J'avais pris une trêve, il y a un an. Je n'écris plus sur les accommodements raisonnables ou le sujet de l'immigration. Je me suis dit qu'il fallait passer à autre chose. J'ai cru que certains journalistes et politiciens zélés ont compris une chose importante: pour intégrer les immigrants, il ne faut pas les stigmatiser dans les médias et surtout pas dans des lois.
La dernière sortie de Bernard Drainville m'a cependant troublé. Il veut une loi 101 des valeurs et «hérouviller» le Québec. Désormais, les choses ne changeront pas.
Imaginez la chose: une loi qui cible une minorité. Car c'est le cas. Le ministre Drainville le dit lui-même: «Les Québécois ne veulent plus que des questions d'accommodement déraisonnable nous fassent reculer sur certaines valeurs qui nous sont chères». Ça vous rappelle quelque chose? L'histoire a montré que cibler les minorités dans des lois (une loi pardi!), ça mène à des dérapages déplorables.
Selon Monsieur Drainville, «l'un des objectifs est d'offrir un cadre permettant de baliser les demandes d'accommodement religieux,» pour faire «de l'égalité entre les hommes et les femmes un élément incontournable». C'est sûr que l'élément «égalité entre les hommes et les femmes» est important. Mais ne nous le cachons pas: c'est l'élément vendeur de cette loi, et celui-ci est basé sur un préjugé. Celui qui suppose que les gens qui arrivent ici ne comprennent pas cette notion. Que ce sont des méchants batteurs de femmes qui n'ont pour but dans la vie que domestiquer leurs femmes. Ma réponse au ministre Drainville, c'est qu'au contraire, la qualité des gens arrivant ici fait que ce seront les premiers à sortir dehors pour scander des slogans pour l'égalité homme-femme.
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Et puis, comment le Parti québécois va-t-il faire appliquer cette loi? Verra-t-on des pures laines xénophobes, qui comprennent à peine les lois, crier à une femme sans histoire: «Hé toué avec ton chiffon sur la tête, icitte on est au Québec! Y a une loi contre cela! Casse toué chez vous». J'en rajoute un peu, mais c'est fort imaginable.
M. Drainville veut créer une crise, pas l'empêcher comme il le prétend. Rappelons-nous de 2007. Ce sont les médias et l'ADQ qui ont créé la crise, pas les immigrants avec quelques évènements anecdotiques qu'on veut recréer comme avec la Ronde tout dernièrement. Nous nous rappelons tous de la photo du Journal de Montréal dans une cabane à sucre ainsi que d'autres histoires absurdes alimentées par Richard Martineau et compagnie.
Ce qu'il faut ce n'est pas une loi, mais du leadership. Amener les gens ensemble, créer des liens entre eux et les adhérer à des valeurs communes, ça prend des Nenshis. Pas des «geeks» législateurs. Les libéraux ont presque échoué alors qu'ils allaient réussir, s'ils avaient appliqué les recommandations Taylor-Bouchard. Le PQ va ajouter une coche de plus dans l'échec: promulguer une loi qui cible les immigrants. Que dis-je? Contre les immigrants.
Les pauvres immigrants - sur lesquels certains n'arrêtent pas de faire du «bashing» - ont besoin d'une meilleure intégration au marché du travail. Pas de lois qui les infantilisent. Les faire participer dans les sphères politique, sociale et économique. Pas les humilier. Je parle au nom de la majorité d'immigrants qui veulent bâtir un monde meilleur avec les Québécois, pas de cas extrêmes comme ceux qui se lavent les pieds dans les lavabos. Il y a une grande différence entre manque de civisme et de jugement, et non-respect des valeurs d'une société.
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