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Budget: le réinvestissement doit soutenir la mission universitaire

Les besoins sont énormes et bien qu'il soit impossible de régler tous les problèmes dans le cadre du budget 2017, il importe que le gouvernement du Québec finance adéquatement le fonds des immobilisations des universités pour ne pas compromettre la santé et la sécurité des étudiants et du personnel.
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Au cours des dernières semaines, le ministre des Finances, Carlos Leitão, a tenu des consultations prébudgétaires dans plusieurs universités de la province. L'initiative est louable, mais le hic, c'est qu'en plus d'annuler certains de ses déplacements à la toute dernière minute, les rencontres qui ont eu lieu étaient annoncées moins de 24 h à l'avance sur la page Facebook du ministre. Devant ce rendez-vous manqué, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU) tient à lui témoigner des préoccupations qui animent le corps professoral et qui appellent un réinvestissement qui déborde largement le strict arrimage annoncé avec le marché du travail.

Pallier le manque criant de ressources académiques

S'ils avaient eu l'occasion de se faire entendre, les professeurs auraient insisté sur l'importance de revaloriser le réseau universitaire et de mettre un frein à la détérioration de plus en plus intenable des conditions de travail et d'études découlant des mesures d'austérité imposées ces dernières années, privant les universités de plus d'un milliard de dollars. Pour rétablir et consolider la qualité de la vie académique, il faut remédier à la grave pénurie de professeurs. En effet, depuis 2012, alors que le personnel de direction et de gérance et les effectifs étudiants ont cru respectivement de 5% (3 582 à 3 771, excluant les doyens) et de 10% (219 000 à 241 000), le nombre de professeurs a pour sa part chuté de 5% (9 961 à 9 465). Il en découle que le ratio d'étudiants en équivalence au temps plein (EETP) par professeur s'accroît de manière tellement importante qu'il fragilise la qualité de l'encadrement offert aux étudiants et la capacité globale de recherche.

On peut ainsi envisager une réduction du personnel de direction et de gérance au niveau qui prévalait en 2012, soit quelque 189 personnes de moins au coût moyen de 140 000$, totalisant 26,5M$.

Pour contrer cette tendance, les universités devraient disposer dès l'année 2017-2018 des moyens pour procéder à l'embauche de 2 585 nouveaux professeurs et d'un nombre équivalent de membres des autres catégories de personnel directement liées à l'enseignement et à la recherche. Cela permettrait notamment de ramener le ratio actuel de 25,5 EETP/professeur au Québec à 20 (la moyenne canadienne se situant à 18,5 EETP/professeur). Cet effort financier s'élève globalement à 452,5 M$. Par ailleurs, avec la simplification des exigences excessives de reddition de compte que réclame la FQPPU, des sommes considérables pourront être épargnées en réduisant la bureaucratie universitaire. On peut ainsi envisager une réduction du personnel de direction et de gérance au niveau qui prévalait en 2012, soit quelque 189 personnes de moins au coût moyen de 140 000$, totalisant 26,5M$.

Atténuer les effets de concentration dans le financement de la recherche

Le financement actuel de la recherche universitaire est accaparé à 42% par le champ des sciences de la santé et à 33% par celui des sciences pures et appliquées, ne laissant que 15% au vaste champ des arts, des lettres et des sciences humaines et sociales, qui regroupe pourtant 55 % du corps professoral au Québec. Si la FQPPU réclame des fonds additionnels, notamment pour que le gouvernement du Québec compense la chute du budget moyen par professeur de 20% observé depuis dix ans, elle revendique un nouveau programme qui contribuerait à atténuer le phénomène de concentration.

Estimée à 100M$ par année, cette mesure consiste en l'instauration d'une subvention de recherche annuelle de base versée à chaque professeur d'université. Un tel programme permettrait une meilleure formation de la relève par l'entremise d'assistanats, favoriserait l'innovation par le financement de projets audacieux, faciliterait la conversion des créneaux de recherche en cours de carrière et encouragerait les projets multidisciplinaires dont les comités d'évaluation des organismes subventionnaires actuels s'accommodent mal.

Cesser les octrois discrétionnaires en immobilisations

Le déficit d'entretien du parc immobilier universitaire fait en sorte que 40% des bâtiments du réseau sont dans un état de dégradation élevé ou très élevé. Les besoins sont énormes et bien qu'il soit impossible de régler tous les problèmes dans le cadre du budget 2017, il importe que le gouvernement du Québec finance adéquatement le fonds des immobilisations des universités pour ne pas compromettre la santé et la sécurité des étudiants et du personnel. Dans ce cadre, il est toutefois impérieux de limiter l'octroi de fonds selon le critère de «valeur patrimoniale», qui tend à concentrer le financement dans les universités héritières d'un parc immobilier âgé. Il s'avère également essentiel que les modalités de financement soient transparentes et équitables et que cessent les octrois discrétionnaires à certains établissements observés dans les deux derniers budgets.

Ce ne sont pas les moyens qui manquent

Les compressions budgétaires cumulées des dernières années ayant mis à mal la réalisation de l'ensemble de la mission universitaire (enseignement, recherche et service à la collectivité), les nouveaux engagements financiers doivent donc se déployer sur ces trois plans. Les membres de la communauté universitaire ne sauraient se contenter d'investissements se limitant à répondre à des besoins ponctuels du marché du travail. À bout de souffle, le personnel exige un répit avec l'entrée en fonction de nouveaux collègues. Privés de services et entassés dans les classes, les étudiants s'attendent à une injection de fonds qui amélioreront leurs conditions d'étude. Avec la marge de manœuvre financière dont dispose actuellement le gouvernement, il n'y a pas de raison de les décevoir.

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