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Sexe et pouvoir: Les femmes politiques ont-elles un genre et un sexe?

On aime que les hommes politiques soient séduisants. On sourit de les voir séducteurs. À peine tolère-t-on qu'une femme politique soit séduisante. Séductrice? Elle est condamnée sans merci pour légèreté et immoralité. C'est pas peu dire, nous sommes parvenus à déposséder Pauline Marois de ses foulards, lesquels marquaient non seulement sa personnalité, mais aussi sa féminité.
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Deux poids, deux mesures: au superlatif

Il y a moins de scandales sexuels autour des femmes politiques. Évidemment, direz-vous, elles sont bien moins nombreuses. Certes, elles sont encore bien rares dans les hautes sphères.

Mais on peut supposer qu'elles se savent observées à la loupe et qu'elles sont d'une vigilance à toute épreuve. Au moindre faux pas, elles seront immolées sur la place publique.

Le double standard, toujours présent dans nos sociétés lorsqu'il s'agit du traitement des hommes et des femmes, est noirci à gros traits dans les hauts lieux du pouvoir. Si la femme de plus de 50 ans, "objet et sujet de désir", n'existe plus dans le monde en général, il est évident qu'elle n'a pas sa place en politique.

Femmes politiques désexualisées et asexualisées

On aime que les hommes politiques soient séduisants. On sourit de les voir séducteurs. À peine tolère-t-on qu'une femme politique soit séduisante. Séductrice? Elle est condamnée sans merci pour légèreté et immoralité. C'est pas peu dire, nous sommes parvenus à déposséder Pauline Marois de ses foulards, lesquels marquaient non seulement sa personnalité, mais aussi sa féminité. Vous conviendrez que sa marque distinctive n'était quand même pas la dentelle de soutien-gorge ou les bas de filet!

Il y a quelques mois en France, la ministre Cécile Duflot, laquelle porte habituellement le pantalon, s'est présentée à l'Assemblée nationale en robe bleue à fleurs blanches. Il s'est trouvé des députés pour dire « qu'elle portait cette robe parce qu'elle ne voulait pas qu'on l'écoute », mais qu'on la regarde. Cette robe toute sobre qui ne faisait que la différencier du genre masculin, faisait d'elle, aux yeux de certains, une "agace". La ministre prêtait ainsi flanc à toutes les attaques: soit on la conspuait, soit on la sifflait.

La femme politique doit non seulement laisser la dimension sexuée et érotique de sa personnalité au vestiaire, mais aussi sa féminité. Autrement, on la marque au fer rouge.

Femmes étiquetées en caractères gras

Qu'elle oublie au placard, ou pas, sa composante « séduisante », elle est cataloguée. Si elle laisse respirer et s'exprimer cette dimension:

À plus de 60 ans : C'est une vieille nympho

Entre 40 et 60 : C'est une cougar dévoreuse de minets

À moins de 40 ans : C'est une sacrée salope!

Par ailleurs, si elle étouffe toute séduction :

À plus de 60 ans : C'est une mémé poussiéreuse

Entre 40 et 60ans : C'est une Matante ou une P'tite madame insignifiante

À moins de 40 as : C'est une féministe full fru!

Les femmes manquent de charisme?

On reproche souvent aux femmes de manquer de charisme. Or, le charisme ne va pas sans une certaine désinvolture. Et la désinvolture est totalement interdite aux femmes. À fortiori en politique.

On leur reproche aussi, souvent, de manquer de naturel. On oublie, là encore, que le naturel s'associe à une certaine désinvolture. Épiée, surveillée, la femme politique n'est plus que vigilance. Pauline Marois était elle-même, naturelle, avec ses foulards. C'est maintenant qu'elle ne l'est plus. Comment pourrait-on être « naturelle » tout en reniant une part essentielle de soi-même?

Les femmes: premières dames ou éternelles secondes?

Il n'y a pas d'équivalents masculins de celles qu'on appelle les « premières dames ». D'ailleurs, on ne sait pas comment nommer ceux-ci: Premier homme? Premier de la Première? Premier Monsieur ?... On ne voit jamais l'époux de Angela Markel ou de Julia Gillard servir de faire-valoir à celles-ci. On ne verra pas non plus Claude Blanchet, mari de la première ministre Marois, jouer ce rôle.

Pourtant les « premières dames » qui appuient les hommes de pouvoir accaparent l'attention médiatique : Michelle Obama, Carla Bruni etc. Les hommes ne se prêtent pas à ce jeu. Et si c'était le cas, si un homme jouait par exemple un rôle semblable à celui que Michelle Obama a joué durant la dernière campagne électorale américaine, que dirait-on ? Je parie ma chemise qu'on dirait qu'elle que son mari est derrière elle, qu'elle n'est pas capable de se tenir debout toute seule . Les premières dames sont respectées et louangées quand elles sont de bonnes secondes.

Cessons de nous raconter des histoires. L'égalité homme femme,et je ne parle pas ici d'égalité de nombre, mais d'égalité de traitement, est encore une volonté bien théorique. Si cela est.

Voyez la galerie de nos collègues américains sur des scandales sexuels liés au monde politique

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