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Pourquoi un référendum sur un «plan de réforme grec» serait la meilleure façon d'aller de l'avant

L'une des principales interrogations porte sur la manière de gouverner des membres de Syriza. Ces derniers sont issus d'une tradition marxiste-léniniste et répondent souvent d'un dogme profondément autoritaire. Gouverner un État caduc avec encore plus d'autoritarisme (de gauche) mènerait à la catastrophe. Espérons que ce ne sera pas le cas.
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Lors des prochains mois, d'importantes décisions devront être prises pour le futur de la Grèce, dont la prise en charge de la dette ainsi que la poursuite ou non des mesures d'austérité.

À la suite des élections, la situation politique interne est fortement polarisée, avec d'un côté des forces politiques jouant avec les peurs et les insécurités et de l'autre des formations misant sur la colère et le désespoir.

Cela n'a d'autre conséquence que de gonfler les chiffres de l'extrême droite et d'une gauche populiste. On assiste à une abondance de rhétorique irresponsable et opportuniste. Une polarisation qui éloigne la gauche modérée d'une position centriste qui, historiquement, aura joué un rôle fondamental dans la promotion de la démocratie et de la réforme en Grèce.

Face à ces circonstances, je devais prendre une décision politique courageuse. Le PASOK (Mouvement socialiste panhellénique), le parti auquel j'appartiens depuis ma jeunesse et que j'ai dirigé pendant de nombreuses années, avait été assimilé à des pratiques et politiques conservatrices.

Des symptômes évidents montraient en particulier qu'il s'était abaissé à des pratiques clientélistes, plutôt que d'affronter le clientélisme de l'establishment politique et financier, celui-là même qui a gangréné la scène politique grecque pendant des décennies. Ce système défectueux est au coeur de la crise récente.

Son nom est devenu synonyme d'austérité dans les salaires et de coupes dans les retraites, sans parler d'impôts élevés gérés à travers un système d'imposition inefficace, plutôt qu'une bonne gestion, des impôts équitables et des réformes qui auraient allégé le fardeau pesant sur les classes basses et moyennes.

C'est pourquoi la plus grande partie des électeurs s'est éloignée. Les partisans du PASOK, quant à eux, ont pris leurs distances de la politique ou adhéré à d'autres partis.

Nous avons été nombreux à exhorter la direction du parti à revoir sa stratégie, mais aussi augmenter le soutien dont il bénéficie avec un congrès démocratique et ouvert avant l'ouverture des élections. Malheureusement, nous n'avons pas été écoutés.

Alors un désir croissant s'est fait sentir parmi les citoyens progressistes de la gauche jusqu'au centre, celui de mettre en place une alternative sincère, un nouveau mouvement.

Le parti conservateur Nouvelle Démocratie aura besoin de temps pour se remettre de sa défaite électorale tandis que la formation populiste Syriza devra faire ses preuves au gouvernement. L'une des principales interrogations porte sur la manière de gouverner des membres de Syriza. Ces derniers sont issus d'une tradition marxiste-léniniste et autres mouvements d'une gauche discutable et répondent souvent d'un dogme profondément autoritaire. Gouverner un état caduc avec encore plus d'autoritarisme (de gauche) mènerait à la catastrophe. Espérons que ce ne sera pas le cas.

FACE A LA TROIKA

D'un autre côté, ils devront faire face à un dilemme portant sur ce qu'on appelle le programme "Troïka" (Union européenne-FMI-Banque centrale européenne): soit poursuivre une politique basée sur leur rhétorique populiste pré-électorale, qui pourrait rapidement aller à l'encontre des plans de l'Union européenne et faire avorter les progrès accomplis par la Grèce jusqu'à aujourd'hui, soit modifier sa trajectoire en négociant sérieusement en vue d'un plan réaliste pour de profonds changements en Grèce.

Cette seconde option est l'objectif de notre nouveau Mouvement des socialistes démocrates -- KINIMA. Nous tendons vers un changement radical de nos institutions gouvernantes et réclamons par ailleurs une séparation de la politique de l'Union européenne qui s'appuie sur une austérité néfaste.

Notre alternative est claire: nous proposons d'enlever la gestion du plan de réforme des mains de la Troïka pour permettre au peuple grec de sortir lui-même son pays de la crise.

En lieu et place du plan de la Troïka, nous proposons un "Plan grec" pour des réformes fondamentales, qui vont du politique au système d'imposition, de la transparence à la méritocratie en passant par l'e-administration; une démocratie efficace se juxtaposant à un capitalisme d'État clientéliste et défaillant

Nous proposons des réformes suivant les grandes lignes des réformes initiales que nous avons défendues - dont les racines remontent à 2010 - quand j'étais premier ministre.

Nous l'appelons "la révolution de l'évident en soi".

Ce plan nous placera, je crois, dans une position avantageuse lors des négociations sur le problème de la dette, ce qui en retour nous permettrait d'utiliser nos surplus budgétaires pour favoriser la croissance, l'investissement, les services sociaux nécessaires et l'allégement des impôts portant sur les classes moyennes.

Un plus large programme de relance en Europe serait vraiment le bienvenu. Le récent allégement quantitatif de la Banque centrale européenne est une étape importante. Mais un programme de relance portant sur des investissements publics dans les infrastructures et la formation partout en Europe est un passage obligé.

J'ai aussi proposé que soit organisée une conférence mondiale d'experts sur la dette grecque pour à la fois discuter des moyens d'alléger notre dette et faciliter nos négociations avec d'autres partenaires de l'Union européenne et le FMI.

Nous proposons que ce Plan grec, et un accord avec nos partenaires de l'Union européenne sous la forme d'un allégement de la dette, fassent l'objet d'un référendum.

Un référendum national soigneusement planifié, avec pour but d'approuver le Plan grec, serait une manière de garantir à nos partenaires de l'Union européenne que nous nous tiendrons à un carnet de route en vue d'un changement en Grèce. Le référendum lierait tous les partis au sein d'un grand engagement national visant à mettre en place le changement.

" Le référendum lierait tous les partis au sein d'un grand engagement national visant à mettre en place le changement."

Notre agenda porte aussi sur les questions d'une société ouverte - respect des droits de l'Homme, lutte contre le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme et pour la transparence et la responsabilité.

Sur le front économique, nous mettons l'accent sur un système d'imposition et d'investissement stable et juste au sein d'une économie verte. Nous voulons faire face aux problèmes que rencontrent actuellement les investisseurs étrangers et les citoyens grecs.

Notre projet est de mettre à profit les expériences mondiales innovantes pour la création d'un mouvement basé sur la participation de tout un chacun, la délibération, l'autogestion, la production participative, l'éducation continue et la transparence.

Afin de prendre en main notre destin, nous, Grecs, devons revitaliser notre démocratie.

Cet article publié à l'origine sur le Huffington Post américain a été traduit de l'anglais par Matthieu Carlier.

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