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L'islam politique n'existe pas

Le concept «d'islam politique» est à la mode, très à la mode. Propagé par les médias et plusieurs intellectuels soucieux du respect des «droits» des minorités religieuses, le concept s'est frayé un chemin durant les dernières années. Il n'en demeure pas moins que «l'islam politique» est une appellation frauduleuse qui véhicule une conception absurde de la religion musulmane.
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Le concept «d'islam politique» est à la mode, très à la mode. Propagé par les médias et plusieurs intellectuels soucieux du respect des «droits» des minorités religieuses, le concept s'est frayé un chemin durant les dernières années. Il n'en demeure pas moins que «l'islam politique» est une appellation frauduleuse qui véhicule une conception absurde de la religion musulmane.

Un grossier «occidentalocentrisme»

L'islam politique n'existe pas : il s'agit d'une invention conceptuelle. Son exploitation médiatique traduit surtout une méconnaissance générale de l'univers musulman et invite la population à s'en servir afin d'innocenter une religion hostile aux valeurs qui ont façonné la modernité.

L'islam politique est un pléonasme, tout simplement. À la différence de l'Occident qui s'est accoutumé à distinguer le domaine religieux du domaine politique, le monde arabomusulman n'a pas encore complètement intériorisé cette distinction cruciale. Le prophète Mahomet a fondé un État théocratique et institutionnalisé la fusion du religieux et du politique dès les premiers souffles de l'islam. Les mythes fondateurs islamiques exhortent ainsi leurs adhérents à la reconstruction de cette même architecture idéologique.

Nombreux sont les spécialistes des religions qui ont heureusement compris que tous les parallèles n'étaient pas valables entre les grandes traditions monothéistes. Projeter sur l'Orient des concepts proprement occidentaux revient à travestir intentionnellement un phénomène humain en en maquillant les caractéristiques gênantes.

Un paradoxe inquiétant

Le paradoxe est quand même intéressant : il n'est pas rare que certains défenseurs de la religion musulmane accusent les rationalistes «d'ethnocentrisme» et de «repli culturel». Ce n'est pas nouveau : la méfiance envers l'islam serait xénophobe et uniquement l'apanage de quelques réseaux d'extrême droite.

La perspective est pourtant totalement inverse : en fait, c'est en passant l'islam à travers le filtre d'une conception du politique héritée de l'humanisme européen que les partisans du multiculturalisme se retrouvent à formuler des propositions proprement occidentalocentristes. Ce n'est pas connaitre l'Autre que de lui prêter des intentions imaginaires. L'islam n'est pas la version moyen-orientale du christianisme et la Bible encore moins une simple introduction au Coran.

Le geste n'est certainement pas toujours le fruit de profondes réflexions, mais il reste symptomatique d'une entreprise idéologique visant à atténuer l'impact symbolique de l'islam en Occident. Le but est toujours le même : colorier les facettes obscures de cette religion afin d'en faciliter l'accès dans les pays sécularisés.

Parler d'islam politique en l'associant au fondamentalisme, c'est dépouiller la religion musulmane de son caractère intrinsèquement politique avant qu'elle n'entame enfin son grand examen de conscience.

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