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Le pipeline Énergie Est: pourquoi il faut dire Non et Non!

La question n'est pas de savoir s'il y aura des déversements: tous les pipelines en produisent. La question est de savoir quand et de quelle ampleur ces déversements seront.
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En tant que Québécois, nous avons une double responsabilité face au projet de pipeline Énergie Est, qui traverserait de part en part notre territoire pour vendre à l'étranger un des pétroles les plus polluants au monde.

1) Notre responsabilité envers l'eau de nos rivières, de nos lacs et envers le fleuve Saint-Laurent

Si ce pipeline devait être construit, il traversera pas moins de 860 de nos cours d'eau, de nos plans d'eau et le fleuve Saint-Laurent lui-même.

La question n'est pas de savoir s'il y aura des déversements: tous les pipelines en produisent. La question est de savoir quand et de quelle ampleur ces déversements seront.

Le pétrole bitumineux qui se déverserait serait mélangé à un diluant chimique qui rendrait le nettoyage encore plus difficile que pour un déversement pétrolier normal. Une fuite pendant les mois d'hiver poserait un défi environnemental quasi-insoluble.

Le Québec est dépositaire d'une des plus grandes réserves d'eau douce au monde. Nous avons le devoir de la préserver. Nos cours d'eau et notre approvisionnement en eau potable doivent tout simplement primer sur la volonté commerciale d'exporter du pétrole depuis l'Alberta vers l'étranger.

2) Notre responsabilité envers la planète, pour freiner le réchauffement

Il y a une certitude: si toutes les réserves de pétrole des sables bitumineux étaient exploitées, la quantité de gaz carbonique produit rendrait simplement impossible l'atteinte des cibles internationales de réduction des gaz à effet de serre. Impossible. Permettre à ce pétrole de sortir de terre, en lui offrant un point de passage vers l'Est, contribuerait à faire échouer l'effort international de maintenir à moins de 2 degrés d'ici la fin du siècle le réchauffement de la planète.

Ce pétrole est quatre fois plus polluant que le pétrole actuellement importé par le Québec depuis la mer du Nord, Terre-Neuve ou l'Algérie. Accepter de le laisser passer, c'est provoquer une émission annuelle de GES plus importante que celle émise par les sept millions de voitures et de camions que compte le Québec.

Le plus grand service que nous, Québécoises et Québécois, pouvons rendre à la planète sera de contribuer à ce que ce pétrole reste dans le sol pour toujours.

«En obtenant en 2022 le mandat de réaliser l'indépendance, le Québec pourra, souverainement, dire un non définitif à ce projet insensé.»

Comment un gouvernement du Parti québécois s'y prendrait-il ?

Un gouvernement du Parti québécois que je dirigerais utiliserait tous les leviers légaux, réglementaires, judiciaires et politiques pour faire échouer le projet de pipeline de Transcanada.

J'annonce à l'avance à nos voisins canadiens que mon gouvernement serait impitoyable dans l'application zélée de nos règles québécoises et municipales existantes ou à venir. À tel point qu'il serait vraiment préférable que ce projet soit abandonné, comme ont été abandonnés des projets semblables vers les États-Unis ou vers la Colombie-Britannique.

Tous devraient savoir que l'acceptabilité sociale n'est pas au rendez-vous. Les municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal, notamment Laval, Lévis et un grand nombre d'autres ont exprimé leur opposition. Les Premières nations sont également opposées.

Les forces en présence

Le nouveau premier ministre Justin Trudeau a laissé entendre, pendant la campagne électorale de l'an dernier, que cette acceptabilité était nécessaire pour donner le feu vert au projet. Certains ont pu croire qu'il se rangerait ainsi du côté des opposants.

Depuis qu'il est élu, il a ouvert son jeu. Dans une entrevue à La Presse en février, il a été on ne peut plus clair:

«Une responsabilité fondamentale de n'importe quel premier ministre canadien, c'est de permettre à nos ressources de se rendre vers les marchés», a affirmé M. Trudeau, soulignant les efforts au tout début de la colonisation pour exporter la fourrure des castors et les poissons, les efforts subséquents des gouvernements pour faciliter l'exportation du blé ou du bois.

«Il n'y a personne au Canada qui veut voir du développement économique qui va bousiller l'avenir de nos enfants, de nos communautés, de notre monde. Mais en même temps, on sait qu'on a besoin de développer l'économie, on a besoin d'exporter nos ressources de façon responsable», a-t-il dit.

Le pipeline sera donc un enjeu majeur des relations entre le Québec et Ottawa pendant les années qui viennent. Au Québec, le pipeline a des alliés:

Le premier ministre libéral Philippe Couillard a sans doute révélé le fond de sa pensée en début de mandat, lorsque interrogé sur cette question par le chef du Parti québécois Stéphane Bédard en septembre 2014:

«si le pétrole, au Canada, peut circuler d'est en ouest, ce qu'il fait depuis des décennies, il faut également qu'il circule d'ouest en est. [...]

Le gouvernement fédéral dépense 16 milliards de plus qu'il ne perçoit au Québec et une grande partie de cette richesse provient de l'exploitation des hydrocarbures dans l'ouest du pays [...]

[La] protection de l'environnement est inégalée au Canada par rapport à ce qui se fait dans d'autres pays.

Maintenant, je voudrais bien qu'on laisse penser aux Québécois qu'ils sont dans un autre pays, mais ils sont Québécois, ils sont Canadiens, et il faut qu'on participe à l'économie canadienne.»

Bref, selon notre premier ministre, «il faut» que le pétrole circule d'ouest en est. Le reste est, finalement, une question de détails. Et il se fie sur le gouvernement fédéral pour bien protéger nos lacs, rivières et villes, comme il l'a si bien fait dans le contrôle du transport ferroviaire du pétrole à Lac Mégantic!

Le chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault, a une autre approche. Il veut mettre nos lacs et nos rivières aux enchères:

«Si l'Alberta fait passer des milliards de dollars de baril de pétrole pour l'exportation, je pense que ce serait normal que le Québec obtienne des milliards de dollars de redevances.»

Bref, en bon comptable, François Legault veut avoir son prix. Lui premier ministre, si l'Alberta fait un assez gros chèque, il sera prêt à mettre en péril notre eau douce, notre eau potable, notre fleuve. Si l'Alberta fait un assez gros chèque, il sera prêt à contribuer au réchauffement climatique.

Ma position

Si je suis choisi chef du Parti québécois puis premier ministre, ma position sera claire et déterminée. Pendant le premier mandat du Parti québécois, mon gouvernement mettra tout en oeuvre, dans le cadre de la loi, pour rendre la vie impossible aux promoteurs du pipeline.

Et en obtenant en 2022 le mandat de réaliser l'indépendance, le Québec pourra, souverainement, dire un non définitif à ce projet insensé.

Ce billet a initialement été publié sur le blogue personnel de Jean-François Lisée.

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