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Dors bien, bébé! La voie facile pour des nuits tranquilles

Les troubles du sommeil sont aussi liés aux parents.
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Cet article est extrait du livre Schlaf gut, Baby! Der sanfte Weg zu ruhigen Nächten d'Herbert Renz-Polster et Nora Imlau.

«Impossible de faire dormir cet enfant!» Tous les parents ont, un jour, poussé ce soupir. Et bientôt, le problème du sommeil de bébé occupe toutes nos pensées, nos discours, nos journées et même nos soirées. Sur lesquelles se superposent, écrits en grandes lettres, les mots «troubles du sommeil»!

D'où viennent ces troubles? De l'enfant, bien sûr. Il fait ses dents, il a attrapé froid, il se bat contre les coliques des trois mois. Parfois, il peut même être le signe de vrais problèmes de santé, comme les reflux gastriques (les «brûlures d'estomac» du bébé), les allergies alimentaires, la constipation ou d'autres maux susceptibles de causer des douleurs chez le nourrisson, depuis les irritations aux fesses jusqu'aux tout petits ongles incarnés.

À moins que ce ne soit l'allaitement qui ne fonctionne pas encore tout à fait. En général, le sommeil en sera perturbé tôt ou tard. Ou bien sa petite âme est-elle en pleine ébullition, ce qui l'empêche de trouver le sommeil. Peut-être l'enfant est-il en plein dans sa phase «J'ai peur des inconnus»: un petit frère ou une petite sœur vient de naître, ou bien il vient d'entrer à la crèche.

S'il est scolarisé depuis longtemps, peut-être lui sert-on trop souvent des «rations de survie» d'affection. Car quand il s'agit du relationnel, les petits ont plutôt de la suite dans les idées: dès que quelque chose cloche, leur «système de liaison» se déclenche, cette espèce d'élastique invisible.

L'enfant tente alors de se raccrocher à quelqu'un, recherche la proximité et l'assurance que tout va bien. Il le fait volontiers, et avec passion, pendant la nuit. Les mères constatent ainsi à quel point la séparation de la journée a été dure pour lui.

À l'inverse, les «bonnes journées» ouvrent la voie aux «bonnes nuits». Tout ce qui a mis l'enfant de bonne humeur au cours de la journée et lui a permis de se détendre contribue à faire venir le marchand de sable. Il n'est pas étonnant que les bébés dorment mieux s'ils ont passé une bonne partie de la journée dehors! Ils dormiront mieux aussi si le niveau de stress à la maison est limité.

Mais les troubles du sommeil sont aussi liés aux parents. Il n'est pas rare que le stress trouve sa source entre nos oreilles!

Mais les troubles du sommeil sont aussi liés aux parents. Il n'est pas rare que le stress trouve sa source entre nos oreilles! Quand nous sommes nous-mêmes en détresse, par exemple, ou quand nous nous sentons incompétents (entre autres parce que nous n'y entendons visiblement rien au sommeil de l'enfant...). C'est toujours pareil: même quand nous sommes les maîtres d'un royaume, dès que certaines de nos peurs et anxiétés se manifestent, nous ne sommes plus que des mendiants. Et c'est pour cela que les troubles du sommeil sont étroitement liés, à un degré surprenant, aux espoirs et aux attentes que nous nourrissons.

À l'inverse, si, le soir venu, nous couchons bébé en nous réjouissant de combler son besoin d'affection, de le câliner et le dorloter, nous sommes vraiment les reines de notre royaume. C'est tout à fait différent que de le coucher en n'espérant qu'une seule chose: qu'il s'endorme avant le début de la série!

Et c'est encore différent si les besoins d'affection du bébé nous mettent dans tous nos états, parce que nous craignons qu'il soit trop «gâté» ou qu'il nous manipule si nous ne nous occupons pas assez de lui. Dans ce cas, nous ne serons au mieux que des gardes de nuit, en patrouille aux frontières du royaume. Vous n'imaginez pas à quel point nos grands-parents ressentaient le «stress des excrétions» parce qu'ils accordaient une très grande importance à la propreté précoce.

C'est en effet quand on se pose la question de ce qui est bien et de ce qui est normal que le plus grand stress apparaît. Il en va de même pour le sommeil de bébé.

Huit vérités sur le sommeil des enfants

Ce qui explique peut-être pourquoi tous les conseils sur le sommeil ont une durée de validité si courte: les meilleurs trucs du monde ne nous seront d'aucune aide tant que nous n'aurons pas balayé devant notre propre porte.

