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Mondial 2014 au Brésil: la coupe est pleine (bis)

Même dans le cas où les tribus autochtones ne sont pas concernées par les travaux, la question du territoire est particulièrement sensible au Brésil. Or les constructions de stades, de stationnements, d'infrastructures empiètent sur ces territoires autochtones traditionnels ou modernes et urbain.
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La question du territoire

Au regard des sin tierras qui peuplent le continent américain du sud, le Brésil n'est pas en reste. Le movimiento de los trabajadores sin tierra (movimento dos trabalhadores rurais sem terra au Brésil) a aussi des racines plantées profondément au Brésil. En outre, les communautés indiennes revendiquent des territoires qui leur appartenaient avant la colonisation. Bien que très minoritaires en nombre -moins d'un million de personnes- elles sont très actives et on été largement médiatisées avec Raoni par exemple sous l'égide de chanteurs reconnus comme Sting ou de bien d'autres vedettes médiatiques. Dans l'écologisme ambiant, leur survie est en quelque sorte associée à la survie de l'Amazonie, de la forêt primaire, etc... Or quelques-unes de ces tribus revendiquent des territoires proches de lieu où sont construits ou rénovés les stades, tel est le cas du stade mythique de Maracana. Ces communautés constituent à la fois le fantasme positif, mais aussi la mauvaise conscience du Brésil urbain.

Lire le " target="_hplink">premier billet de Jacques Gleyse sur la Coupe du monde au Brésil

Même dans le cas où les tribus autochtones ne sont pas concernées par les travaux, la question du territoire est particulièrement sensible au Brésil. On la retrouve par exemple avec les groupes issus de chaque barrio et même de chaque bloc d'immeuble, au moment du carnaval, moment marquant de la vie brésilienne également.

Or les constructions de stades, de stationnements, d'infrastructures empiètent sur ces territoires autochtones traditionnels ou modernes et urbains.

Mais, il y a aussi la question de l'empiètement de la Coupe du monde sur la vie quotidienne et nombre de Brésiliens des classes moyennes cultivées, moins amatrices de foot que les classes populaires, voient d'un mauvais œil les difficultés de circulation engendrées par l'afflux massif de touristes. Les rues déjà très embouteillées de São Paolo, Rio de Janeiro ou Natal, risquent de se transformer en cauchemar au moment des matches d'autant que les transports en commun déficients ne risquent pas de paliers les difficultés qui se présenteront pour aller d'un point à une autre en raison parfois de l'absence de véritables stationnements prévus dans l'environnement des stades. A Natal, par exemple, c'est un périmètre de 3 km autour du stade qui sera interdit à la circulation. Il faudra donc trouver d'autres voies d'accès pour aller travailler ou pour se déplacer simplement dans une agglomération de plus d'un million d'habitants (700.000 pour la ville elle-même) qui n'a pas de véritable périphérique ou de véritable rocade. Il faudra aussi pour les spectateurs parcourir ces distances à pied sous un soleil souvent écrasant, pour se rendre au stade.

Les transports

Enfin pour terminer sur la question du territoire il faut parler des transports routiers et des transports en commun.

Il suffit d'avoir pris un ônibus à Rio de Janeiro pour comprendre quelles sont les difficultés de transport dans certaines villes du Brésil. Entassés comme des sardines en boîtes, écrasés les uns contre les autres avec souvent une chaleur intense, un conducteur pressé (on ne sait pourquoi) qui ne respecte pas les limitations de vitesse, il faut avoir le cœur bien accroché pour supporter un déplacement qui peut s'effectuer sur des très longues distances. Le métro existe bien à Rio, mais il est peu utilisé par les milieux populaires, car relativement cher.

Enfin, même si certaines autoroutes sont en très bon état, dans un certain nombre de zones (tel est le cas par exemple entre João Pessoa et Natal), parcourir la route entre Campo Grande (Mato Grosso do Sur) et Cuiaba (Mato Grosso), relève presque du suicide ou au minimum du rite ordalique. Les nids de poules (on ferait mieux dans cette région de parler de nids de Tuiuiu: grand oiseau du Pantanal), font parfois plusieurs mètres de largeur et plusieurs décimètres de profondeur. Les camions de 25 mètres de long qui peinent dans les montées à 30km/h dévalent les descentes à plus de 140 km/h et dépassent en 3e file si cela est nécessaire. Ils provoquent des accidents plus que spectaculaires et mortels qui parfois bloquent la double voie pendant plusieurs heures si ce n'est pendant une journée entière en raison de secours insuffisants en nombre et en qualité.

L'avion reste quant à lui extrêmement cher même pour les classes moyennes. On comprend dans ces conditions que les Brésiliens souhaitent que davantage d'argent soit mis dans les transports en communs et dans les infrastructures routières que dans des stades d'un prix exorbitant (plusieurs milliards d'euros, sans doute presque une vingtaine).

Le foot ou les études?

Pour rester dans le nordeste, l'Université de Natal sera fermée pendant plus d'un mois au moment de la Coupe du monde de foot au grand dam de tous les universitaires et étudiants qui il y a quelques jours encore défilaient dans les rues pour affirmer "de l'argent pour les écoles pas pour les stades". Cet immense campus, comme beaucoup de campus américains du sud ou du nord (Universidade Federal do Rio Grande do Norte), sorte de petite ville dans la ville, avec ses rues pavées, sera mis en vacances décalées, uniquement pour permettre l'hébergement et les entraînements de l'équipe des États-Unis d'Amérique du Nord. Cela implique des changements de calendriers pour les étudiants, pour les enseignants, pour les chercheurs qui ne sont pas du goût de tous, bien au contraire.

Mais ce qui se passe à Natal n'est qu'un épiphénomène présent à différents degrés dans d'autres villes.

À suivre...

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