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Bernard Drainville est parti. Et puis?

Précisons que Bernard Drainville est le onzième député à quitter son poste avant la tenue de la prochaine élection. A-t-on soulevé la même indignation au moment du départ de ses prédécesseurs?
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La politique est un métier ingrat et exigeant. Obtenir un poste de député, c'est se voir attribuer la première place par un comité de sélection composé de milliers d'électeurs le jour du vote.

Certains se sont offusqués du départ de Bernard Drainville à la fin de la dernière session parlementaire, mais deux ans avant la fin de son mandat. Pourquoi en faire tout un plat? Est-ce qu'on lui reproche les coûts à encourir pour la tenue d'une élection partielle en vue de son remplacement à l'Assemblée nationale ou bien le fait d'avoir déjà reproché à d'autres députés de quitter la vie politique aux frais des contribuables?

Précisons que Bernard Drainville est le onzième député à quitter son poste avant la tenue de la prochaine élection. A-t-on soulevé la même indignation au moment du départ de ses prédécesseurs? Pourtant, certains d'entre eux ont touché au moment de leur départ une prime de réaffectation même s'ils quittaient la politique de leur propre gré, au moment de leur choix alors qu'un autre poste les attendait. Est-il nécessaire de rappeler le cas du docteur Yves Bolduc qui a accumulé les primes de toutes sortes?

Le député Drainville s'est insurgé contre les indemnités de départ touchées par des députés lors d'un départ volontaire avant la fin de leur mandat. Lui n'en touchera pas. Il a déposé et défendu avec succès le projet de loi mettant fin à ces exagérations. On lui reproche comme il l'avait reproché à d'autres avant lui, de ne pas avoir respecté le contrat moral envers ses électeurs.

Sur le marché du travail en général, les travailleurs qui ne se sentent plus à l'aise dans l'organisation où ils travaillent, partent parfois peu de temps après leur embauche et les gens, en général, ne s'en formalisent pas. On ne veut pas garder dans une organisation une personne qui n'a plus le goût d'être là ni de contribuer à son évolution.

De multiples raisons amènent les gens à quitter leur emploi: ne plus être en accord avec les orientations, ne plus entrevoir d'avenir pour soi-même dans la structure, les valeurs de la personne qui ne correspondent plus aux choix de l'organisation, la concurrence qui rend l'entreprise moins attrayante en la dépassant alors que ses actionnaires ne veulent pas s'ajuster aux nouvelles attentes de la clientèle. Aussi, la santé physique ou la santé mentale de la personne peut justifier un départ hâtif. Le cas récent du départ de PKP a démontré que l'environnement familial de l'individu peut avoir changé et avoir rendu inévitable la décision de laisser la place à un autre.

Les entreprises vivent aussi les contrecoups de tels départs imprévus et parfois hâtifs. Elles doivent enclencher le processus de recrutement d'un successeur tout en assurant le fonctionnement normal malgré l'absence d'une ressource importante. De tels départs engendrent aussi des coûts importants pour les entreprises sur une plus petite échelle que pour le gouvernement, mais avec des impacts similaires. Pourtant, cela est considéré comme normal.

Il n'est pas plus souhaitable pour le gouvernement que pour les entreprises de maintenir en poste des personnes démotivées ou devenues incapables de jouer adéquatement leur rôle. À titre d'exemple, je me souviens de Duff, c'était son prénom, qui en imposait par sa taille et ses grands airs de monseigneur. Il utilisait ses responsabilités en contrôle de qualité pour faire la leçon aux gens. Or, pendant deux ans, il a profité de la compagnie alors qu'il s'exprimait beaucoup plus sur ses projets de retraite que sur des améliorations à apporter au contrôle de qualité.

Lorsque le futur retraité se débranche volontairement et simultanément de l'organisation en devenant improductif, blasé et inutile à l'organisation dès la sélection de la date de son départ, il devrait partir à brève échéance.

Ceci est vrai pour l'entreprise privée autant que pour le gouvernement. Lorsque l'employé n'a plus le goût d'assumer ses responsabilités, il devrait quitter sur le champ ou bien comme l'a fait Bernard Drainville, se trouver un autre emploi plus approprié à ses attentes, et passer à d'autres défis.

Lorsque j'entends parler de cynisme envers les élus, je crois que les électeurs ont plusieurs motifs d'être désillusionnés, mais je crois que le départ d'un député avant la fin de son mandat ne devrait pas être un de ces motifs. Cependant, si la personne concernée voulait un jour revenir en politique, il faudrait lui imposer un examen de conscience avant de la réélire.

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