Un: il ne s'agit que de s'endormir

Le sommeil annonce un peu la phase d'opposition à venir de l'enfant: les choses risquent de devenir vraiment très compliquées si vous prenez chacune de ses crises de colère pour le signe immanquable du déclin de l'Occident.

En fait, cette phase d'opposition peut être surmontée sans trop de dégâts si nous nous répétons, à la caisse du supermarché: «Après tout, c'est juste une barre chocolatée!» Il ne s'agit pas d'une question de lutte de pouvoir. Ni d'intentions malhonnêtes, ni de la fin tragique d'une relation d'amour. En s'écriant: «T'es méchante, maman!», il appuie là où ça fait mal mais l'amour est plus fort qu'une barre chocolatée.

C'est exactement pareil pour le sommeil. Nous ne survivrons à l'âge des nuits difficiles que si nous nous répétons: «Il ne s'agit que de s'endormir!» Pas de lui forger le caractère, ni de le préparer à être un adulte indépendant, ni d'en faire un enfant pourri-gâté. Et ça n'a surtout rien à voir avec le fait d'être de bons parents ou pas.

Deux: qu'est-ce qui est normal?

L'histoire de l'éducation le démontre clairement: dès qu'on est aux prises avec l'Éducation avec un grand E, les choses se tendent. Les enfants n'ont jamais autant menti que lorsqu'on a essayé de leur inculquer les notions de bonne foi et de sincérité. Il n'y a jamais eu autant de problèmes de propreté que quand les parents la mettaient en tête de liste des choses à accomplir (avec la mention: «Le plus tôt sera le mieux!»).

De même, il n'y a jamais eu autant de problèmes à table que quand les petits devaient avaler leurs épinards. Chaque fois que nous luttons contre les tendances naturelles (y compris les nôtres), cela génère du stress: le stress relationnel.

C'est peut-être pour cela que le plus important des «programmes d'endormissement» s'attache à mieux comprendre les besoins infantiles. A mieux distinguer ce qui relève du développement normal de l'enfant de ce qui n'est peut-être qu'un objectif que quelqu'un d'autre a voulu inscrire sur notre liste de tâches à accomplir.

Trois: quel est donc notre rôle?

Les auteurs de ce livre voient les choses ainsi: nos enfants ont un certain nombre de problèmes à résoudre, affrontent leurs peurs et voient des obstacles se dresser devant eux. Cela fait partie de leur développement. En tant que parents, nous ne pouvons pas empêcher cela, mais nous pouvons leur offrir un cadre sécurisant, un «berceau relationnel». Voilà en quoi consiste notre boulot. C'es quand nous nous considérons comme des entraîneurs ou des professeurs que les objectifs sont démesurés.

Qui se trouve en situation de devoir admettre que son enfant ne fait pas encore ses nuits a l'air un peu idiot, comme la maman dont l'enfant, comme par un fait exprès, pique une crise de rage à la caisse du supermarché. «Parents dépassés», pense-t-on. Ou bien: "On devrait créer un permis de conduire pour l'éducation"!

Qui se trouve en situation de devoir admettre que son enfant ne fait pas encore ses nuits a l'air un peu idiot, comme la maman dont l'enfant, comme par un fait exprès, pique une crise de rage à la caisse du supermarché. «Parents dépassés», pense-t-on. Ou bien: «On devrait créer un permis de conduire pour l'éducation»!

Cela pèse sur nos relations, de même que la honte. Nombreux sont les parents qui ont honte de leurs enfants. Justement parce qu'ils n'atteignent pas les objectifs que d'autres leur ont fixés. Honte, par exemple, que leur enfant dorme encore avec eux.

De même, les parents n'osaient autrefois pas admettre que leur enfant faisait encore pipi au lit. Bien entendu, la pression exercée par la société joue également un rôle («Une mère avec son fils de cinq ans qui dort encore dans son lit? Elle est incapable de s'en séparer, parce qu'elle l'élève toute seule...»)

Mais il y a aussi la pression des objectifs que nous nous sommes nous-mêmes fixés. Les parents qui ont honte de leur enfant seraient-ils capables d'être là pour lui, s'il le fallait? De lui donner du courage? Au fond, c'est notre principale responsabilité. Pourtant, elle passe rapidement à l'arrière-plan quand nous nous définissons comme les entraîneurs de nos enfants, que ce soit pour la question des repas, du sommeil ou de la propreté.

