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La finance mondiale a t-elle adopté la fraude pour éviter une crise fatale?

L'idée que la finance mondiale est gangrenée par la fraude émerge petit à petit dans la conscience collective. Et si le système financier international tenait grâce à la fraude? La plupart des activités boursières n'ont-elles pas lieu sans petits arrangements, manipulations de comptes, et autres techniques opaques?
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AFP

Le capitalisme mondial a connu une extraordinaire mutation qui s'est caractérisée par l'accélération de la mondialisation. Cette dernière s'est accompagnée d'une incroyable accélération de la vitesse et de la quantité des transactions financières grâce à l'utilisation des moyens de communication électroniques modernes.

La spéculation financière est devenue le moteur de l'économie mondiale. À peine plus de 1% des échanges monétaires réalisés dans le monde correspondent ainsi à des transferts réels de marchandises, de biens immobiliers ou de services.

Parallèlement, les capacités de régulation politique, économique et sociale des gouvernements ont été considérablement amoindries, la finance spéculative se jouant facilement des frontières et des règlements, et les masses de capitaux spéculatifs étant devenues beaucoup plus importantes que les réserves de devises de la plupart des pays.

L'idée que la finance mondiale est gangrenée par la fraude émerge de plus en plus dans la conscience collective. Et si le système financier international tenait grâce à la fraude? Pratiquement toutes les activités boursières n'ont-elles pas lieu sans des petits arrangements, des manipulations de comptes, et autres techniques opaques? Sommes-nous face à des techniques frauduleuses qui ne sont pas toujours délictueuses ?

La fraude est-elle devenue un élément moteur de la finance? Que penserait Adam Smith? La main invisible du marché serait-elle en train de devenir la main de prédation? Cette fraude n'est pas considérée comme immorale par ses acteurs, mais bien comme un élément indispensable pour la survie de la finance. Comprenons bien que c'est une fraude structurelle, bien différente du gangstérisme organisé. Comme elle est structurelle, les financiers perdent toute notion de compas moral. En effet, c'est devenu une pratique courante de donner des informations trompeuses sur la réalité d'une entreprise, avec la complicité des grands cabinets comptables, des agences de notation et d'autres intervenants.

Warren Buffet déplorait que beaucoup de dirigeants d'entreprises considèrent ces manipulations non seulement comme convenables, mais comme un devoir. Personne n'a le sentiment de se comporter de manière franchement criminelle. Puisque tout est toléré. Les gouvernements ne savent même plus ce qui se passe réellement dans la finance mondiale. C'est l'impunité morale et légale. Parce que les États ont précisément abandonné l'idée de réguler ces activités, de leur donner des limites. Évidemment, il faut une volonté politique pour y arriver.

Nicolas Sarkozy voulait réguler l'économie mondiale. François Hollande veut réguler la finance mondiale. Les grands États du G20 sont-ils crédibles lorsqu'ils nous promettent une nouvelle finance mieux régulée ? Comment peuvent-ils l'être s'ils sont incapables de se discipliner eux-mêmes. La convention de Bâle III a fixé des règles qui apparaissent aujourd'hui inefficaces, car elles accroissent le besoin de titrisation des banques amenant à un comportement pro-cyclique (une politique est dite pro-cyclique quand elle a des effets qui vont dans le même sens que la récession). Faut-il encore rappeler que la crise actuelle a commencé à cause de la dégradation du ratio fonds propres / passif en circulation de certaines banques.

Certains pays comme le Canada continuent à appliquer la règle des 10% de fonds propres, mais les banques privées peuvent contourner facilement ce dispositif en camouflant une partie de leurs actifs en dehors du bilan, baissant ainsi artificiellement le ratio demandé par certaines banques centrales. En réalité le rapport est peut être tout au plus de 5%... Voire moins, ce qui explique la dégringolade des banques que les États recapitalisent à l'aide de centaines de milliards de fonds publics, assortis de garanties minimales.

Finalement, c'est le contribuable, dernier maillon du système, qui subit les effets de l'absence de régulation efficace. Et surtout, que ce dernier ne sera pas de tout temps prêt à payer pour des banques privées et des pays surendettés qui prennent des risques.

Je vous invite à regarder les vidéos suivantes sur le sujet. Les auteurs des vidéos sont responsables de leurs contenus. Forgez-vous vos propres opinions.

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