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Il était une fois... un ministre dans le champ

Évidemment, malgré la grossièreté de ses propos, on ne peut que lui donner raison. Aucun jeune n'en mourrait. Malheureusement, il semble qu'Yves Bolduc utilise un peu trop sa lorgnette d'ex-ministre de la Santé dans ses fonctions de ministre de l'Éducation.
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À entendre le ministre Yves Bolduc, aucun jeune ne mourrait de ne pas avoir de nouveaux livres dans sa bibliothèque de classe ou d'école. Évidemment, malgré la grossièreté de ses propos, on ne peut que lui donner raison. Aucun jeune n'en mourrait. Malheureusement, il semble que Monsieur Bolduc utilise un peu trop sa lorgnette d'ex-ministre de la Santé dans ses fonctions de ministre de l'Éducation. « Est-ce qu'il y a des vies en danger ? Non ? Alors, poursuivons ! » Une telle attitude est non seulement indigne des fonctions qu'il exerce, mais elle démontre en outre une profonde méconnaissance du système d'Éducation et de ses prémisses de base.

En tant qu'enseignant, je suis quotidiennement confronté au défi de faire tout avec rien. À titre d'exemple, la bibliothèque de mon école fut démantelée il y a quelques années. Avec le budget famélique qui était attribué à l'achat de nouveaux livres, chaque enseignant préférait posséder sa propre bibliothèque de classe qu'il agrémenterait à son gout par la suite. En séparant le budget global, au final, c'est une enveloppe d'autour de 200 $ qui est attribuée à chaque classe par année. Ce 200$ sert à acheter des livres (entre 10 et 12 par année), mais c'est dans la même enveloppe que l'on doit piger si l'on désire abonner sa classe à une revue jeunesse, à un journal ou si l'on désire acheter une série de romans pour faire des cercles de lecture. On ne fait pas long feu...

À un tel rythme, le renouvèlement des bibliothèques de classes se fait très lentement. Alors, souvent, ce sont les enseignants qui doivent contribuer de leurs poches pour être en mesure d'offrir un choix de livres intéressant à leurs élèves. Il n'est pas rare de voir des enseignants contribuer pour un montant plus élevé que celui attribué par l'école pour ce type d'achats. Pour prendre un langage que Monsieur Bolduc connait bien, une école ou une classe sans livres, c'est comme un anesthésiste sans seringue. Une école sans livres, ça ne tue pas les jeunes physiquement. Mais intellectuellement, c'est une autre affaire !

Le gros problème, c'est que le système de l'Éducation est sous-financé depuis plusieurs années. Évidemment, certains pointeront de facto certaines structures, comme les Commissions scolaires, sur lesquelles il est facile de faire porter tout le blâme. Néanmoins, la réalité n'est pas aussi simple. Un rebrassage de structures ne serait qu'une solution cosmétique qui permettrait, oui, sans doute de dégager quelques dollars, mais qui serait nettement insuffisante pour avoir un système d'Éducation viable à long terme. Puisqu'en plus de couper dans les achats de livres, de plus en plus, dans les écoles, on coupe dans les services aux élèves. C'est beau les grands discours sur la réussite scolaire, mais il faudrait un jour que les bottines suivent les babines !

Il y a un éléphant dans la pièce. La majorité des politiciens refusent de le nommer spécifiquement, puisqu'il y a des enjeux électoraux en cause. Néanmoins, les dépenses faramineuses engendrées par le réseau de la Santé sont franchement préoccupantes. Électoralement parlant, il est « vendeur » d'investir encore et toujours plus en santé, mais il faudrait éviter que le Québec ne se transforme en gros hôpital. Il est temps de mettre un frein à la place exagérée (qui ne va qu'en augmentant) qu'occupe ce secteur dans les dépenses de l'État québécois. Après tout, ne dit-on pas que le meilleur remède à un système de santé très achalandé est justement une Éducation plus poussée ?

Alors Monsieur Bolduc, je vous invite à faire une tournée des écoles du Québec, je crois qu'il est temps que vous vous pointiez sur le terrain pour voir ce qu'il s'y passe vraiment. Vous y verrez des enfants qui apprennent à lire, qui font des recherches dans les livres, qui se passionnent pour la littérature. Vous y verrez aussi plusieurs écoles qui ont besoin d'une bonne cure de jeunesse, des enfants qui ont besoin d'un soutien plus adéquat et des enseignants qui ont besoin d'aide pour remplir leur mission première, celle de former les citoyens de demain, de jeunes êtres éduqués et instruits. Au final, heureusement, tous n'ont pas la même vision réductrice que vous de l'Éducation. Sinon, ce serait la société qui commencerait à mourir à petit feu...

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