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Combattre l'islamisme avec un verre de champagne

La victoire de François Fillon à la primaire de la droite française en témoigne: aucun candidat sérieux ne pourra désormais aspirer à être élu président de la France sans afficher une volonté ferme de combattre l'islamisme.
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La victoire de François Fillon à la primaire de la droite française en témoigne: aucun candidat sérieux ne pourra désormais aspirer à être élu président de la France sans afficher une volonté ferme de combattre l'islamisme. Non seulement la sortie récente du livre de Fillon le confirme par sa visée stratégique, mais le changement d'attitude du premier ministre Manuel Valls à l'endroit du radicalisme islamique anticipait déjà, il y a plusieurs mois, un désir de mettre fin à ce véritable suicide civilisationnel.

Même le mouvement de gauche France insoumise et les sorties publiques de son candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon laissent croire à une sensibilité quasi identitaire en insistant sur la souveraineté du peuple et la corruption des élites libérales. Invité à une émission de BFM TV le 30 août dernier, Mélenchon en profita pour inviter certains individus à «foutre la paix» au peuple français avec leurs «histoires de religion». Une manière un peu détournée de s'en prendre aux islamistes sans pour autant stigmatiser les populations musulmanes en pleine polémique sur le burkini.

Et que dire de la position du Front national de Marine de Le Pen, un parti qui a au moins le mérite d'avoir toujours été clair en ce qui concerne l'islam radical. En fait, la résistance à l'islamisme semble presque balayer le clivage gauche-droite dans ce pays. Nous serions parvenus à une forme de consensus. Du moins, à un consensus médiatique.

À première vue, il faudrait donc nous réjouir de ce changement de cap. Le message serait enfin passé. Une relève serait en marche. Les élites françaises auraient enfin pris conscience du danger qui menace l'Occident. Dieu soit loué, les politiciens auraient réalisé à quel point la France vit des moments tragiques. Il aura fallu attendre les attentats de Paris et puis ceux de Nice pour que l'establishment se sente suffisamment concerné pour réagir.

Mais la vérité est que la partie est loin d'être gagnée d'avance. Si la bataille de l'opinion publique a été remportée par les détracteurs de l'intégrisme à qui les événements ont donné raison, force est de constater que leur combat pourrait devenir une mode branchée sans aucune substance.

En gagnant en popularité au sein de l'oligarchie parisienne tout en servant de caution à une majorité d'opportunistes, la résistance face à l'islamisme pourrait rapidement devenir une posture bourgeoise privée de portée concrète. Qui sait ? On pourrait même en faire des t-shirts et des casquettes pour les masses désabusées. Autrement dit, la lutte à l'islamisme pourrait devenir une activité à pratiquer avec un verre de champagne dans les couloirs de l'Élysée.

Car une question demeure: en s'inspirant de ses prédécesseurs et en particulier du règne infructueux de Nicolas Sarkozy, pourquoi François Fillon se priverait-il vraiment de récupérer cet enjeu fondamental pour des motifs électoralistes? Pourquoi ne ferait-il pas lui aussi dans l'image et le marketing, sans apporter aucun des changements nécessaires au redressement de la France une fois porté au pouvoir? Hélas, pourquoi se montrerait-il si différent de tous les autres?

Chose certaine, le cynisme de la population française ne ferait que s'accroître si l'on transformait encore ses plus profondes aspirations en un énième slogan publicitaire. On ne jette pas de l'huile sur le feu d'un énorme brasier.

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