Quatre: personne n'est coupable

Quand quelque chose ne marche pas comme nous l'avions imaginé - d'ailleurs, est-ce que l'inverse est déjà arrivé? -, on recherche un coupable. Pourquoi bébé ne fait-il pas ce que je veux de lui? Il n'est peut-être pas normal (alors que les enfants des voisins, eux...). Il a des troubles du sommeil. Il veut être gâté. Il refuse de devenir autonome.

Il nous fait tourner en bourrique, nous manipule, se comporte en petit tyran ... la totale. Lisez les best-sellers sur la façon de régler les problèmes de sommeil chez l'enfant, et vous prendrez rapidement la mesure de l'incroyable répertoire dont l'enfant est capable intuitivement!

D'autres parents commencent la recherche de culpabilité par eux-mêmes: je suis une mauvaise mère, je suis trop stressée, si seulement j'avais fait ceci ou cela. C'est à n'en plus finir. Nous n'entrapercevons que très rarement la troisième possibilité: ni le bébé ni nous ne sommes coupables. Et si c'étaient les conditions qui ne sont pas bonnes? Il serait alors plus efficace de modifier, plutôt que de vouloir changer bébé ou de nous crucifier.

Personne n'est «coupable» du fait que la séance du coucher de l'enfant se termine si souvent dans la vallée des larmes. Ni que les crises de colère de l'enfant soient souvent si terriblement énervantes, ou que les petits préfèrent toujours les sucreries aux brocolis.

Et même si les parents font tout comme il faut, ces questions seront source de tension. Le développement fait partie de la vie: les choses sont toujours susceptibles d'être améliorées!

Cinq: ne jamais renier le «ici et maintenant»!

En tant que parents, on a parfois l'impression que l'éducation des enfants consiste à les confronter assez tôt aux contrariétés, parce que c'est la seule façon de les préparer à celles de leur existence future. L'enfant grandirait, en quelque sorte, grâce aux victoires remportées sur l'adversité. On n'aurait pas le droit de prendre à la légère les difficultés que l'avenir lui réserve.

On rencontre ce point de vue dans de nombreuses «méthodes d'endormissement»: retirer à l'enfant le réconfort que lui apportent ses parents pour qu'il apprenne à se réconforter lui-même. Ce serait bénéfique pour la suite!

Conséquence: des milliers de mères renoncent à laisser leur enfant s'endormir au sein parce qu'elles se sont laissées persuader que cette "mauvaise habitude" aurait des répercussions et viendrait perturber le bon développement de l'enfant.

Nous ne croyons pas que les enfants se préparent aux difficultés et aux exigences de l'avenir en se faisant les dents précocement sur les difficultés et les exigences du présent.

Nous sommes d'un avis différent. Nous ne croyons pas que les enfants se préparent aux difficultés et aux exigences de l'avenir en se faisant les dents précocement sur les difficultés et les exigences du présent.

A vrai dire, nous pensons exactement l'inverse: qu'un «ici et maintenant» réussi et chaleureux rend les enfants plus forts. Ils se construisent en accomplissant ce qui correspond à la phase de développement dans laquelle ils se trouvent. Ils trouvent le courage d'aborder chaque étape à venir en s'attaquant d'abord aux tâches adaptées à leur niveau actuel.

Pourquoi minimiser l'importance du présent? Les parents sont-ils si forts qu'ils puissent se permettre de chercher des solutions avant même qu'il y ait un problème? Oui, c'est vrai, il peut arriver qu'un bébé qui s'endort au sein vous tape un jour sur les nerfs, et que cela devienne, à ce moment-là, un souci.

Mais pourquoi devrait-on qualifier cela de «mauvaise habitude», alors que la maman et le bébé l'apprécient peut-être tous les deux? Pourquoi à tout prix introduire dans notre royaume la dictature du «Pour que, plus tard...»?

Six: quel est donc l'objectif?

Quand il s'agit de les coucher, nous fixons souvent à nos enfants une longue liste d'objectifs à atteindre, comme nous l'évoquions plus haut. Et c'est là que la relation entre eux et nous se détériorent rapidement: aussitôt que la question du sommeil devient une question de pouvoir, nous avons perdu. De cela aussi, nous avons parlé.

C'est pourquoi nous devrions peut-être nous réorienter sur des objectifs minimaux: sortir simplement indemnes de cette période folle, au sens le plus vrai du terme; faire en sorte que ces troubles du sommeil ne deviennent pas des problèmes relationnels; que nous survivions à ces périodes terriblement surchargées sans avoir besoin d'espérer que nos petits, devenus grands, auront oublié cette phase de leur enfance quand ils commenceront à nous chercher un hospice pour vieillards.

