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10 choses qu'une fille d'alcoolique veut que vous sachiez

De nombreux adultes autour de nous, parfois sans que vous vous en doutiez, savent bien ce qu'est c'est que de grandir aux côtés d'un parent aux prises avec un problème d'addiction.
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De nombreux adultes autour de nous - parfois sans que vous vous en doutiez - savent intérieurement ce que c'est que de grandir aux côtés d'un parent aux prises avec un problème d'addiction.

Malheureusement, de nombreuses personnes qui aiment ces adultes ne savent pas ce qu'est d'avoir été élevé dans le chaos. Pour plusieurs d'entre nous, notre enfance a été marquée par des dysfonctionnements. Dans le développement de notre personnalité, ces perturbations ont probablement retardé ou compliqué notre épanouissement émotionnel.

Être l'enfant d'un parent dépendant est compliqué, à un point qu'il nous est parfois impossible de verbaliser. Malgré les séances chez un thérapeute, tellement nombreuses qu'elles lui auraient permis de se payer un bateau, nous ne savons peut-être même pas que nous sommes dysfonctionnels. Soyez patients avec nous, le temps que nous démêlions tout ça.

Voici les 10 choses que nous voudrions que vous sachiez - même si nous n'arrivons pas à les exprimer clairement:

1. Nous ne savons pas ce qu'est être «normal»

Oui, normal est un mot relatif. Mais notre norme ne se situe pas sur l'échelle de la relativité. Notre «normal» est fait d'instabilité, de peur, parfois mêmes d'abus. La norme peut être un parent inconscient étalé dans son vomi. La norme peut être de s'occuper de tout à la maison, de vos proches, de votre (ou de vos) parent(s), mais rarement de vous-mêmes. Cette incompréhension totale nous amène à la conclusion que normal = parfait, et que «moins que parfait» est inacceptable. La perfection est un concept non négociable, où les nuances n'ont pas leur place. C'est tout ou rien.

2. Nous avons peur

Une grande partie du temps. Et cette peur est cachée - parfois très profondément. Nous avons peur de l'avenir, notamment de l'inconnu. L'inconnu a été notre quotidien pendant des années. Nous pouvions ne pas savoir où étaient nos parents, ou quand ils rentreraient. Nous ne savions parfois pas s'il y aurait à dîner, ou s'ils seraient saouls. Même si nous savons aujourd'hui que ça n'arrivera pas chez nous, la vie n'en est pas moins terrifiante. Cette peur peut s'exprimer de différentes manières, qui vont de la colère aux larmes. Nous ne nous rendons sans doute même pas compte que c'est de la peur.

3. Nous avons peur (deuxième partie: les enfants)

Nous avons peur d'avoir des enfants, et lorsque nous en avons, nous avons peur ruiner leur vie, comme la nôtre a été détraquée. Si nous avons conscience de nos propres blessures, nous n'avons assurément aucune envie de les infliger à d'autres. Nous ne savons pas vraiment comment être parent. Ce qui est en fait assez terrifiant. Nous avons tendance à questionner tout ce que nous faisons, et à surmaterner (ou surpaterner) de peur de ne pas en faire assez pour nos enfants.

4. Nous nous sentons coupables

À propos de tout. Nous ne savons pas prendre soin de nous-mêmes. Nous n'avons aucune limite bien définie. Si nous nous défendons, nous nous sentons coupables. Si nous prenons soin de nous, nous nous sentons coupables. Notre vie est faite de Je te donne et je ne reçois rien en échange. Nous ne savons pas recevoir.

5. Nous cherchons à tout contrôler

Comme nous ne savons pas ce qu'est la normalité et comme nous avons peur, nous cherchons souvent à contrôler tout et n'importe quoi autour de nous. Cette tendance peut se manifester à la maison, au travail, ou dans le cadre de nos relations. Nous pouvons souvent être intransigeants, et nous ne considérons pas ça comme un problème. Nous avons plutôt tendance à y voir une force.

6. Nous sommes perfectionnistes

Nous sommes d'impitoyables critiques de nous-mêmes - jusqu'au plus infime détail. Du fait de ce dialogue intérieur tendant à nous blâmer, nous sommes souvent très sensibles aux critiques d'autrui. C'est une peur profondément ancrée du rejet. Faites une pause, si vous le pouvez, et choisissez vos mots avec compassion. Nous avons souvent manqué d'amour. Nous en avons besoin.

7. Nous n'avons pas connu la tranquillité pendant l'enfance

Nous ne savons pas ce qu'est la tranquillité. C'est troublant, parce que nous ne croyons qu'en la perfection, mais nous engendrons le chaos. Chaos, stress, agitation: nous sommes à l'aise dans toutes ces situations. Nous nous sentons confortables dans de telles circonstances non parce qu'elles sont saines, mais parce qu'elles nous paraissent normales.

8. Nous prenons la responsabilité de tout - même si nous n'en voulons pas (mais nous la voulons toujours, en fait)

Cette tendance se manifeste principalement chez les filles, en particulier chez les filles les plus âgées d'une mère dépendante (nous avons même nos propres livres sur le sujet). Étant donné que ces femmes - c'est mon cas - ont été obligées d'assumer les responsabilités de parent(s) inapte(s), elles seront les premières personnes à tout assumer - à leur propre détriment. Prendre la responsabilité est la règle du jeu. Et nous la prendrons pour tout et pour tout le monde: pour leurs émotions, leurs besoins, leurs vies. En fait, il est plus facile d'avoir la responsabilité de tout ce qui n'est pas nous.

9. Nous cherchons la reconnaissance

En permanence. Notre estime de nous-mêmes est extraordinairement basse. Nos parents accros ont été incapables de nous apporter l'amour et l'éducation dont nous avions besoin pour développer un sentiment d'attachement sûr. De ce fait, nous courons après cette sensation dans toutes les relations que nous développons. Absolument toutes. Ce besoin de reconnaissance se traduit par un comportement de total dévouement, tendant au sacrifice. Nous donnons à notre propre détriment. S'il vous plaît, rappelez-nous de prendre aussi soin de nous-mêmes.

10. Nous vivons dans le conflit

Nous visons la perfection, mais nous ne pouvons l'atteindre car nous sommes paralysés par la peur. Nous voulons contrôler notre environnement, mais nous avons terriblement besoin d'attention. Nous cherchons éperdument à être sûrs de nous, car nous savons que c'est la clé pour obtenir le contrôle que nous voulons avoir, mais nous n'y parvenons pas car nous avons grandi en croyant que nous ne valions rien.

Si nous vous avons choisi(e)s pour partager notre vie, ou simplement comme ami(e), c'est peut-être parce que nous avons identifié une situation où notre talent indéniable à ramasser des dégâts ferait merveille, ou parce que nous voyons en vous quelqu'un qui par son amour nous aidera à nous remettre sur pieds. Aucune de ces propositions n'est particulièrement raisonnable. Nous ne savons pas. Nous nous en fichons.

Même si notre raison nous dit bien que la gestion de nos sentiments relève de notre responsabilité, notre intellect n'est pas toujours en ligne avec nos émotions. Nous pouvons être fragiles, avoir peur, être terrorisé(e)s, nous sentir seul(e)s, être énervé(e)s ou encore étouffant(e)s. Et même tout ça à la fois.

Mais nous ne le faisons pas exprès, et nous ne savons même sans doute pas que nous le sommes.

Cet article de Joni Edelman a été publié à l'origine sur ravishly.com, un site culturel et d'information alternatif dédié aux femmes, puis sur le Huffington Post américain.

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Mai 2017

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