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Négos dans le secteur public: qui dit vrai? Une loi spéciale inévitable?

Considérant le contexte, le niveau d'endettement du Québec et ce qui se passe dans les autres provinces, cette offre bonifiée mérite-t-elle vraiment d'être écartée?
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Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, n'était pas de bonne humeur vendredi dernier lorsqu'il a fait la tournée des médias pour présenter une «offre bonifiée» aux employés de l'État. Dans l'après-midi même, tous les syndicats (CSN, FTQ, CSQ, SFPQ, APTS, FIQ, FAE) avaient déjà rejeté l'offre et annoncé que le mouvement de grève se poursuivrait encore un temps. Pas plus compliqué que ça.

«C'est quatre trente sous pour une piastre», selon le président de la FTQ, Daniel Boyer, tel que rapporté par Le Soleil. «C'est une opération pour faire croire que le gouvernement agit de bonne foi», selon la présidente de la FIQ, Régine Laurent. Que le gouvernement devance d'une année l'augmentation de 1% ne change rien, nous dit Jacques Létourneau de la CSN à 24/60. Cela demeure tout de même une augmentation de 3% au bout de 5 ans, selon lui.

Pour écouter ma chronique sur le sujet au FM93,3, cliquez ici.

Au contraire, défend Coiteux. C'est loin d'être quatre trente sous pour une piastre, «c'est 1,7 milliard de dollars de plus que le gouvernement met sur la table afin d'en arriver à une entente négociée», selon le communiqué du gouvernement. Voici l'idée. En considérant:

• que cette année (l'an #1), les employés du gouvernement recevront tout de même une augmentation de salaire négociée dans le cadre de l'entente précédente;

• que l'on devancera d'une année l'augmentation de 1% initialement prévue à l'année #3 (on passe de 0-0-1-1-1 à 0-1-1-1-0);

• que pour les années #2, #3 et #4, il y aura donc une augmentation de 1%;

• que pour l'année #5, une nouvelle injection de 550 millions s'ajoutera à la masse salariale pour régler certaines iniquités dans les échelles salariales (l'équivalent d'une augmentation de 2,3%);

il en résulte qu'il n'y aurait aucune année où il n'y aurait pas d'augmentation de salaire.

Si on ajoute à ça que:

• «40 % des employés de l'État sont en progression salariale et verront leur salaire augmenter en moyenne de 3,6 % par année, et cela en sus des propositions du gouvernement» (voir communiqué);

• que le Québec peine encore à atteindre l'équilibre budgétaire à la fin de cette année, sans compter qu'il devra encore comprimer ses dépenses dans l'exercice 2016-2017 qui suivra;

• qu'avec des taux d'endettement et des ratios dette/PIB inférieurs à ceux du Québec, des provinces comme l'Ontario et l'Alberta vont diminuer leurs dépenses alors qu'ici, on continue de les augmenter (lire ici);

on peut comprendre que le gouvernement croit avoir fait un honnête effort, à la hauteur de ce qu'il croit pouvoir offrir.

Au bout du compte, avec cette nouvelle offre:

• on aura ajouté 1,2 milliard à la masse salariale au bout de 5 ans, sur une base récurrente;

• les augmentations de salaire auront coûté 3,6 milliards sur toute la période de 5 ans (au lieu de 2,4 milliards dans le scénario 0-0-1-1-1 - le devancement coûte 1,2 milliard);

• l'ajout de 550 millions pour l'exercice de relativité salariale à l'année #5 fera en sorte qu'on aura ajouté 1,75 milliard à la masse salariale au bout de 5 ans, sur une base récurrente;

• en incluant la relativité salariale, les contribuables auront absorbé des dépenses de 4,15 milliards (3,6 milliards + 550 millions) durant la période de 5 ans.

C'est donc Coiteux qui a raison. Il y a bel et bien un ajout d'autour de 1,7 milliard dans la proposition gouvernementale bonifiée, soit 4,15 milliards - 2,4 milliards. Et cela, si je comprends bien, n'inclut pas les augmentations automatiques d'échelons.

La question qui tue

Considérant le contexte, le niveau d'endettement du Québec et ce qui se passe dans les autres provinces, cette offre bonifiée mérite-t-elle vraiment d'être écartée? Les patients, parents et contribuables ont-ils vraiment à subir la poursuite des grèves? Croyez-vous que le gouvernement n'est pas assez généreux? Trop? A-t-il raison d'ajouter l'équivalent de 2,3% à l'année #5 pour corriger des iniquités dans les échelles de salaires, proposition qu'il dit avoir travaillée durant de longs mois avec les syndicats?

Et puis, donneriez-vous raison au gouvernement s'il se décidait à en finir avec les négociations en imposant un décret avant Noël?

Bref, vous en pensez quoi?

Note: Voici comment je suis arrivée à ces conclusions. Si vous y voyez des erreurs, s'il-vous-plaît, avisez.

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