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De colonisé à colonisateur: le Québec et la question autochtone

Dans un Québec dominé par les industries anglaises, qui aurait pu croire que le peuple canadien-français serait un jour jugé pour des crimes racistes par le tribunal de l'Acceptation de l'Autre alors qu'il était lui-même victime de discrimination?
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Nul ne peut nier que les populations autochtones vivent souvent dans des conditions socio-économiques inacceptables, tant au Québec qu'au Canada, de même qu'un peu partout dans les Amériques. Généralement défavorisées, les populations autochtones souffrent d'une multitude de problèmes sociaux nuisant gravement à leur développement et à leur émancipation. Il ne s'agit pas ici de cacher cette réalité.

S'il faut bien parler de la condition autochtone pour élaborer des solutions, il n'en demeure pas moins que l'indignation actuelle alimente un climat de culpabilisme déjà considérablement exacerbé au Québec et en Occident. À l'islamophobie décriée par les intellectuels de gauche et les multiculturalistes s'ajoute cette tentation génocidaire dont les Québécois seraient toujours coupables. Autrement dit, le Québec ferait preuve d'une haine viscérale envers ses populations autochtones, analogue à celle dont il ferait preuve envers l'immigration. Le Québec doit se repentir et se flageller.

Une culpabilité récente

La culpabilité grandissante des Québécois envers toute figure de l'Autre demeure relativement récente dans l'histoire. Effectivement, il aura fallu que le Québec s'émancipe tranquillement de sa tutelle anglaise puis canadienne pour que l'on en vienne à le considérer comme impérialiste et même discriminatoire. Il aura fallu que la lutte des classes à laquelle il a activement participé au XXe siècle ne signifie plus rien dans l'imaginaire collectif, afin que le centre d'attention se déplace vers des peuples jugés encore plus opprimés.

Dans un Québec francophone et ouvrier, personne n'aurait pensé qu'il apparaîtrait ultimement comme le colonisateur, alors qu'il souffrait encore lui-même de colonisation. Dans un Québec dominé par les industries anglaises, qui aurait pu croire que le peuple canadien-français serait un jour jugé pour des crimes racistes par le tribunal de l'Acceptation de l'Autre alors qu'il était lui-même victime d'une forme de discrimination?

Il aura fallu que le nationalisme québécois se détache de son esprit de gauche initial pour que cette gauche parvienne à voir en lui des aspirations quasi napoléoniennes qui ne correspondent en rien à la réalité.

En développant son autonomie tout en s'affranchissant économiquement de ses propriétaires, le Québec a donc contracté une dette envers des minorités culturelles qui se sont graduellement appropriées le monopole de la souffrance. Les conditions miséreuses des Canadiens-français ont été effacées de la mémoire collective au nom d'un nouveau prolétariat et d'un mythe du «bon sauvage» encore fortement présent dans toutes les sociétés occidentales.

Culpabilité et différentialisme

Il faut dire aussi que l'adhésion de la gauche au multiculturalisme a largement contribué à redéfinir négativement l'image du Québec. L'abandon du nationalisme québécois et, par le fait même, l'acceptation béate des communautarismes ont favorisé l'exacerbation d'un sentiment de culpabilité qui ressemble beaucoup à celui qu'on observe en France actuellement.

Si plusieurs Français tentent aujourd'hui de se faire pardonner la colonisation de l'Algérie en laissant des fanatiques religieux saccager la République, force est de constater que plusieurs Québécois tentent aujourd'hui de se faire pardonner ce sombre passé génocidaire en reniant leurs racines et leurs plus profondes aspirations. Certains profitent de l'indignation actuelle pour condamner toute entreprise «identitaire» ou laïque, et justifier l'immigration massive.

Il faut rappeler que certaines communautés autochtones tiennent mordicus à une existence autarcique et rancunière qui ne rime en rien avec leur émancipation. Il faudra avouer que l'entretien de réserves qui rappellent le régime d'apartheid et favorisent la misère et des taux d'échecs scolaires aberrants ne représente pas une option valable pour améliorer leur sort - une option pourtant vivement défendue par bon nombre de ces communautés qui pratiquent le repli culturel avec l'appui de la bien-pensance. Il faudrait également rappeler à ceux et celles qui rêvent encore d'une Amérique édénique et écologique que l'histoire ne tient pas compte de leurs lubies.

En gros, la solution à cette crise ne se trouve aucunement dans un culpabilisme moralisateur. S'il existe vraiment une solution, elle se trouve dans le démantèlement d'un différentialisme tant autochtone que canadien qui ne mène absolument nulle part, sinon au «vivre-séparé».

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