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L'humour à nouveau frappé d'interdit par les intégristes

Les non-musulmans n'ont absolument pas à considérer comme recevables les dogmes et les pratiques de l'islam. En vertu de la liberté de pensée et d'expression, ils ont le droit de les condamner et de s'en moquer.
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Les auteurs de ce texte feront paraitre le livre L'islam dévoilé (Éditions Dialogue Nord-Sud) le 31 octobre prochain.

Le Devoir nous apprenait le 13 octobre dernier que les concepteurs de l'émission satirique Et Dieu créa Laflaqueont renoncé à l'idée de créer un personnage de Mahomet, « devant les difficultés éthiques et sécuritaires posées par la présentation et la représentation du Prophète, en ces temps de hautes tensions autour du délicat sujet ».

Rappelons d'abord quelques faits. Le Coran ne proscrit nulle part la représentation humaine ou animale ; il prohibe seulement l'idolâtrie rendue à des objets sacrés tels que des statues ou des images. Interprétant de façon rigide les versets contre l'idolâtrie, le sunnisme en est venu à interdire toute représentation des êtres vivants. Au sein de la tradition musulmane, on observe cependant diverses positions face à cette convention aniconique, particulièrement chez les chiites qui ont intégré dans leurs pratiques religieuses les portraits de leurs martyrs. Bien des miniatures persanes et des peintures ottomanes représentent aussi divers personnages, y compris Mahomet. En fait, l'interdiction stricte de ne pas montrer le personnage de Mahomet est une dérive récente que l'intégrisme islamique a réussi à imposer, même aux non-musulmans.

En Occident, l'humour a toujours été une voix importante pour la liberté d'expression. Les auteurs satiriques s'y sont distingués par leur audace et leur franc-parler. Or, on constate de plus en plus que l'humour se musèle face à l'islam. Tous les sujets peuvent encore être tournés en dérision, sauf ceux qui touchent de près ou de loin à la religion musulmane. À la suite du retrait par l'humoriste Lise Dion de son monologue sur la burqa, l'autocensure pratiquée au sein de l'équipe de l'émission Et Dieu créa Laflaque est un autre exemple troublant de la répression idéologique que l'islam fait subir à notre société.

La décision des producteurs de cette émission de ne pas créer un personnage de Mahomet, le fondateur de l'islam, révèle d'abord la peur qu'inspire la religion musulmane. Il est certain que les concepteurs ont éprouvé un profond malaise, un « inconfort » pour reprendre le terme employé dans l'article du journal. Après le massacre de Charlie Hebdo, ils ont dû sûrement craindre de s'aventurer sur un terrain aussi dangereux. Quelle autre religion que l'islam est aussi étroitement associée à la terreur ? Quelle autre religion ne peut-on pas ridiculiser sous peine d'être assassiné ?

Avec la montée de l'islamisme et du djihadisme, le fanatisme et la violence sont aujourd'hui consubstantiels à la religion musulmane. Mais rappeler cette dure réalité qui crève les yeux est devenu tabou et est tout de suite condamné comme un crime de lèse-majesté islamophobe. Les artistes de cette émission comique s'en donnent pourtant à cœur joie lorsqu'il s'agit de se moquer d'autres personnages religieux comme le pape, qu'ils représentent sous les traits d'une marionnette loufoque. Mais Mahomet, ce prophète armé qui a massacré des populations entières pour imposer sa religion, commande, lui, un respect scrupuleux mêlé de crainte. Pas touche au saint Prophète ! Surtout pas !

Si l'équipe de l'émission Et Dieu créa Laflaque s'était décidée à créer le personnage de Mahomet, il « n'aurait pas eu de visage », car « la marionnette numérique aurait été animée dans le sens respectueux de l'interdit de la représentation ». Notre société est en train de plier l'échine devant les croyances et les interdits de l'islam au point qu'elle en arrive à s'empêcher de les critiquer, même s'il s'agit des pires aberrations. Les non-musulmans n'ont absolument pas à considérer comme recevables les dogmes et les pratiques de l'islam. En vertu de la liberté de pensée et d'expression, ils ont le droit de les condamner et de s'en moquer.

Force est de constater cependant que la rectitude politique a imposé sa chape de plomb de la bien-pensance sur le monde des arts comme sur celui de la politique et des médias. Elle est parvenue à développer, chez certains, le réflexe de ménager à tout prix les fidèles de Mahomet afin d'éviter de froisser leur susceptibilité religieuse. Même des humoristes qui se piquent d'audace comme ceux de l'émission Et Dieu créa Laflaque n'ont pas su éviter ce biais pro-islamique.

De ce triste épisode, il ressort que l'islam gagne du terrain dans toutes les sociétés occidentales. Il réussit à s'imposer par deux armes principales : la menace de la violence physique et l'intimidation idéologique sous couvert d'islamophobie.

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