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Non mesdames, la liberté sexuelle ce n'est pas se résigner à recevoir des mains aux fesses

Nos perceptions des rapports hommes-femmes divergent sévèrement!
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Charles Platiau / Reuters

Est-ce la fin des dinosaures?

Dans une tribune, que nous avions initialement prise pour un sketch quelque peu comique, des femmes célèbres se sont mises en tête de nous expliquer la vie, la vraie, à nous féministes radicales, et osons le dire à leur place pour compléter le tableau, misandres.

C. Millet en tête, nous accuse de déclarer la guerre aux hommes et de nous comporter en "chochottes". Il est suggéré que les victimes de viol le sont parce qu'elles ne savent parfois pas prendre sur elles. Elle va plus loin dans une interview à France Culture en exprimant son regret de ne pas avoir été violée, non pour le plaisir qu'elle espère y trouver, mais pour prouver que ce n'est pas si grave.

C. Millet a parfaitement le droit d'envisager sa sexualité sous un angle plus ou moins masochiste, aucune d'entre nous ne lui interdira, mais, qu'elle fasse la morale aux victimes réelles de viol est consternant.

Millet s'en remet à la conception pascalienne désuète du corps déconnecté de l'esprit. Depuis le siècle dernier et les apports de la science, nous savons que c'est l'inverse qui prévaut.

Certes, si on tient réellement à se plier à sa vision, il y a une certaine similitude mécanique entre un viol et un rapport sexuel consenti, mais justement, ni l'un ni l'autre ne sont des actes purement mécaniques, aucun n'est déconnecté de l'esprit.

Fracture générationnelle ou divergences de point de vue?

L'autre accusation est celle d'un retour à l'ordre moral, au puritanisme le plus réactionnaire. Ne plus taire les viols et les agressions est dans leur bouche assimilé à une prohibition de la séduction. L'homme qu'elles évoquent est sans nuances, il est un chasseur rustre qui n'exprime son attirance qu'à travers des comportements rudes et légèrement insistant. Comprenez, l'homme est un grand enfant qui ne sait pas se canaliser.

Nos perceptions des rapports hommes-femmes divergent sévèrement (et dix verges, ça fait beaucoup ainsi que le disait Desproges...).

Nous avons toujours prôné une totale liberté des mœurs, le viol n'en fait pas partie.

S'il se peut que parmi les voix qui se font entendre, il s'en trouve qui soient portées par un élan puritain, c'est que nous sommes à l'aube d'un changement majeur. Nous n'ignorons pas cette dangereuse tentation, nous ne sommes ni plus sottes, ni plus inconscientes qu'elles. Nous avons toujours prôné une totale liberté des mœurs, le viol n'en fait pas partie.

Nous n'avons pas besoin de leurs attitudes maternelles et infantilisantes à notre égard. Nous dénonçons moins pour nous plaindre ou nous victimiser comme elles disent, que pour faire prendre conscience des agissements de certains hommes (notez mesdames l'emploi du déterminant indéfini qui de fait évite l'amalgame: tous les hommes) envers les femmes.

Nous voulons simplement (la simplicité n'est-ce pas ce qu'il y a de plus difficile à atteindre ?) que les règles du jeu soient les mêmes pour tous et toutes, qu'un refus même poli ne doit pas être autrement interprété, qu'un non catégorique ne soit pas l'excuse aux insultes et parfois aux coups.

Nous voulons en libérant notre parole faire que les rapports entre les deux sexes ne reposent pas sur la méfiance ou la crainte.

Nous voulons en libérant notre parole faire que les rapports entre les deux sexes ne reposent pas sur la méfiance ou la crainte.

Déjà, cette parole clamée haut et fort a fait prendre conscience à certains hommes des conséquences de comportements qu'ils jugeaient jusque là anodins, c'est un pas vers une meilleure communication entre hommes et femmes. En aucun cas nous ne voulons de revanche, dommage que ces dames figées dans une époque que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, ne veuillent pas saisir cette nuance. Il n'y a pas pire misogynie que celle exprimée de femmes envers d'autres femmes.

En cette période de célébration du centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir, ses paroles résonnent avec une force non démentie: on ne naît pas femme, on le devient.

La liberté sexuelle est belle! Elle commence là où il y a traitement d'égal à égal et consentement mutuel, peu importent les pratiques sexuelles. La liberté sexuelle n'est en rien se résigner à recevoir des mains aux fesses ou des baisers non désirés!

Ce billet de blogue a d'abord été publié sur le HuffPost France.

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