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Les paradoxes de Québec solidaire

Les paradoxes de Québec solidaire
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Les campagnes électorales dévoilent certains côtés sombres des partis qui leur donnent vie. Des rebondissements peuvent surgir à tout moment, forçant ainsi les chefs et les candidats à réagir instinctivement. C'est ce qui est arrivé dimanche dernier, lorsque Françoise David a affirmé que jamais un député de son parti ne siégerait aux côtés de Pierre Karl Péladeau - la nouvelle recrue économique du Parti québécois.

La souveraineté selon Québec solidaire

Ce n'est pas une grande nouvelle: la souveraineté pour QS est conditionnelle. C'est-à-dire qu'on la subordonne à une utopie écosocialiste. À la lumière du programme de Québec solidaire, un Québec indépendant devrait ressembler à l'île d'Utopia fantasmée au XVIe siècle par l'humaniste Thomas More. QS propose de rapatrier sur terre une vision politiquement idyllique: le Québec sera vert, socialiste et multiculturel ou il ne sera pas.

C'est pourquoi Françoise David semble si outrée à l'idée qu'un homme d'affaires puissant tel que Pierre Karl Péladeau puisse avoir été recruté par les troupes péquistes. Le Parti québécois propose maintenant un plan solide de souveraineté économique, mais la chef de QS ne semble pas prête à faire le nécessaire afin que le pays qu'elle souhaite supposément bâtir puisse être indépendant financièrement.

Françoise David et Amir Khadir érigent donc un mur de Berlin entre un projet d'indépendance concret et leur projet «souverainiste» qui n'appartient finalement qu'au monde des Idées. Le PQ travaille à l'avènement d'un pays bien réel, tandis que QS ne fait qu'actualiser de vieux rêves millénaristes. Les partisans de Québec solidaire rêvent d'un grand jardin d'Éden où des carrés rouges remplaceraient les feuilles de vigne d'Adam et Êve.

La laïcité: oui ou non ?

En 2009, Françoise David affirmait qu'il fallait laisser au peuple le choix de décider de son avenir au sein du Canada. Mais apparemment, ce principe ne doit pas s'appliquer à la laïcité. Si Mme David aime bien s'appuyer moralement sur le peuple du Québec lorsqu'elle prend la parole, ses divergences avec les Québécois et les Québécoises sont pourtant considérables concernant l'expression publique de la diversité religieuse.

Inutile d'être très perspicace pour constater que la position de QS est paradoxale sur la Charte des valeurs: à l'émission Tout le monde en parle, dimanche dernier, Mme David proposait de réduire le financement accordé aux écoles confessionnelles, mais elle maintenait son opposition à la Charte des valeurs. Où est la cohérence?

Ce n'est pas nouveau: plusieurs savent que QS n'a jamais été laïque. À l'instar de plusieurs mouvements de gauche à l'œuvre dans le monde occidental, QS a troqué le matérialisme historique de Karl Marx pour permettre aux communautés immigrantes de conserver intégralement leurs traditions - y compris leurs traditions les moins progressistes.

Ainsi, dans le contexte québécois, seule la religion catholique serait oppressante pour les femmes. C'est donc la seule que l'on ose critiquer publiquement. Toutes les autres religions seraient compatibles avec la démocratie. Elles seraient même bénéfiques pour nous aider à combler notre grand vide spirituel. Il s'agit bien cet esprit pour le moins naïf qui préside aux positions de QS.

J'ai nommé ce phénomène conservatisme à sens unique dans un article précédent. Seuls les peuples de l'Occident, remplis de «défauts ethnocentriques», devraient changer pour s'adapter à la modernité cosmopolite. Tous les autres devraient rester comme ils sont présentement, même au beau milieu des sociétés occidentales.

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Les positions de Québec solidaire sont paradoxales et les intentions de ses dirigeants ne sont pas toujours claires. Mais une chose est sûre : le Québec ne sera jamais parfaitement vert, socialiste et multiculturel. Mais un jour, il sera peut-être libre.

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