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Mayweather/McGregor ou pourquoi les hommes se battent

Ce n'est pas vraiment un hasard si les sports de combat et les Nautilus Plus attirent autant les jeunes (et les moins jeunes) hommes.
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Ce billet n'est pas vraiment à propos du combat qui a eu lieu le 26 août, opposant l'un des meilleurs boxeurs défensifs de l'histoire, si ce n'est le meilleur, contre le charismatique artiste d'arts martiaux mixtes, détenteur de 2 ceintures UFC dans des catégories de poids différentes (il s'en est fait retirer une, mais ne l'a pas perdue aux mains de quiconque). Le boxeur a gagné le match de boxe. C'était pratiquement écrit dans le ciel. Non, ce billet est à propos du standard de masculinité chez l'homme.

« Se battre à mains nues, voilà qui est barbare! », hurlent en chœur les modernes et les gens civilisés. Ils n'ont pas tort. Mais il y a des raisons scientifiques expliquant cette barbarie. Qu'elle se passe dans un ring ou dans la rue. Des raisons nous indiquant que partout où il y a, a eu et aura des civilisations, les hommes continueront à combattre et à mourir (les femmes aussi, mais en proportion très moindre). En partie parce que le standard masculin renvoie à la question d'honneur et de respect.

Que signifient l'honneur et le respect pour les hommes? Pour en donner un exemple frappant, reculons un peu dans le passé et revenons à l'époque des duels aux pistolets du XIXe siècle. Le 23 novembre 1801, un des pères fondateurs des États-Unis, Alexander Hamilton (une comédie musicale sur sa vie a débuté en 2015) affronte Aaron Burr, le vice-président américain. Hamilton prend une balle dans le flanc et meurt dans de terribles souffrances environ 38 heures après. La raison du duel? Burr avait tenté de détruire sa réputation dans les journaux. Moins de trois ans auparavant, le fils de Alexander Hamilton mourrait lui aussi d'une balle de pistolet. La raison du duel? Des échanges d'insultes avec son adversaire, dont un damned rascal qui a été lancé, ce terme étant un appel au duel direct à cette époque. L'honneur et le respect pour les Hamilton, leurs adversaires et leurs contemporains, c'est de ne pas se faire marcher sur les pieds par quiconque et surtout, d'aller jusqu'au bout de nos arguments si la situation y oblige. Même si pour ce faire, on doit y laisser sa peau.

Les hommes sont 40% plus lourds et possèdent 60% plus de masse musculaire maigre, 80% plus de masse musculaire dans les bras et 50% de plus dans les jambes que les femmes.

Évidemment, les sociétés évoluent et la violence décline. Ce qui s'est passé au XIXe siècle peut nous paraître loufoque à travers nos yeux de modernes. Sauf qu'en considérant l'homme comme étant lui-même le fruit de l'évolution, nous pouvons entrevoir une continuité entre les Hamilton, tous ceux qui sont venus avant les Hamilton et nous. Oui, nous en 2017, dixit Justin Trudeau. La continuité est la suivante : en moyenne, l'homme est beaucoup plus fort physiquement que la femme. Les hommes sont 40% plus lourds et possèdent 60% plus de masse musculaire maigre, 80% plus de masse musculaire dans les bras et 50% de plus dans les jambes que les femmes. Pour citer un anthropobiologiste sur le sujet, « La différence sexuelle entre la masse musculaire du haut du corps chez les humains est similaire à la différence sexuelle de celle des gorilles » (p. 74). Et les gorilles mâles sont deux fois plus gros que les femelles. Ils sont charpentés ainsi en raison de la compétition sexuelle qui régit leur espèce. Similairement à nous.

Il n'existe pas de standard de masculinité sans force. Je dis cela sans plaider en faveur d'une babouinisation encore plus prononcée du comportement masculin : nos rangs comptent déjà assez de gibbons mal léchés comme ça. Et il y a une différence entre partager des traits génétiques communs avec un gorille et agir comme un orang-outang. Ce que je dis, c'est qu'il n'y a rien de très complexe à propos du standard de masculinité. Il s'agit simplement d'être fort, dans tous les sens du terme.

Traiter un homme de poule mouillée est l'équivalent de traiter une femme de pute.

Une étude qui a analysé 30 cultures différentes (Measuring sex stereotypes. A thirty nation study.), dont la Finlande, le Zimbabwe, le Pakistan et la Bolivie, vient appuyer cette affirmation. Au sein de chacune des cultures (à l'exception d'une, mais pas toujours la même), l'homme est vu comme étant plus actif, aventurier, dominant, indépendant, fort, agressif, autoritaire et robuste. Les découvertes sur le sujet confirment que les rôles de genre ont une base biologique : la masculinité n'est pas une invention sociale (bien qu'elle soit inévitablement mère, sœur et fille du social). Le standard féminin de féminité est lié à la question d'honneur et de respect lui aussi, mais de façon différente. Traiter un homme de poule mouillée est l'équivalent de traiter une femme de pute. Les deux insultes visent le cœur du standard, car ils s'en prennent à notre honneur (ne pas être perçue comme étant une « fille facile » pour une femme – voir le slut-shaming pour un exemple concret) et le respect qu'ont les autres envers nous (ne pas être un faiblard, un fif, pour les hommes).

Ce n'est pas vraiment un hasard si les sports de combat et les Nautilus Plus attirent autant les jeunes (et les moins jeunes) hommes. Ils recherchent la force et la confiance en soi que procure cette force. Et, compétition sexuelle oblige, ils recherchent les muscles ou l'apparence de vitalité physique qui vient avec le levage de charges. Car bien que les femmes recherchent la gentillesse et l'intelligence chez les hommes, elles gravitent aussi autour de signes de dominance tels que ceux exhibés par les athlètes qui ont du succès. Les attributs que possèdent les hommes pour pouvoir rivaliser entre eux (physiquement, économiquement et socialement), sont des attributs recherchés par les femmes. Les stéréotypes n'ont pas tout faux (p. 103 et 120).

Pour les partisans de Conor (j'en suis), je conclus ici avec un commentaire anonyme que j'ai vu sur You Tube récemment. Ça m'a fait sourire: « The Champ won the fight and Mayweather did ok».

Avril 2018

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