz à effet de serre ont dépassé 400 ppm cette année et que les émissions mondiales continuent de croître, on risque aujourd'hui un réchauffement de 0,3 à 5 degrés durant le présent siècle. Des chiffres inquiétants lorsque l'on sait que la température mondiale était à peine 5 degrés plus froide lors de la dernière glaciation.

Devant un tel constat, le rapport du GIEC nous place devant un choix clair. Avec 95% de certitude que nos émissions de GES provoquent un réchauffement aux conséquences inconnues et potentiellement dangereuses pour notre civilisation, nous est-il permis de nous camper dans l'inaction sous prétexte qu'il reste 5% de probabilités que nous nous soyons trompés, ou parce que le rythme de réchauffement est un peu plus lent ? Si certains affirmeront sans ambages qu'une telle position est prudente et responsable, c'est tout le contraire. La prudence et la responsabilité exigent une action immédiate. Nous avons désormais suffisamment de certitude pour agir de manière décisive sur le front climatique.

Nous prendrons d'ici quelques années, au Québec, au Canada comme ailleurs, des décisions capitales qui engageront les prochaines générations. Le GIEC nous a déjà dit depuis plusieurs années que nous devons réduire nos émissions de plus de 85% d'ici 2050. Or, les infrastructures énergétiques que nous construisons aujourd'hui, comme les oléoducs et la production pétrolière supplémentaire qu'ils permettront, génèreront des émissions polluantes pendant une génération et plus, et ces émissions resteront dans l'atmosphère pendant plus de 100 ans. C'est donc dire qu'au-delà de nos intérêts économiques à court terme, nous devons considérer les effets cumulés de nos actions et leurs impacts sur notre sécurité à long terme.

Heureusement nous avons plusieurs raisons d'être optimistes : les investissements dans les énergies renouvelables ont dépassé les investissements dans les énergies fossiles en 2010. Selon Bloomberg, les investissements dans les énergies et les technologies propres ont fait un bond de 163% au troisième trimestre. Le virage vers une économie verte s'accélère et crée de nouvelles occasions d'affaires et de nouveaux emplois. Nous n'avons plus à choisir entre l'économie et l'environnement.

Nous sommes donc placés devant un choix fondamental : rejeter la science et ne rien faire, ou admettre les faits et agir. Plus nous attendrons pour agir, plus les efforts qui devront être faits pour réduire nos émissions seront draconiens et coûteux. Et plus les coûts de l'adaptation aux changements climatiques seront élevés. En un mot, l'inaction revient à léguer à nos enfants une double hypothèque pour une maison en feu.

Devant une probabilité aussi grande que nos actions endettent à ce point nos enfants pour l'avenir, la prudence et la responsabilité nous dictent d'agir. Comme pour le tabagisme il y a une génération, nous entrons dans une nouvelle ère où le déni n'est plus possible. Il est temps d'en prendre acte.

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