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«Flushgate» à Montréal: la pointe de l'iceberg?

La saga du «flushgate» nous a ouvert les yeux sur une problématique bien réelle de la question des surverses à Montréal, et même pour l'ensemble du Québec qui en comptait un total de 45 000 en 2013. Il nous faut donc miser sur des solutions pérennes qui permettront de réduire ces épisodes.
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Que diriez-vous si Montréal déversait ses eaux d'égout dans le fleuve Saint-Laurent près de 1000 fois par année?

Si cela peut paraître choquant à la lumière du récent "flushgate", c'est pourtant ce qui s'est produit en 2013 alors que 968 débordements ont eu lieu sur l'île de Montréal dû aux fortes pluies selon les données du Ministère des Affaires municipales (MAMROT)- ces débordements durant parfois plus de trois heures.

Ces débordements, que l'on nomme également "surverses", sont principalement le résultat de fortes pluies, mais peuvent également être causés par la fonte des neiges, des urgences, ou encore survenir exceptionnellement lors de temps secs. Bien que le nombre de surverses survenues en 2013 puisse paraitre élevé, impossible toutefois de préciser à quelle quantité d'eaux usées cela correspond - les données n'étant pas disponibles.

Or, à la lumière du tollé suscité par le "flushgate", faut-il encore rappeler que ces surverses rejettent directement dans le fleuve Saint-Laurent des eaux usées domestiques, industrielles et pluviales n'ayant subi aucun traitement quelconque.

Ainsi, lors des 968 surverses de 2013, c'est un mélange de matière organique, de matière en suspension, de nutriments (phosphore, azote, etc.), de détergents, de métaux lourds, de médicaments, de plastifiants, de coliformes fécaux et divers pathogènes qui se sont directement retrouvés dans le fleuve - ce qui affecte immanquablement la qualité de l'eau et des écosystèmes du Saint-Laurent.

...et l'histoire se répète chaque année.

Pire encore, comme le rappelait récemment Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l'Université de Montréal, nonobstant ces surverses, la station d'épuration des eaux usées de Montréal "...n'inclut aucune désinfection des pathogènes et a un impact négligeable sur la majorité des contaminants émergents comme des détergents ou des médicaments qui sont donc rejetés directement dans le fleuve".

Toutefois, l'implantation imminente d'une unité d'ozonation à la station d'épuration des eaux usées, prévue pour 2018, devrait permettre de réduire d'environ 95% la quantité de bactéries dans les eaux en plus de diminuer les virus et autres contaminants.

Comment réduire les surverses?

À la lumière des constats établis plus haut, quelles options s'offrent à nous afin d'enrayer, ou du moins réduire, la problématique des surverses?

Alors que les épisodes météorologiques de forte intensité, tels que les pluies diluviennes, pourraient voir leur fréquence augmenter en raison des changements climatiques, comment pouvons-nous nous prémunir contre les débordements d'eaux usées qui risquent de s'accentuer et ainsi nuire au Saint-Laurent?

Une solution technique déjà déployée est la construction de bassins de rétention souterrains qui collectent les eaux usées lors de grandes pluies, réduisant ainsi plus de 40% des surverses - plus d'une douzaine de ces bassins sont déjà déployés sur l'île de Montréal.

Une autre solution - qui peut aller de pair avec la première - consiste à miser sur la création ou la préservation d'infrastructures vertes : toits verts, milieux humides, milieux boisés, corridors forestiers. Ainsi, en intégrant les systèmes naturels dans l'environnement urbain construit, il est possible d'atténuer les effets des épisodes météorologiques de forte intensité et de limiter les surverses, tout en permettant également de créer des communautés plus vertes, plus résilientes et plus en santé.

De plus en plus de villes intègrent à même leurs pratiques d'aménagement du territoire la création ou le maintien d'infrastructures vertes comme outil de gestion des eaux pluviales et d'adaptation aux changements climatiques : Philadelphie et Toronto en sont quelques exemples.

Dans son Plan métropolitain d'aménagement et de développement (PMAD), la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), dont Montréal fait bien entendu partie, s'est donné pour objectif de créer une Trame verte et bleue pour son territoire. Montréal aurait donc avantage à embrasser vigoureusement cet objectif et même à le transcender en encourageant une meilleure connectivité des milieux naturels, tout en déminéralisant son territoire afin de le rendre plus apte à composer avec les pluies diluviennes et les épisodes de surverses.

La saga du "flushgate" nous aura ouvert les yeux sur une problématique bien réelle de la question des surverses à Montréal, et même pour l'ensemble du Québec qui en comptait un total de 45 000 en 2013. Il nous faut donc miser sur des solutions pérennes qui permettront de réduire ces épisodes qui contribuent à détériorer la santé de notre fleuve. En ce sens, la mise en place de bassins de rétention jumelés à des politiques d'aménagement adéquates, telles que la création d'infrastructures vertes, le verdissement et la déminéralisation de nos villes, nous permettrait de mieux nous prémunir contre ces épisodes de surverses.

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