Quant à nous, nous ne gardons qu'un souvenir très vague du stress qui a entouré le coucher des enfants, aussi intense soit-il aujourd'hui. On se souviendra plutôt des moments magiques. Efforçons-nous donc d'en saisir le plus possible au vol!

Le cercle vicieux de l'impuissance

Cela commence souvent avec les «il faut que». Il faut que bébé... ou alors: il faut que je m'occupe de ceci ou cela... Et quand on ne réussit pas à faire ce qu'il "faut" (soi-disant), on commence à se dévaloriser, à douter de soi. On va trouver les parents qui "réussissent" pour leur piquer quelques trucs. Et quand ces solutions échouent, beaucoup de parents se persuadent qu'ils ont un enfant qui souffre de troubles du sommeil. Voire qu'ils en sont responsables, du fait de leurs propres lacunes. Là où d'autres semblent y arriver si facilement, eux ont échoué. Ils ne se sentent pas seulement inférieurs aux autres parents, mais aussi impuissants. C'est alors qu'ils se tournent vers les thérapies prodiguées par des spécialistes. Au lieu de suivre leur propre intuition - si visiblement fausse -, ils préfèrent faire confiance à une méthode et des schémas. Pendant un certain temps, de nombreux parents ressentent cette délégation de responsabilités comme un soulagement. Et, dans les cas désespérés, il se peut fort bien que cela soit le chemin à emprunter. Mais pour les autres parents, cela ne fait qu'ajouter un maillon supplémentaire à la chaîne de leur impuissance. D'où la question: pour les parents, au fond, que faut-il faire? Et pour bébé? La seule chose que nous devons faire, c'est nous assurer -du mieux que nous pouvons- que notre enfant mène sa petite vie et qu'il se sente en sécurité, sur le plan physique et affectif, plein de confiance dans le monde qui l'entoure.

Sept: avons-nous vraiment besoin d'autant de choses?

Pour trouver un bon sommeil, on n'a besoin que des éléments suivants: un bébé bien fatigué dont on s'est bien occupé pendant la journée, et des parents présents, qui ne sont eux-mêmes pas trop mal en point. Ça ne signifie pas que tout marchera toujours comme sur des roulettes, mais les conditions essentielles sont réunies.

Au lieu de cela, les parents comptent souvent sur l'équipement: le lit super-confortable, la poussette équipée comme une chambre d'enfant, le lit de voyage pliable... Nous pensons, au contraire, qu'une "vague de simplification" peut être bénéfique à la famille.

Ainsi, pour l'enfant, le plus important dans la pièce où il dort, c'est qu'il puisse s'y détendre et, pour cela, la plupart des petits ont plutôt besoin de la présence de leurs parents.

Ainsi, pour l'enfant, le plus important dans la pièce où il dort, c'est qu'il puisse s'y détendre et, pour cela, la plupart des petits ont plutôt besoin de la présence de leurs parents.

Que le "lit" ne soit qu'un matelas posé à même le sol devant la télévision - pourquoi pas? - ou que l'enfant s'endorme dans un porte-bébé, au rythme d'un concert (avec un casque qui lui protège les oreilles, posé sur son petit crâne déplumé), c'est parfaitement secondaire.

Si les bébés avaient vraiment besoin de l'intégralité de ce qu'on peut trouver dans les catalogues ou sur les sites internet, au nom de "l'équipement de base" indispensable, l'humanité aurait dû s'éteindre depuis longtemps. Si nous évitons les plus grosses erreurs (trop d'alcool, trop de stress...), alors tout ira bien.

Huit: à chacun sa méthode

Peut-être une dernière corde à rajouter à notre arc: le chemin vers le sommeil de l'enfant est déjà assez dur. Nous ne devons pas le parcourir en utilisant les méthodes des autres. Peut-être préférons-nous courir avec des chaussures de sport plutôt que grimper avec des godillots de montagne, ou bien souhaitons-nous faire une pause plutôt que de nous précipiter tout de suite vers le sommet. Est-ce que cela rend pour autant inutiles tous les guides de voyage?

Absolument pas. D'ailleurs, nous en avons nous-mêmes écrit un! Et s'il est tout à fait possible que certaines méthodes, avec leurs cinq étapes vers le succès très clairement définies, procurent parfois plus de calme et de sommeil, il ne faut jamais s'attacher au manuel, au détriment de son propre enfant.

Cet article, publié à l'origine sur le Huffington Post allemand, a été traduit par Uta Becker pour Fast for Word.

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